Le centre historique de Shakhrisyabz (Ouzbékistan) a été inscrit en 2016 sur la liste du patrimoine mondial en péril. Il compte plusieurs édifices monumentaux exceptionnels et des quartiers anciens témoignant du développement séculaire de la ville, et tout particulièrement de son apogée, sous le règne d’Amir Timour (Tamerlan), fondateur de la dynastie des Timourides, du XVe au XVIe siècle. (photo : © Ainura Tentieva / UNESCO)
Vingt-et-un nouveaux sites ont été inscrits sur la liste du patrimoine mondial, lors de la 40e session du Comité du patrimoine mondial qui a eu lieu à Istanbul (Turquie), en juillet dernier. Parmi eux, on compte le qanat perse (Iran), un système d’irrigation et de réservoir d’eau, qui permet encore de nos jours une gestion et une distribution équitable et durable de cette denrée rare. Ou bien encore le site archéologique d’Ani (Turquie), une cité médiévale qui fut un carrefour important pour les caravanes marchandes sur la Route de la soie.
On compte désormais 1 052 biens inscrits sur la Liste du patrimoine mondial, répartis dans 165 pays, dont 814 sont culturels, 203 naturels et 35 mixtes, tels les Ashwar du sud de l’Irak, constitués de trois sites archéologiques et de quatre zones marécageuses qui forment l’un des plus grands deltas intérieurs du monde.
On compte désormais 1 052 biens inscrits sur la Liste du patrimoine mondial, répartis dans 165 pays, dont 814 sont culturels, 203 naturels et 35 mixtes, tels les Ashwar du sud de l’Irak, constitués de trois sites archéologiques et de quatre zones marécageuses qui forment l’un des plus grands deltas intérieurs du monde.
Destruction massive, pillage, trafic illégal des œuvres
Mais la pénurie de moyens ou le changement climatique ne sont pas les seuls défis auxquels les sites du patrimoine mondial sont confrontés. Dans le contexte géopolitique actuel, les sites du Moyen-Orient, notamment, font face à des menaces supplémentaires : destruction massive, pillage, trafic illégal des œuvres.
Aux XVe et XVIe siècles, la cité de Djenné (Mali) a été un foyer de diffusion de l’islam. Elle a été classée, en 2016, sur la liste du patrimoine mondial en péril. (photo : © Unesco)
Selon l’ONU, pour la seule Syrie, 24 sites historiques ont été entièrement rasés, 300 autres ont été endommagés ou pillés. Le bilan est lourd : 55 sites font maintenant partie de la liste du patrimoine en péril établie par l’Unesco.
Parmi les nouveaux inscrits en 2016 : la Lybie, avec ses nombreux sites archéologiques (Cyrène, Leptis Magna, Sabratha, Tardart Acacus) et son ancienne ville de Ghadamès, surnommée « la perle du désert ». Le Mali, également, voit inscrite la ville de Djenné, qui fut au XVe et au XVIe siècle un foyer de diffusion de l’islam.
En 2012, c’étaient la ville de Tombouctou et le tombeau des Askia qui avaient été, eux aussi, inscrits sur la liste du patrimoine en péril. Le tombeau des Askia désigne une tombe pyramidale, deux mosquées à toit plat, le cimetière de la mosquée et l’espace des assemblées en plein air. Cet ensemble fut édifié par Askia Mohamed, empereur du Songhaï, en 1495, lorsqu’il fit de Gao sa capitale et qu’il eut décidé, à son retour de La Mecque, de faire de l’islam la religion officielle de son empire.
Parmi les nouveaux inscrits en 2016 : la Lybie, avec ses nombreux sites archéologiques (Cyrène, Leptis Magna, Sabratha, Tardart Acacus) et son ancienne ville de Ghadamès, surnommée « la perle du désert ». Le Mali, également, voit inscrite la ville de Djenné, qui fut au XVe et au XVIe siècle un foyer de diffusion de l’islam.
En 2012, c’étaient la ville de Tombouctou et le tombeau des Askia qui avaient été, eux aussi, inscrits sur la liste du patrimoine en péril. Le tombeau des Askia désigne une tombe pyramidale, deux mosquées à toit plat, le cimetière de la mosquée et l’espace des assemblées en plein air. Cet ensemble fut édifié par Askia Mohamed, empereur du Songhaï, en 1495, lorsqu’il fit de Gao sa capitale et qu’il eut décidé, à son retour de La Mecque, de faire de l’islam la religion officielle de son empire.
Faire alliance pour protéger les biens de l’humanité
En septembre dernier, en marge de la 71e assemblée générale des Nations unies, le président François Hollande, appelant à « participer à la lutte contre le terrorisme, en faisant en sorte d’affirmer des choix de civilisation face à la haine et à la destruction », a annoncé l’organisation, à l’initiative de la France et des Émirats arabes unis, d’une conférence internationale sur le patrimoine en danger. « Nous allons constituer une coalition mondiale, de bonne volonté. Nous allons fédérer les États, des institutions publiques, des partenaires privés, des scientifiques et de grandes organisations non gouvernementales qui travaillent pour la culture ; nous allons donc faire cette alliance pour protéger les biens de l’humanité », a-t-il déclaré.
Cette conférence, qui aura lieu les 2 et 3 décembre et réunira une quarantaine d’États, « se situe dans la continuité du rapport qu’a remis Jean-Luc Martinez, président-directeur du musée du Louvre au président de la République, l’année dernière, présentant 50 propositions sur la protection du patrimoine en situation de conflit armé », explique Yannick Lintz, directrice du département des Arts de l’islam au Louvre. Elle se tiendra dans « un lieu symbolique qui est le lieu de l’ouverture future du Louvre Abu-Dhabi, marqué par ce sceau de l’universalisme », souligne-t-elle.
Cette conférence, qui aura lieu les 2 et 3 décembre et réunira une quarantaine d’États, « se situe dans la continuité du rapport qu’a remis Jean-Luc Martinez, président-directeur du musée du Louvre au président de la République, l’année dernière, présentant 50 propositions sur la protection du patrimoine en situation de conflit armé », explique Yannick Lintz, directrice du département des Arts de l’islam au Louvre. Elle se tiendra dans « un lieu symbolique qui est le lieu de l’ouverture future du Louvre Abu-Dhabi, marqué par ce sceau de l’universalisme », souligne-t-elle.
Financer le sauvetage des œuvres et des monuments
À cette occasion sera officialisée la création d’« un fonds mondial de soutien à la sauvegarde du patrimoine culturel, avec l’ambition de recueillir 100 millions de dollars », avait également annoncé François Hollande. « Ce fonds, de statut privé, financera le sauvetage des œuvres et des monuments, assurera la restauration et la reconstruction des lieux de mémoire et formera des spécialistes, des archéologues, des conservateurs, des historiens pour que nous puissions toujours garder une trace du patrimoine », avait-il avancé.
« Nous attendons tous, en tant que professionnels de la connaissance et de l’étude de ce patrimoine, à ce qu’il y ait une vraie coordination des actions, car, jusqu’à présent, on assiste plutôt à une juxtaposition des actions nationales », mentionne Yannick Lintz. « Il ne faudrait pas que le fonds devienne une espèce de fontaine à laquelle tous les pays ou les associations aient envie de puiser, que cela soit une banque ! Ce fonds doit être doté d’un comité scientifique, qui ait une vraie stratégie », prévient-elle.
Nada Al-Hassan, chef de l’Unité des États arabes, au Comité du patrimoine mondial, abonde en ce sens : « On espère vraiment que ce fonds soit un outil de financement international. On ne sait pas encore combien ce fonds pourra récolter, on espère qu’il aura tout le succès que ses initiateurs ont en tête. Voyons d’abord combien il va récolter. » L’optimisme prévaut cependant : « C’est clair que s’il y a un fonds international auquel participent tous les pays du monde et le secteur privé, nous sommes dans une dynamique positive pour faire face aux destructions et aux dommages majeurs qu’on a vus ces dernières années au Moyen-Orient et ailleurs comme au Mali », affirme-t-elle.
Nada Al-Hassan, chef de l’Unité des États arabes, au Comité du patrimoine mondial, abonde en ce sens : « On espère vraiment que ce fonds soit un outil de financement international. On ne sait pas encore combien ce fonds pourra récolter, on espère qu’il aura tout le succès que ses initiateurs ont en tête. Voyons d’abord combien il va récolter. » L’optimisme prévaut cependant : « C’est clair que s’il y a un fonds international auquel participent tous les pays du monde et le secteur privé, nous sommes dans une dynamique positive pour faire face aux destructions et aux dommages majeurs qu’on a vus ces dernières années au Moyen-Orient et ailleurs comme au Mali », affirme-t-elle.
Nada Al-Hassan, chef de l’Unité des États arabes, au Comité du patrimoine mondial.
« Dans le cadre d’une bonne entente internationale, il faut un équilibre des investissements selon les pays, selon une logique géographique. Selon les zones considérées, c’est vrai que les périls sont plus conséquents dans le Proche-Orient qu’ils peuvent l’être en Iran, dans le golfe Arabo-Persique, par exemple », complète Yannick Lintz. « Une fois qu’on dégage ces priorités, c’est le comité scientifique, en fonction de la qualité du dossier qui serait présenté par le pays souverain en possession de ce patrimoine, qui ferait le choix du financement, comme le font l’Unesco pour le classement du patrimoine mondial ou d’autres organismes », estime la directrice du département des Arts de l’islam au Louvre.
De cette conférence « on peut en attendre une mobilisation majeure de la communauté internationale pour la conservation et la protection du patrimoine en conflit et des actions concertées concrètes qui peuvent changer la réalité sur le terrain », espère Nada Al-Hassan.
S’agissant du pilotage de la conférence internationale, ce sont Jack Lang, président de l’Institut du monde arabe, côté français, et Mohamed Khalifa al Boubarak, président de l’Autorité du tourisme et de la culture d’Abu Dhabi, côté émirati, qui ont été désignés pour prêcher la bonne parole auprès des États, des institutions publiques et des potentiels partenaires privés pour que ces derniers mettent la main à la poche au fonds de sauvetage des œuvres et des monuments en péril.
Première parution de cet article dans Salamnews, n° 60, novembre-décembre 2016.
De cette conférence « on peut en attendre une mobilisation majeure de la communauté internationale pour la conservation et la protection du patrimoine en conflit et des actions concertées concrètes qui peuvent changer la réalité sur le terrain », espère Nada Al-Hassan.
S’agissant du pilotage de la conférence internationale, ce sont Jack Lang, président de l’Institut du monde arabe, côté français, et Mohamed Khalifa al Boubarak, président de l’Autorité du tourisme et de la culture d’Abu Dhabi, côté émirati, qui ont été désignés pour prêcher la bonne parole auprès des États, des institutions publiques et des potentiels partenaires privés pour que ces derniers mettent la main à la poche au fonds de sauvetage des œuvres et des monuments en péril.
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