L’aspect de la viande vous laisse sceptique ? Son odeur vous repousse ? Pour dissimuler les « défauts », un peu d’eau de javel ou d’acide fait l’affaire. C’est sans tenir compte de la santé publique qu’un Marseillais sans activité, a bâti un négoce juteux bien dangereux. Celui-ci commercialisait, depuis des années, auprès de boucheries musulmanes du département, des produits chimiques nocifs, dont l’acide sulfurique, servant à « nettoyer » et « régénérer » la viande, parfois avariée. Leurs activités ont pris fin mercredi matin suite aux perquisitions menées par les autorités.
L’affaire a démarré en mai 2006 suite à la dénonciation de l’épouse du fournisseur « chimiste » qui est en instance de divorce. Son témoignage a conduit la gendarmerie nationale et le pôle de santé publique du tribunal de grande instance de Marseille à ouvrir une information judiciaire contre X en décembre 2007, aboutissant à l’interpellation du fournisseur et de neuf bouchers à Marseille, Martigues et Port de Bouc.
A ce jour, le principal suspect, mis en examen mercredi, est poursuivi pour « falsification et vente de marchandises nuisibles à la santé, tromperie sur une marchandise entraînant un danger pour la santé, exécution d'une activité dissimulée et fraude aux prestations sociales », a déclaré vendredi le procureur de la République de Marseille Jacques Delleste. Il risque une peine de quatre ans de prison et 75 000 euros d’amende. Le parquet a d’ores et déjà requis mandat de dépôt.
L’affaire a démarré en mai 2006 suite à la dénonciation de l’épouse du fournisseur « chimiste » qui est en instance de divorce. Son témoignage a conduit la gendarmerie nationale et le pôle de santé publique du tribunal de grande instance de Marseille à ouvrir une information judiciaire contre X en décembre 2007, aboutissant à l’interpellation du fournisseur et de neuf bouchers à Marseille, Martigues et Port de Bouc.
A ce jour, le principal suspect, mis en examen mercredi, est poursuivi pour « falsification et vente de marchandises nuisibles à la santé, tromperie sur une marchandise entraînant un danger pour la santé, exécution d'une activité dissimulée et fraude aux prestations sociales », a déclaré vendredi le procureur de la République de Marseille Jacques Delleste. Il risque une peine de quatre ans de prison et 75 000 euros d’amende. Le parquet a d’ores et déjà requis mandat de dépôt.
Un trafic de longue date
L’homme, de 57 ans d’origine libanaise, a aussitôt reconnu les faits. Il a avoué aux enquêteurs se livrer à la vente, depuis plusieurs années, de produits chimiques qui vont de l’eau de javel à l’acide sulfurique, obtenue grâce à la dilution de bisulfite de soude. Cet « additif alimentaire », que l’on retrouve dans les jus de fruits ou les flocons de pommes de terre, sont des conservateurs réglementés mais « qui ne peuvent en aucune façon être utilisés dans des denrées alimentaires non transformées comme la viande », a indiqué Joëlle Feliot, directrice départementale des services vétérinaires.
Le « chimiste » ne s’arrêtait pas là. Pour rallonger les doses et faire un maximum de bénéfices, il n'hésitait pas à couper fortement le bisulfite de soude avec de l'eau, rendant l'acide plus dangereux. Selon une étude menée par le pôle de santé publique, son « ingestion peut être à l’origine de troubles de l’appareil digestif » mais aussi d’éventuels maux de tête, allergies et autres effets néfastes « d’autant plus que la quantité d’acide est importante » et « la cuisson n'attenue en rien les effets nocifs » sur l'organisme. D’importantes quantités des produits concernées ont d’ailleurs été retrouvées au domicile du fournisseur.
Le « chimiste » ne s’arrêtait pas là. Pour rallonger les doses et faire un maximum de bénéfices, il n'hésitait pas à couper fortement le bisulfite de soude avec de l'eau, rendant l'acide plus dangereux. Selon une étude menée par le pôle de santé publique, son « ingestion peut être à l’origine de troubles de l’appareil digestif » mais aussi d’éventuels maux de tête, allergies et autres effets néfastes « d’autant plus que la quantité d’acide est importante » et « la cuisson n'attenue en rien les effets nocifs » sur l'organisme. D’importantes quantités des produits concernées ont d’ailleurs été retrouvées au domicile du fournisseur.
Des bouchers complices
Selon les déclarations de ce dernier, les bouchers ne seraient pas au courant du contenu exact des bidons qu’ils revendaient parfois jusqu’à 30 euros. Mais les opérations de « nettoyage », pratiquées essentiellement sur les merguez et la viande hachée, étaient faites par les bouchers eux-mêmes. Bien que remis en liberté, ils risquent quatre ans fermes. Une boucherie, qui possédait des stocks de viande avariée, est aujourd’hui fermée en raison de « conditions sanitaires déplorables ». Quant aux autres, ils ont l'obligation de retirer les marchandises falsifiées.
Pour Mme Feliot, il reste encore difficile de détecter une telle fraude lors d’un simple contrôle car les produits incriminés sont assimilées à des produits de nettoyage et que la viande traitée ne se remarque pas à l’œil nu. Les boucheries en question étaient généralement bien tenues.
Pour Mme Feliot, il reste encore difficile de détecter une telle fraude lors d’un simple contrôle car les produits incriminés sont assimilées à des produits de nettoyage et que la viande traitée ne se remarque pas à l’œil nu. Les boucheries en question étaient généralement bien tenues.
Des clients peu regardants
« Sans jeter l’opprobre sur la profession », ces pratiques ne sont pas « rares » et seraient « connus dans la profession », a fait savoir le procureur. « C’est monnaie courante de voir de la viande nettoyée et retravaillée » dans les boucheries traditionnelles, confirme pour Saphirnews Ben Omar Taif, ex-président de la commission du halal du Conseil français du Culte musulman.
Aucune intoxication alimentaire n'a pu être reliée à cette affaire et les recherches se poursuivent. Cependant, le grand perdant dans cette affaire reste le consommateur. De plus en plus d’entre eux, notamment les jeunes générations, commencent à faire attention à ce qu’ils achètent. Comme Charif ou Youssef, interrogés par Saphirnews peu avant la prière du vendredi, « le bouche à oreille » et « le degré de conscience religieuse du boucher » font qu’ils seront clients ou pas chez lui.
Mais la plupart des acheteurs font confiance à leurs bouchers les yeux fermés malgré les « histoires qui se racontent », déclare une anonyme à notre quotidien. « On n’a pas trop le choix de toute façon », dit-elle. La seule présence du qualificatif halal sur la vitrine ou encore du certificat rassure, à l’instar de Yasmina et Hanen, deux étudiantes de 23 et 24 ans. « On ne fait pas encore assez confiance aux supermarchés pour acheter du halal chez eux ». Pour une autre, « la présence d’un boucher devant soi » serait une garantie sachant que s'il ment, c'est lui qui est tenu pour « seul responsable devant Dieu ».
Est-ce pour autant que l'on doit baisser la garde ? « C’est une complicité, voire une complaisance. Dire que l’on fait confiance à tout le monde, c’est une façon de ne pas vouloir se responsabiliser », s’indigne M. Taif qui appelle les musulmans à plus de vigilance et à se constituer dans des associations de défense de consommateurs telle qu’ASIDCOM (Association de Sensibilisation, d'Information et Défense de Consommateurs Musulmans) crée voici trois ans. « Bien que le boucher se réclame d’une foi qui lui impose le minimum en termes de pureté et de propreté, la plupart d’entre eux ne sont pas dans des conditions acceptables », ajoute t-il.
Le débat est loin d’être clos. A Marseille, l’enquête se poursuit pour déterminer si d’autres boucheries, halal ou non, et d’autres vendeurs de produits chimiques seraient impliqués dans ce trafic.
Aucune intoxication alimentaire n'a pu être reliée à cette affaire et les recherches se poursuivent. Cependant, le grand perdant dans cette affaire reste le consommateur. De plus en plus d’entre eux, notamment les jeunes générations, commencent à faire attention à ce qu’ils achètent. Comme Charif ou Youssef, interrogés par Saphirnews peu avant la prière du vendredi, « le bouche à oreille » et « le degré de conscience religieuse du boucher » font qu’ils seront clients ou pas chez lui.
Mais la plupart des acheteurs font confiance à leurs bouchers les yeux fermés malgré les « histoires qui se racontent », déclare une anonyme à notre quotidien. « On n’a pas trop le choix de toute façon », dit-elle. La seule présence du qualificatif halal sur la vitrine ou encore du certificat rassure, à l’instar de Yasmina et Hanen, deux étudiantes de 23 et 24 ans. « On ne fait pas encore assez confiance aux supermarchés pour acheter du halal chez eux ». Pour une autre, « la présence d’un boucher devant soi » serait une garantie sachant que s'il ment, c'est lui qui est tenu pour « seul responsable devant Dieu ».
Est-ce pour autant que l'on doit baisser la garde ? « C’est une complicité, voire une complaisance. Dire que l’on fait confiance à tout le monde, c’est une façon de ne pas vouloir se responsabiliser », s’indigne M. Taif qui appelle les musulmans à plus de vigilance et à se constituer dans des associations de défense de consommateurs telle qu’ASIDCOM (Association de Sensibilisation, d'Information et Défense de Consommateurs Musulmans) crée voici trois ans. « Bien que le boucher se réclame d’une foi qui lui impose le minimum en termes de pureté et de propreté, la plupart d’entre eux ne sont pas dans des conditions acceptables », ajoute t-il.
Le débat est loin d’être clos. A Marseille, l’enquête se poursuit pour déterminer si d’autres boucheries, halal ou non, et d’autres vendeurs de produits chimiques seraient impliqués dans ce trafic.