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Alep : tuer ou se suicider pour éviter le viol ? Une demande de fatwa qui horrifie

Rédigé par | Mercredi 14 Décembre 2016 à 15:55

           


Alep : tuer ou se suicider pour éviter le viol ? Une demande de fatwa qui horrifie
Alep est pratiquement aux mains des forces de Bachar al-Assad, épaulées par les Russes qui ont lancé mardi 13 décembre un assaut sanglant contre les insurgés, avec son lot d’exactions contre les populations civiles. Selon Médecins du Monde, la ville est « dans une situation d'urgence absolue : environ 100 000 personnes sont encore piégées sur un territoire de cinq km2 ».

Depuis, un flot de messages alarmants et déchirants depuis Alep ont inondé les réseaux sociaux. Dans un flux continu d'informations qui ne sont pas toujours vérifiées autour de cette tragédie en cours, l'une d'elles a été particulièrement partagée : une demande d'autorisation religieuse, pour les hommes, de tuer leurs femmes, filles ou sœurs par crainte de viols ou, pour les femmes, de pouvoir se suicider pour éviter de subir ce qui est souvent vécu comme un déshonneur dans les sociétés arabo-musulmanes. Le meurtre et le suicide sont pourtant formellement interdits en islam.

La hantise des femmes syriennes depuis l’enclenchement de la guerre civile : le viol, devenu « une arme de destruction massive » perpétrée par les forces du régime de Bachar al-Assad comme l’expliquait Le Monde dans un article relayant une série de témoignages de victimes en 2014.

Alors, info ou intox ? Vérifications faites, on constate que des personnes influentes ont relayé sur Twitter cette information comme Jaber al-Harmi, un journaliste qatari qui occupait le poste de rédacteur en chef du quotidien Al-Sharq avant sa démission en 2015 pour la parution d'une photo « moralement inappropriée » avec des scènes de kama-sutra. Dans un tweet en arabe publié dès le 12 décembre, il indique que l'information provient d'une source de l'armée libre à Alep.

Un haut dignitaire religieux syrien qui a fui son pays dès les débuts de la guerre civile pour se réfugier au Maroc a aussi fait état d'une pareille demande sur Twitter. « Nous recevons d’Alep des questions comme celle-ci : un homme peut-il tuer sa femme ou sa sœur avant d’être violées devant lui par les forces d’Assad ? », a indiqué Muhammad Al-Yaqoubi mardi 13 décembre au soir.

Une requête qui fait froid dans le dos mais à laquelle Muhammad Al-Yaqoubi a donné son avis en répondant en ces termes : « Il est interdit de tuer ou de se suicider dans la crainte du viol. La patience est nécessaire et les récompenses viennent dans l’au-delà. »

Muhammad Al-Yaqoubi est un savant qui s’est rangé dès le début des soulèvements populaires du côté de la rébellion contre le régime de Bachar al-Assad. Il a également clairement exprimé son opposition à l’Etat islamique.

A Alep ou ailleurs en Syrie, les civils payent un lourd tribut. La guerre a fait depuis mars 2011 plus de 310 000 morts et plus de 10 millions de réfugiés, presque la moitié de la population syrienne.

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Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur



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