Le secrétaire d'État français chargé des anciens combattants, Jean-Marc Todeschini, a rendu un hommage historique aux victimes algériennes des massacres commises le 8 mai 1945. © AFP
« En me rendant à Sétif, je dis la reconnaissance par la France des souffrances endurées et rends hommage aux victimes algériennes et européennes de Sétif, de Guelma et de Kheratta. » Tels sont les mots inscrits par Jean-Marc Todeschini, le secrétaire d'État français chargé des Anciens Combattants et de la Mémoire, dans le Livre d’or du musée archéologique de Sétif, où il s'est rendu dimanche 19 avril à l'approche du 70e anniversaire des massacres commis par la France dans cette ville, ainsi qu'à Guelma et à Kheratta le 8 mai 1945.
Le secrétaire d'État auprès du ministre de la Défense a déposé à cette occasion une gerbe de fleurs devant la stèle commémorative de Saal Bouzid, un jeune scout considéré comme la première victime de la répression. Sa présence est « un geste fort et symbolique », a-t-il lui-même qualifié. Aux côtés de son homologue algérien, le ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni, il a tenu à préciser dans le Livre d’or que son « geste est la traduction des propos tenus par le président de la République François Hollande devant le Parlement algérien en décembre 2012 ».
Le secrétaire d'État auprès du ministre de la Défense a déposé à cette occasion une gerbe de fleurs devant la stèle commémorative de Saal Bouzid, un jeune scout considéré comme la première victime de la répression. Sa présence est « un geste fort et symbolique », a-t-il lui-même qualifié. Aux côtés de son homologue algérien, le ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni, il a tenu à préciser dans le Livre d’or que son « geste est la traduction des propos tenus par le président de la République François Hollande devant le Parlement algérien en décembre 2012 ».
La traduction d'une volonté de l'Elysée
François Hollande avait alors dénoncé la colonisation, « un système profondément injuste et brutal », et reconnu « les souffrances (…) infligées au peuple algérien », dont les massacres de Sétif, Guelma et Kherrata. « Le jour même où le monde triomphait de la barbarie, la France manquait à ses valeurs universelles », poursuivait le chef de l’Etat. Quelques mois avant sa visite en Algérie, le chef de l'Etat avait également reconnu officiellement le massacre du 17 octobre 1961 à Paris.
« Je ne suis pas dans un acte de repentance », a tenu à clarifier le secrétaire d’Etat. Il n’est pas, en effet, sans ignorer que sa visite n’est pas au goût de toute la classe politique française, à commencer par la droite qui s'est toujours positionnée contre toute reconnaissance de crimes coloniaux. « La France a besoin de faire son travail de mémoire mais, sincèrement, aujourd'hui, je trouve, on a trop basculé dans un seul sens, il n'y a plus de fierté de notre Histoire », a fustigé Laurent Wauquiez, secrétaire général de l'UMP, sur RTL. Il critique une « repentance (est) à sens unique ». « Nous sommes le seul pays à passer notre temps à nous excuser de notre Histoire », juge-t-il.
Le fondateur du Parti de gauche Jean-Luc Mélenchon a, pour sa part, estimé sur France 3 que « ce n'est pas la France qui est fautive, mais le colonialisme ». L'avis est tout autre de la part de la mairie de Paris, qui a exprimé, le 15 avril, un vœu adopté à l’unanimité appelant à la reconnaissance des massacres du 8 mai 1945, considérant que celle-ci « relève du devoir de mémoire, tout comme celle des massacres du 17 octobre 1961 ». Elle justifie ainsi « la création d’un lieu du souvenir à la mémoire de celles et de ceux qui furent assassinés, l’ouverture de toutes les archives relatives à ces terribles événements et la reconnaissance par la République des crimes commis ».
« Je ne suis pas dans un acte de repentance », a tenu à clarifier le secrétaire d’Etat. Il n’est pas, en effet, sans ignorer que sa visite n’est pas au goût de toute la classe politique française, à commencer par la droite qui s'est toujours positionnée contre toute reconnaissance de crimes coloniaux. « La France a besoin de faire son travail de mémoire mais, sincèrement, aujourd'hui, je trouve, on a trop basculé dans un seul sens, il n'y a plus de fierté de notre Histoire », a fustigé Laurent Wauquiez, secrétaire général de l'UMP, sur RTL. Il critique une « repentance (est) à sens unique ». « Nous sommes le seul pays à passer notre temps à nous excuser de notre Histoire », juge-t-il.
Le fondateur du Parti de gauche Jean-Luc Mélenchon a, pour sa part, estimé sur France 3 que « ce n'est pas la France qui est fautive, mais le colonialisme ». L'avis est tout autre de la part de la mairie de Paris, qui a exprimé, le 15 avril, un vœu adopté à l’unanimité appelant à la reconnaissance des massacres du 8 mai 1945, considérant que celle-ci « relève du devoir de mémoire, tout comme celle des massacres du 17 octobre 1961 ». Elle justifie ainsi « la création d’un lieu du souvenir à la mémoire de celles et de ceux qui furent assassinés, l’ouverture de toutes les archives relatives à ces terribles événements et la reconnaissance par la République des crimes commis ».
Partager une « mémoire commune de manière apaisée »
Ce premier geste officiel effectué au nom de la France attend désormais d'être renouvelé par les plus hautes autorités, l'Elysée en premier lieu, pour signer l'engagement du pays dans une reconnaissance pleine et entière des massacres du 8 mai 1945.
Pour le moment, le secrétaire d’Etat français a expliqué commencer un « voyage mémoriel en Algérie par Sétif, en cette année du 70e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale, au nom de l'amitié franco-algérienne ». Son programme va se poursuivre à Mers El-Kébir, dans le golfe d'Oran (ouest du pays), pour la commémoration cette fois du 75e anniversaire de l'attaque de la marine française par la marine britannique, en juillet 1940, aux lendemains de l'armistice franco-allemand avec le IIIe Reich.
Le massacre de Sétif marque pour la majorité des historiens les prémisses de la guerre d’indépendance. Il y a 70 ans, alors que l’Algérie française célébrait la victoire des alliés sur l'Allemagne nazie, des manifestations autorisées tournent au drame à Sétif, à Guelma et à Kheratta, dans l'est de l'Algérie. Des slogans pour demander l'indépendance mais aussi la libération de la figure de l'anticolonialisme, Messali Hadj, ont été scandés. Puis un jeune scout de 26 ans, Saal Bouzid, a défilé avec le drapeau algérien, un délit aux yeux de l'occupant français. Très vite, les balles pleuvent. La répression a fait plusieurs milliers de morts parmi les Algériens sans qu’un chiffre précis soit connu.
L'Algérie estime que la répression a fait 45 000 victimes quand les historiens déclarent le nombre de tués à 20 000 tout au plus. Une centaine d'Européens ont également été tués par des nationalistes algériens.
Jean-Marc Todeschini a indiqué que sa visite s'inscrit « dans une démarche d'amitié, de respect et dans le souci de continuer à appréhender notre mémoire commune de manière apaisée ». Il a appelé Français et Algériens, « au nom de la mémoire partagée par nos deux pays (…), à continuer d’avancer ensemble vers ce qui les réunit ». Malgré des relations tendues, les deux pays affichent avec le temps des points de convergence autour de la lutte contre le terrorisme au Sahel ou autour de projets économiques.
Après Jean-Marc Todeschini, les ministres des Affaires étrangères et de l’Economie, Laurent Fabius et Emmanuel Macron, ont prévu de se rendre également en Algérie mi-mai. La reconnaissance des crimes coloniaux, toujours impunis, demeure un enjeu fondamental pour parvenir à des relations franco-algériennes plus apaisées.
Pour le moment, le secrétaire d’Etat français a expliqué commencer un « voyage mémoriel en Algérie par Sétif, en cette année du 70e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale, au nom de l'amitié franco-algérienne ». Son programme va se poursuivre à Mers El-Kébir, dans le golfe d'Oran (ouest du pays), pour la commémoration cette fois du 75e anniversaire de l'attaque de la marine française par la marine britannique, en juillet 1940, aux lendemains de l'armistice franco-allemand avec le IIIe Reich.
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