« Dans une même fratrie, on voit facilement l’évolution des mœurs de la famille. Prenons par exemple l’aîné. Souvent né à la fin des années 1970, il n’aura pas la même conception du mariage que le cadet né au début des années 1990 », constate Leyla Arslan, chargée d’étude à l’institut Montaigne et auteure de Enfants d’islam et de Marianne (PUF, 2010). « La question que se pose tout immigré est : “Que va devenir la tribu après le mariage ?” »
Ainsi, le plus âgé a souvent connu le mariage endogame (union au sein d’une même famille) ou arrangé. Même si on estime à 36,7 % la part des mariages endogames en 1999, ce chiffre tend à diminuer d’année en année. Quant au cadet de cette famille type, il rejette généralement la méthode utilisée pour les grands frères et sœurs et veut choisir lui-même son conjoint.
Cependant, le mariage arrangé se pratique encore beaucoup dans les milieux très religieux. Certains jeunes hommes n’hésitent pas à remettre leur CV à l’imam de la ville. Ce dernier a pour mission de leur présenter des jeunes femmes qui leur correspondent…
Malgré tout, le mariage arrangé fait de moins en moins d’émules. Les jeunes veulent se connaître, prendre le temps, tout en conservant l’envie de se marier. Même la plupart des filles voilées partagent cette perception. « Pas question de se marier aveuglément ! », raconte Karima, 28 ans. Si les filles voilées ont longtemps été mises sur un piédestal dans le marché du mariage, aujourd’hui elles se plaignent d’être mal jugées. Elles dénoncent une forme d’hypocrisie de leurs coreligionnaires.
« Ils veulent tous une musulmane mais, en même temps, ils en ont peur ! Je suis assez pratiquante et je m’interdis d’avoir des flirts… C’est pour moi un précepte musulman. Il n’empêche que j’ai envie de prendre le temps de découvrir l’autre. Je suis ouverte aux rencontres, mais seulement pour discuter… Pourtant, certains hommes me prennent pour une sainte nitouche, et ça les fait fuir ! », raconte-t-elle. « Pour eux, il y a, d’un côté, les filles “qui sortent” et, de l’autre, les ‘‘voilées’’ qui ne doivent avoir aucun échange avec les garçons. »
Ainsi, le plus âgé a souvent connu le mariage endogame (union au sein d’une même famille) ou arrangé. Même si on estime à 36,7 % la part des mariages endogames en 1999, ce chiffre tend à diminuer d’année en année. Quant au cadet de cette famille type, il rejette généralement la méthode utilisée pour les grands frères et sœurs et veut choisir lui-même son conjoint.
Cependant, le mariage arrangé se pratique encore beaucoup dans les milieux très religieux. Certains jeunes hommes n’hésitent pas à remettre leur CV à l’imam de la ville. Ce dernier a pour mission de leur présenter des jeunes femmes qui leur correspondent…
Malgré tout, le mariage arrangé fait de moins en moins d’émules. Les jeunes veulent se connaître, prendre le temps, tout en conservant l’envie de se marier. Même la plupart des filles voilées partagent cette perception. « Pas question de se marier aveuglément ! », raconte Karima, 28 ans. Si les filles voilées ont longtemps été mises sur un piédestal dans le marché du mariage, aujourd’hui elles se plaignent d’être mal jugées. Elles dénoncent une forme d’hypocrisie de leurs coreligionnaires.
« Ils veulent tous une musulmane mais, en même temps, ils en ont peur ! Je suis assez pratiquante et je m’interdis d’avoir des flirts… C’est pour moi un précepte musulman. Il n’empêche que j’ai envie de prendre le temps de découvrir l’autre. Je suis ouverte aux rencontres, mais seulement pour discuter… Pourtant, certains hommes me prennent pour une sainte nitouche, et ça les fait fuir ! », raconte-t-elle. « Pour eux, il y a, d’un côté, les filles “qui sortent” et, de l’autre, les ‘‘voilées’’ qui ne doivent avoir aucun échange avec les garçons. »
« Enfin à la fac, je vais trouver un mari »
La plupart des célibataires considèrent la recherche du (de la) partenaire idéal(e) comme une mission. Lorsqu’elle a obtenu son bac, une jeune femme d’origine maghrébine a rapporté à la chercheuse Leyla Arslan : « Enfin à la fac, je vais pouvoir trouver un mari ! »
Nasser, 31 ans, est très au fait des lieux de rencontre à la mode. Les organisateurs de soirées ne manquent pas d’imagination pour attirer ces nouveaux célibataires. Le
site de rencontres Maghreb-in.com organise des after work bimensuels à Paris. L’accroche est explicite : « Venez nous rejoindre pour vous détendre, prendre un cocktail et pourquoi pas rencontrer l’âme sœur ! » Nasser, qui endosse mal sa vie de dragueur professionnel, s’y rend fréquemment. « C’est vrai, je drague beaucoup, mais pas pour m’amuser, je cherche la femme de ma vie… Ces soirées sont assez sympas, mais c’est un rendez-vous de “beurgeois”, ou de “bobos” maghrébins… Si on n’a pas une bonne situation, on se sent un peu mal à l’aise. » Et pour la période estivale, d’avril à juillet, le site programme des soirées chichas, sur une péniche, à Paris.
Les chichas, justement, sont très fréquentées. Nasser avoue ne pas apprécier le narguilé en particulier, mais il aime s’y rendre pour faire des rencontres. « Dans les chichas, le cadre est
parfait. On est confortablement installé, la lumière est tamisée, tout le monde est détendu… » Seul hic : impossible d’engager sérieusement la discussion avec des inconnus. En tant qu’expert, Nasser conseille de se retrouver dans les chichas avec des amis qui viennent, eux aussi, accompagnés. Ainsi, « même si on ne se connaît pas tous, la discussion se déroule naturellement ».
Car c’est bien ce qui gêne la plupart de nos célibataires. Ils recherchent sincèrement la personne à épouser, et souhaitent éviter les amalgames avec les dragueurs compulsifs. « Comment faire confiance à un garçon qu’on ne connaît pas ? Je me mets à la place des filles, ce n’est pas évident ! »
La drague est là, des deux côtés. Mais elle n’est pas totalement assumée.
Nasser, 31 ans, est très au fait des lieux de rencontre à la mode. Les organisateurs de soirées ne manquent pas d’imagination pour attirer ces nouveaux célibataires. Le
site de rencontres Maghreb-in.com organise des after work bimensuels à Paris. L’accroche est explicite : « Venez nous rejoindre pour vous détendre, prendre un cocktail et pourquoi pas rencontrer l’âme sœur ! » Nasser, qui endosse mal sa vie de dragueur professionnel, s’y rend fréquemment. « C’est vrai, je drague beaucoup, mais pas pour m’amuser, je cherche la femme de ma vie… Ces soirées sont assez sympas, mais c’est un rendez-vous de “beurgeois”, ou de “bobos” maghrébins… Si on n’a pas une bonne situation, on se sent un peu mal à l’aise. » Et pour la période estivale, d’avril à juillet, le site programme des soirées chichas, sur une péniche, à Paris.
Les chichas, justement, sont très fréquentées. Nasser avoue ne pas apprécier le narguilé en particulier, mais il aime s’y rendre pour faire des rencontres. « Dans les chichas, le cadre est
parfait. On est confortablement installé, la lumière est tamisée, tout le monde est détendu… » Seul hic : impossible d’engager sérieusement la discussion avec des inconnus. En tant qu’expert, Nasser conseille de se retrouver dans les chichas avec des amis qui viennent, eux aussi, accompagnés. Ainsi, « même si on ne se connaît pas tous, la discussion se déroule naturellement ».
Car c’est bien ce qui gêne la plupart de nos célibataires. Ils recherchent sincèrement la personne à épouser, et souhaitent éviter les amalgames avec les dragueurs compulsifs. « Comment faire confiance à un garçon qu’on ne connaît pas ? Je me mets à la place des filles, ce n’est pas évident ! »
La drague est là, des deux côtés. Mais elle n’est pas totalement assumée.
Chichas, speed dating et voyages organisés
Pour ces déçus des chichas, il y a le speed dating. Dans les cafés branchés de Saint- Germain-des-Prés, des tables sont rangées scrupuleusement : sept filles font face à sept garçons… À chaque retentissement de la sonnette, c’est le roulement. « Qu’est-ce que tu fais dans la vie ? Tu as quel âge ? Tu es de quelle origine ? », demande Nadia à Nasser. La jeune fille acquiesce comme si elle menait un entretien d’embauche... La sonnette retentit. Une brune s’installe à la table de Nasser. « Bon, je suis célibataire, mais je ne cherche pas à me marier ! Je suis venue avec une copine… », s’esclaffe Sonia.
La réplique de cinéma est connue et allègrement utilisé. « Dans les “dating”, les filles ne jouent pas le jeu », se désole Nabil, venu avec son copain Nasser. Les garçons assument beaucoup plus ces rencontres organisées. « Souvent, les filles viennent en bande de dix ! Comment entretenir une discussion avec une fille si elle a dix gardes du corps ! C’est impossible. » Après le speed dating, le volume de la musique grimpe. Place au buffet et à la danse… Mais la soirée ne sera pas fructueuse pour notre célibataire désabusé.
Les musulmans sont très sceptiques quant à l’efficacité des soirées, bars ou boîtes de nuit. Seuls 20 % d’entre eux, dont à peine 12 % de femmes, les jugent appropriés pour nouer une véritable relation avec des personnes ayant la même religion.
Nasser a tout essayé. Sa dernière trouvaille, les voyages organisés. « Quand on part en vacances “all inclusive” dans les pays très fréquentés par les Maghrébins comme la Tunisie ou la Turquie, on fait beaucoup de rencontres ! », confie Nasser, qui a passé une semaine à Antalya. « Sur place, on se retrouve avec des personnes que l’on est obligé de croiser pendant tout un séjour ! Cela donne un cadre parfait pour la drague car les filles imaginent que nous sommes là par hasard ! », ajoute-t-il fièrement.
Malgré tous les nouveaux numéros de téléphone enregistrés sur son répertoire, Nasser est toujours célibataire.
La réplique de cinéma est connue et allègrement utilisé. « Dans les “dating”, les filles ne jouent pas le jeu », se désole Nabil, venu avec son copain Nasser. Les garçons assument beaucoup plus ces rencontres organisées. « Souvent, les filles viennent en bande de dix ! Comment entretenir une discussion avec une fille si elle a dix gardes du corps ! C’est impossible. » Après le speed dating, le volume de la musique grimpe. Place au buffet et à la danse… Mais la soirée ne sera pas fructueuse pour notre célibataire désabusé.
Les musulmans sont très sceptiques quant à l’efficacité des soirées, bars ou boîtes de nuit. Seuls 20 % d’entre eux, dont à peine 12 % de femmes, les jugent appropriés pour nouer une véritable relation avec des personnes ayant la même religion.
Nasser a tout essayé. Sa dernière trouvaille, les voyages organisés. « Quand on part en vacances “all inclusive” dans les pays très fréquentés par les Maghrébins comme la Tunisie ou la Turquie, on fait beaucoup de rencontres ! », confie Nasser, qui a passé une semaine à Antalya. « Sur place, on se retrouve avec des personnes que l’on est obligé de croiser pendant tout un séjour ! Cela donne un cadre parfait pour la drague car les filles imaginent que nous sommes là par hasard ! », ajoute-t-il fièrement.
Malgré tous les nouveaux numéros de téléphone enregistrés sur son répertoire, Nasser est toujours célibataire.
Première parution de cet article dans Salamnews, n° 26, mai 2011.
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