Le lycée musulman Averroès de Lille voit son avenir menacé par le préfet des Hauts-de-France. Ce dernier entend résilier le contrat d’association liant l'établissement à l’Etat. © DR
Le coup de massue est terrible pour la communauté éducative du lycée Averroès de Lille. La commission consultative de concertation pour l'enseignement privé a voté, lundi 27 novembre, pour la résiliation du contrat d’association liant l'établissement privé musulman à l’Etat, ouvrant la voie au préfet du Nord, Georges-François Leclerc, pour prendre une décision en ce sens. Il avait menacé le lycée en octobre de mettre fin au contrat d'association ; il vient d'obtenir un soutien de poids.
Dans le rapport de saisine de la commission, le préfet y dénonce notamment « des dysfonctionnements administratifs majeurs » et « un système de financement illicite » à travers notamment des prêts concédés au groupe scolaire sans en demander le remboursement. Le volet pédagogique y est aussi critiqué, avec « une mise en cause du contenu comme de la communauté éducative ». Autant d'éléments - et plus - fermement contestés par Averroès, qui a fourni au cours du mois de novembre, à la préfecture, une réponse détaillée, longue de 57 pages, aux accusations. Sans changer la donne au fond, d'autant que la commission était présidée par Georges-François Leclerc en personne.
Sur les 25 membres appelés à donner leur avis, neuf sont désignés par l’Etat, les autres étant principalement des élus locaux, des représentants des services académiques et des représentants de l’enseignement privé. Et le verdict est clair : 16 ont voté pour la résiliation, 9 se sont abstenus. Surtout, aucun membre ne s'est rangé du côté d'Averroès, représenté pendant la réunion par le président de l'association portant l'établissement scolaire, Mohamed Damak, et le chef d'établissement, Éric Dufour. Ces derniers ont beau défendre « le caractère républicain » ou encore « l'excellence pédagogique » du groupe scolaire ; ils n'ont pas su convaincre la commission.
Dans le rapport de saisine de la commission, le préfet y dénonce notamment « des dysfonctionnements administratifs majeurs » et « un système de financement illicite » à travers notamment des prêts concédés au groupe scolaire sans en demander le remboursement. Le volet pédagogique y est aussi critiqué, avec « une mise en cause du contenu comme de la communauté éducative ». Autant d'éléments - et plus - fermement contestés par Averroès, qui a fourni au cours du mois de novembre, à la préfecture, une réponse détaillée, longue de 57 pages, aux accusations. Sans changer la donne au fond, d'autant que la commission était présidée par Georges-François Leclerc en personne.
Sur les 25 membres appelés à donner leur avis, neuf sont désignés par l’Etat, les autres étant principalement des élus locaux, des représentants des services académiques et des représentants de l’enseignement privé. Et le verdict est clair : 16 ont voté pour la résiliation, 9 se sont abstenus. Surtout, aucun membre ne s'est rangé du côté d'Averroès, représenté pendant la réunion par le président de l'association portant l'établissement scolaire, Mohamed Damak, et le chef d'établissement, Éric Dufour. Ces derniers ont beau défendre « le caractère républicain » ou encore « l'excellence pédagogique » du groupe scolaire ; ils n'ont pas su convaincre la commission.
Un rapport du préfet truffé de « mensonges »
Pourtant, des mots de leurs avocats Me Joseph Breham et Paul Jablonski, « nous n'avons jamais vu un tel condensé d'approximations, d'erreurs et de mensonges » dans le rapport de saisine du préfet qui se trouve être « partiel et orienté ».
« Ces mensonges relèvent de qualification pénales graves qui appelleront de notre part des dépôts de plainte », assurent les deux hommes. Alors que nombre d'allégations sont basées « sur de très nombreux éléments jamais communiqués à l'association », ils dénoncent, entre autres, l'absence de mention par le préfet du rapport - très favorable au lycée - dressé par l'Inspection générale de l'Education, du Sport et de la Recherche (IGESR) et daté de juin 2020. Averroès est malheureusement devenu « un bouc-émissaire d'un climat ambiant délétère ».
Ouvert en 2003, le lycée musulman Averroès, régulièrement classé parmi les meilleurs établissements scolaires de la région Hauts-de-France, a été le premier en 2008 à obtenir en France le contrat d'association avec l'Etat. Quinze ans plus tard, et pour son grand malheur, il devrait être aussi le premier à se voir retirer ce précieux contrat, qui ouvre droit à des financements publics après un minimum de cinq années d'exercice dès lors que l'enseignement est dispensé selon les règles et programmes de l'enseignement public.
« Ces mensonges relèvent de qualification pénales graves qui appelleront de notre part des dépôts de plainte », assurent les deux hommes. Alors que nombre d'allégations sont basées « sur de très nombreux éléments jamais communiqués à l'association », ils dénoncent, entre autres, l'absence de mention par le préfet du rapport - très favorable au lycée - dressé par l'Inspection générale de l'Education, du Sport et de la Recherche (IGESR) et daté de juin 2020. Averroès est malheureusement devenu « un bouc-émissaire d'un climat ambiant délétère ».
Ouvert en 2003, le lycée musulman Averroès, régulièrement classé parmi les meilleurs établissements scolaires de la région Hauts-de-France, a été le premier en 2008 à obtenir en France le contrat d'association avec l'Etat. Quinze ans plus tard, et pour son grand malheur, il devrait être aussi le premier à se voir retirer ce précieux contrat, qui ouvre droit à des financements publics après un minimum de cinq années d'exercice dès lors que l'enseignement est dispensé selon les règles et programmes de l'enseignement public.
Un sombre avenir qui se dessine
La situation est d'ores et déjà vécue comme « une profonde injustice » pour Averroès. Historiquement liée au groupe scolaire, la fédération Musulmans de France (MF) a réagi dans la soirée du lundi 27 novembre pour exprimer « son soutien indéfectible et sa solidarité » à Averroès. Le lycée est décrit dans un communiqué comme « une institution qui incarne la réussite et la fierté de la communauté musulmane, ayant démontré à maintes reprises son engagement envers l'excellence éducative, le respect des valeurs républicaines et la promotion d'une citoyenneté active et responsable ».
La probable rupture du contrat d’association, qui réjouit le président du conseil régional des Hauts-de-France Xavier Bertrand, « remet en question non seulement l'avenir d'un établissement emblématique de l’enseignement privé musulman en France, mais envoie également un message préoccupant à l'ensemble des acteurs de l’enseignement privé en France », fait savoir l'organisation, qui assure être aux côtés des membres du groupe scolaire « pour défendre leur droit à une éducation de qualité et pour préserver ce modèle d’intégration et d’excellence ».
Pour Mohamed Damak qui demande à rencontrer le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, et le ministre de l'Education nationale, Gabriel Attal, « à l'opposé de toute radicalisation, de tout séparatisme et de toute lecture fanatique ou extrémiste que pourrait insinuer le rapport de saisine, notre lycée promeut un islam contextualisé, tolérant et du juste milieu respectueux des lois de la République ».
L'avenir du lycée, des professeurs, des élèves et de leurs familles s'est soudainement assombri. Près d'une centaine d'emplois sont menacés et « tout un bassin de vie » sera affecté par la décision que souhaite prendre le préfet. La direction du lycée ne se laissera pas faire pour autant. Ses avocats ont prévenu : si le contrat d'association est résilié, ils saisiront la justice administrative pour contester la décision.
Lire aussi :
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Loin des fantasmes, la réalité de l'établissement musulman Averroès racontée par un professeur
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Pour Mohamed Damak qui demande à rencontrer le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, et le ministre de l'Education nationale, Gabriel Attal, « à l'opposé de toute radicalisation, de tout séparatisme et de toute lecture fanatique ou extrémiste que pourrait insinuer le rapport de saisine, notre lycée promeut un islam contextualisé, tolérant et du juste milieu respectueux des lois de la République ».
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