L’arrestation, en octobre dernier, d’une cellule présumée de terroristes se revendiquant de l’islam et plus récemment les débordements de membres de l’institut Civitas, un mouvement catholique intégriste, lors d’une manifestation anti-mariage gay ont remis sur le devant de la scène l’extrémisme religieux. Mais la religion, ce n’est pas cela. Responsables chrétiens comme responsables musulmans veulent le faire savoir.
Ils ont décidé de traiter des tentations extrémistes lors du 2e forum islamo-chrétien organisé par le recteur de la mosquée de Villeurbanne, Azzedine Gaci, et le délégué épiscopal pour les relations avec les musulmans dans le diocèse de Lyon, Vincent Feroldi.
Abdelhak Eddouk, aumônier à la prison de Fleury-Mérogis en Ile-de-France, Kamel Kabtane, le recteur de la grande mosquée de Lyon ou encore Ahmed Jaballah,, doyen de l’Institut européen des sciences humaines (IESH) de Paris et président de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF) ont fait le déplacement pour participer à ce forum qui se tient à Lyon.
Côté personnalités chrétiennes, notons la présence de Christophe Roucou, le directeur du Service national pour les relations musulmanes (SRI) et de Michel Dubost, évêque d’Evry, président du Conseil pour les relations interreligieuses de la Conférence des évêques de France et membre du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux.
En tout, ce sera une cinquantaine de leaders religieux (recteurs de mosquées, directeurs d'instituts de formation, présidents d'associations interreligieuses, délégués diocésains aux relations avec l'islam, aumôniers et enseignants) qui se réunissent ce week-end du 1er et 2 décembre pour débattre et prévenir les extrémismes.
Ils ont décidé de traiter des tentations extrémistes lors du 2e forum islamo-chrétien organisé par le recteur de la mosquée de Villeurbanne, Azzedine Gaci, et le délégué épiscopal pour les relations avec les musulmans dans le diocèse de Lyon, Vincent Feroldi.
Abdelhak Eddouk, aumônier à la prison de Fleury-Mérogis en Ile-de-France, Kamel Kabtane, le recteur de la grande mosquée de Lyon ou encore Ahmed Jaballah,, doyen de l’Institut européen des sciences humaines (IESH) de Paris et président de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF) ont fait le déplacement pour participer à ce forum qui se tient à Lyon.
Côté personnalités chrétiennes, notons la présence de Christophe Roucou, le directeur du Service national pour les relations musulmanes (SRI) et de Michel Dubost, évêque d’Evry, président du Conseil pour les relations interreligieuses de la Conférence des évêques de France et membre du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux.
En tout, ce sera une cinquantaine de leaders religieux (recteurs de mosquées, directeurs d'instituts de formation, présidents d'associations interreligieuses, délégués diocésains aux relations avec l'islam, aumôniers et enseignants) qui se réunissent ce week-end du 1er et 2 décembre pour débattre et prévenir les extrémismes.
Un forum pour « nourrir notre réflexion »
Alors que le dialogue islamo-chrétien existe depuis longtemps dans toute la France, notamment à l'occasion de la Semaine de rencontres islamo-chrétiennes (SERIC) qui en est à sa 12e édition, ce n’est que l’an dernier que fut organisé pour la première fois un forum islamo-chrétien à Lyon réunissant, cette fois-ci, des responsables des deux religions.
« Dans une société de plus en plus complexe et une France confrontée au multiculturel et au pluralisme religieux, il nous avait semblé important avec Azzedine Gaci de réunir hommes et femmes en responsabilité dans nos deux communautés respectives et ouverts au dialogue pour échanger sur des questions vives d’actualité comme les mariages mixtes, la laïcité ou les aumôneries de prison et d’hôpitaux », explique Vincent Feroldi, délégué épiscopal aux relations avec les musulmans à Lyon et co-organisateur du forum islamo-chrétien.
Cette première rencontre avait été un vif succès. « Il a fait grandir entre tous les participants une confiance forte et porteuse d’avenir. Ce n’est pas pour rien que la plupart des participants ont voulu revenir cette année et ont demandé à élargir le cercle des invités », fait insi savoir M. Feroldi, qui s’est senti « enrichi » à l'issue du 1er forum.
« Ces forums ont finalement pour axes privilégiés de nourrir notre réflexion, d’éclairer nos consciences et de faire grandir notre foi, afin d’être fidèles à la mission que nous a confiée le Dieu de Toute Miséricorde », ajoute-t-il.
« Dans une société de plus en plus complexe et une France confrontée au multiculturel et au pluralisme religieux, il nous avait semblé important avec Azzedine Gaci de réunir hommes et femmes en responsabilité dans nos deux communautés respectives et ouverts au dialogue pour échanger sur des questions vives d’actualité comme les mariages mixtes, la laïcité ou les aumôneries de prison et d’hôpitaux », explique Vincent Feroldi, délégué épiscopal aux relations avec les musulmans à Lyon et co-organisateur du forum islamo-chrétien.
Cette première rencontre avait été un vif succès. « Il a fait grandir entre tous les participants une confiance forte et porteuse d’avenir. Ce n’est pas pour rien que la plupart des participants ont voulu revenir cette année et ont demandé à élargir le cercle des invités », fait insi savoir M. Feroldi, qui s’est senti « enrichi » à l'issue du 1er forum.
« Ces forums ont finalement pour axes privilégiés de nourrir notre réflexion, d’éclairer nos consciences et de faire grandir notre foi, afin d’être fidèles à la mission que nous a confiée le Dieu de Toute Miséricorde », ajoute-t-il.
Instrumentalisation des religions
Cette année, après des thématiques qui avaient été plus larges l’an dernier, le 2e forum se concentre sur les extrémismes. Pour Vincent Feroldi, en parler est une évidence.
« Dans un contexte de médiatisation à outrance et, parfois, d’instrumentalisation des religions, la vie de tous s’est complexifiée avec une crise économique majeure, une remise en cause de valeurs et de réalités comme la civilité et le mariage, et une montée des identités et des communautarismes. Qui plus est ! 2012 a été marquée par de dramatiques événements comme, en mars, les tueries de Montauban et de Toulouse, en juillet, la destruction de mausolées à Tombouctou et, au long des mois, les violences meurtrières perpétrées par la secte islamiste Boko Haram au Nigéria, à l'encontre du gouvernement, des chrétiens et des musulmans. Dans un tel environnement, il y avait donc urgence à se confronter aux "tentations extrémistes" dont nous sommes témoins », note-t-il.
« En effet, quand les hommes politiques perdent toute crédibilité par suite de l’écart entre leurs discours et leurs actes, quand, au sortir de l’école, les jeunes ne trouvent ni emploi ni raison de vivre, quand les institutions religieuses sont elles-mêmes mise en cause par leurs propres membres en raison de scandales ou de luttes de pouvoir, quand antisémitisme, christianophobie et islamophobie croissent, la tentation est trop grande pour un bon nombre d’hommes et de femmes de donner raison à la loi du plus fort ou de sombrer dans une idéologie simpliste et manichéenne », analyse M. Feroldi.
« Dans un contexte de médiatisation à outrance et, parfois, d’instrumentalisation des religions, la vie de tous s’est complexifiée avec une crise économique majeure, une remise en cause de valeurs et de réalités comme la civilité et le mariage, et une montée des identités et des communautarismes. Qui plus est ! 2012 a été marquée par de dramatiques événements comme, en mars, les tueries de Montauban et de Toulouse, en juillet, la destruction de mausolées à Tombouctou et, au long des mois, les violences meurtrières perpétrées par la secte islamiste Boko Haram au Nigéria, à l'encontre du gouvernement, des chrétiens et des musulmans. Dans un tel environnement, il y avait donc urgence à se confronter aux "tentations extrémistes" dont nous sommes témoins », note-t-il.
« En effet, quand les hommes politiques perdent toute crédibilité par suite de l’écart entre leurs discours et leurs actes, quand, au sortir de l’école, les jeunes ne trouvent ni emploi ni raison de vivre, quand les institutions religieuses sont elles-mêmes mise en cause par leurs propres membres en raison de scandales ou de luttes de pouvoir, quand antisémitisme, christianophobie et islamophobie croissent, la tentation est trop grande pour un bon nombre d’hommes et de femmes de donner raison à la loi du plus fort ou de sombrer dans une idéologie simpliste et manichéenne », analyse M. Feroldi.
Les responsables religieux à l’épreuve des tentations extrémistes
Face aux dérives de certains croyants, les responsables religieux ont leur rôle à jouer. « Par l’analyse, l’enseignement et l’éducation, nous avons à éclairer les consciences, responsabiliser les croyants et surtout à dénoncer sans relâche toute atteinte aux valeurs fondamentales de notre société et de nos fois respectives comme le respect de l’autre, la liberté de conscience, l’égalité, la fraternité », estime le délégué épiscopal pour les relations avec les musulmans.
Pour comprendre l’enjeu, l’analyse est au rendez-vous au 2e forum islamo-chrétien avec la présence du sociologue spécialiste de l’islam contemporain, Samir Amghar, et du professeur en histoire contemporaine de l’Université du Maine, Dominique Avon, invités à dresser le portrait des intégristes musulmans et chrétiens.
Il est « important de regarder en face la réalité de la vie de nos contemporains, de discerner leurs attentes ou leurs désespoirs, d’analyser les forces sociales en présence, de repérer les discours idéologiques et fondamentalismes et de relire nos Textes sacrés, sans a priori », estime par ailleurs Vincent Feroldi.
A la veille du forum, l’homme espère ainsi arriver à « des convictions communes et, pourquoi pas, à quelques initiatives novatrices » avec ses homologues musulmans. Cela est très probable, comme ce fut le cas lors du premier forum, tant les deux religions se rejoignent sur de nombreux points.
Pour comprendre l’enjeu, l’analyse est au rendez-vous au 2e forum islamo-chrétien avec la présence du sociologue spécialiste de l’islam contemporain, Samir Amghar, et du professeur en histoire contemporaine de l’Université du Maine, Dominique Avon, invités à dresser le portrait des intégristes musulmans et chrétiens.
Il est « important de regarder en face la réalité de la vie de nos contemporains, de discerner leurs attentes ou leurs désespoirs, d’analyser les forces sociales en présence, de repérer les discours idéologiques et fondamentalismes et de relire nos Textes sacrés, sans a priori », estime par ailleurs Vincent Feroldi.
A la veille du forum, l’homme espère ainsi arriver à « des convictions communes et, pourquoi pas, à quelques initiatives novatrices » avec ses homologues musulmans. Cela est très probable, comme ce fut le cas lors du premier forum, tant les deux religions se rejoignent sur de nombreux points.
Le dialogue interreligieux pas assez développé ?
Mais le dialogue entre responsables chrétiens et responsables musulmans est-il assez développé, à l’heure actuelle ? « Non », juge Vincent Feroldi. « Nous n’en ferons jamais assez ! Il faut se rencontrer plus souvent et oser travailler ensemble sur les dossiers qui interrogent toute la société française : le mariage, le communautarisme, la discrimination », ajoute-t-il, tout en rappelant tout de même l’engagement important dans le dialogue interreligieux de personnalités lyonnaises comme Christian Delorme, prêtre du Prado.
Aujourd’hui, dans cette région, « des groupes islamo-chrétiens comme Les Fils d’Abraham à Caluire, Salam-Paix-Shalom à Rillieux, le groupe Abraham à La Duchère (Lyon, 8e). Sans oublier les rencontres régionales entre prêtres, imams et responsables associatifs » et même les « rencontres toutes simples que nous réserve la vie, dans le cadre du voisinage ou du travail » nourrissent les relations entre chrétiens et musulmans. Dans la même optique, les mosquées sont de plus en plus nombreuses à proposer des journées portes ouvertes à un public venu d’horizons différents.
Partager, se rencontrer, se découvrir : la clé sûrement pour la construction d’une société plus tolérante capable de chasser les tentations extrémistes.
Aujourd’hui, dans cette région, « des groupes islamo-chrétiens comme Les Fils d’Abraham à Caluire, Salam-Paix-Shalom à Rillieux, le groupe Abraham à La Duchère (Lyon, 8e). Sans oublier les rencontres régionales entre prêtres, imams et responsables associatifs » et même les « rencontres toutes simples que nous réserve la vie, dans le cadre du voisinage ou du travail » nourrissent les relations entre chrétiens et musulmans. Dans la même optique, les mosquées sont de plus en plus nombreuses à proposer des journées portes ouvertes à un public venu d’horizons différents.
Partager, se rencontrer, se découvrir : la clé sûrement pour la construction d’une société plus tolérante capable de chasser les tentations extrémistes.
Le programme du 2e Forum islamo-chrétien
Une première journée avec des experts ; une deuxième journée entre responsables religieux.
Avec l'intervention, notamment, de :
• Dominique Avon, professeur d'histoire contemporaine : « Intégristes catholiques et fondamentalistes protestants au XXIe siècle »
• Samir Amghar, sociologue spécialiste de l'islam contemporain : « Islamismes et salafismes au XXIe siècle »
• Vincent Feroldi, historien : « Comportements identitaires, respect de l’autre et violence au cœur des relations sociales »
• Abd al-Wadoud Gouraud, de l’Institut des Hautes études islamiques, et Nicole Fabre, exégète protestante : « Les textes fondateurs et les lectures extrémistes. Questions exégétiques, théologiques et philosophiques»
• Ahmed Jaballah, doyen de l'IESH de Paris et président de l’UOIF, et Christophe Roucou, directeur du SRI : « Remparts et réponses aux tentations extrémistes »
Une première journée avec des experts ; une deuxième journée entre responsables religieux.
Avec l'intervention, notamment, de :
• Dominique Avon, professeur d'histoire contemporaine : « Intégristes catholiques et fondamentalistes protestants au XXIe siècle »
• Samir Amghar, sociologue spécialiste de l'islam contemporain : « Islamismes et salafismes au XXIe siècle »
• Vincent Feroldi, historien : « Comportements identitaires, respect de l’autre et violence au cœur des relations sociales »
• Abd al-Wadoud Gouraud, de l’Institut des Hautes études islamiques, et Nicole Fabre, exégète protestante : « Les textes fondateurs et les lectures extrémistes. Questions exégétiques, théologiques et philosophiques»
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