Le meeting contre l'islamophobie et la guerre sécuritaire s'est tenu le 6 mars à Saint-Denis.
Le 8 mars est célébrée la Journée internationale des droits des femmes, ce qui offre un prétexte de plus aux médias pour s’indigner du sort que les pays dits musulmans réservent aux femmes. Bien entendu, c’est l’islam qu’on incrimine, et jamais les systèmes de pouvoir qui invoquent la religion pour mieux opprimer et réprimer leurs populations, et flatter les plus bas instincts de certains des hommes qui la composent pour mieux s’assurer de leur soutien ou de leur silence.
Le pseudo-féminisme islamophobe des médias dominants a-t-il été exacerbé par la peur qu’ont suscitée les attentats des 7 et 9 janvier ? « Je suis Charlie », ce slogan imposé, dans lequel on a d’abord voulu ne voir qu’une exigence de liberté d’expression, s’est-il transformé en l’impératif d’adhérer aux idées couramment associées aux dessins et aux textes de Charlie Hebdo ?
On est en droit de le penser, surtout après avoir écouté tous ceux qui sont venus témoigner de leur souffrance au meeting contre l’islamophobie qui s’est tenu à Saint-Denis vendredi 6 mars. Mais ces témoins étaient d’une dignité et d’un courage extraordinaires.
C’est cela aussi, ce que l’on appelle l’après-Charlie. Cette volonté de ceux que l’on cherche à faire taire et à rendre invisibles, de ne pas baisser la tête. Contre la mauvaise foi (en tous les sens du terme), la rage et la bêtise ambiantes, obliger à voir, à entendre, à faire advenir le droit et l’équité. Obnubilés qu’ils sont par la peur et de perdre les élections et de déplaire au patronat, ceux qui nous gouvernent ne voient et n’entendent rien.
Quand il est question de dignité, d’égalité, de respect, ils ne pensent qu’en termes de peinture dans les cages d’escaliers ou de carte scolaire. Certes, embellir un peu l’habitat et mettre quelques enseignants de plus dans les écoles ne fera pas de mal mais cela ne permettra pas aux Français de confession ou de culture musulmane de se sentir en pleine sécurité dans ce pays qui est le leur.
Car n’est-ce pas en termes de sécurité que sont prises toutes ces mesures de l’« après-Charlie » qui ont conduit des gamins de primaire au commissariat de police ? N’est-ce pas au nom de la sécurité qu’on vient d’interdire la tenue d’une conférence sur la Palestine à l’université Paris 8 ? La sécurité, c’est la sécurité de toutes et de tous. Elle n’a ni race ni couleur.
Pour toutes celles et tous ceux qui, comme moi, considèrent que l’on peut parfaitement être démocrate, républicain même, et croyant, et que l’islam a toute sa place parmi les religions qui coexistent à France, à côté de l’agnosticisme qui est tout aussi respectable, l’exigence de respect, de partage et d’écoute est primordiale.
Les événements de janvier nous ont peut-être permis d’en prendre conscience et de le dire haut et fort, comme nous ne l’avions jamais fait auparavant.
****
Sonia Dayan-Herzbrun est professeure émérite à l’université Paris Diderot, présidente de la Commission Islam et Laïcité.
Le pseudo-féminisme islamophobe des médias dominants a-t-il été exacerbé par la peur qu’ont suscitée les attentats des 7 et 9 janvier ? « Je suis Charlie », ce slogan imposé, dans lequel on a d’abord voulu ne voir qu’une exigence de liberté d’expression, s’est-il transformé en l’impératif d’adhérer aux idées couramment associées aux dessins et aux textes de Charlie Hebdo ?
On est en droit de le penser, surtout après avoir écouté tous ceux qui sont venus témoigner de leur souffrance au meeting contre l’islamophobie qui s’est tenu à Saint-Denis vendredi 6 mars. Mais ces témoins étaient d’une dignité et d’un courage extraordinaires.
C’est cela aussi, ce que l’on appelle l’après-Charlie. Cette volonté de ceux que l’on cherche à faire taire et à rendre invisibles, de ne pas baisser la tête. Contre la mauvaise foi (en tous les sens du terme), la rage et la bêtise ambiantes, obliger à voir, à entendre, à faire advenir le droit et l’équité. Obnubilés qu’ils sont par la peur et de perdre les élections et de déplaire au patronat, ceux qui nous gouvernent ne voient et n’entendent rien.
Quand il est question de dignité, d’égalité, de respect, ils ne pensent qu’en termes de peinture dans les cages d’escaliers ou de carte scolaire. Certes, embellir un peu l’habitat et mettre quelques enseignants de plus dans les écoles ne fera pas de mal mais cela ne permettra pas aux Français de confession ou de culture musulmane de se sentir en pleine sécurité dans ce pays qui est le leur.
Car n’est-ce pas en termes de sécurité que sont prises toutes ces mesures de l’« après-Charlie » qui ont conduit des gamins de primaire au commissariat de police ? N’est-ce pas au nom de la sécurité qu’on vient d’interdire la tenue d’une conférence sur la Palestine à l’université Paris 8 ? La sécurité, c’est la sécurité de toutes et de tous. Elle n’a ni race ni couleur.
Pour toutes celles et tous ceux qui, comme moi, considèrent que l’on peut parfaitement être démocrate, républicain même, et croyant, et que l’islam a toute sa place parmi les religions qui coexistent à France, à côté de l’agnosticisme qui est tout aussi respectable, l’exigence de respect, de partage et d’écoute est primordiale.
Les événements de janvier nous ont peut-être permis d’en prendre conscience et de le dire haut et fort, comme nous ne l’avions jamais fait auparavant.
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Sonia Dayan-Herzbrun est professeure émérite à l’université Paris Diderot, présidente de la Commission Islam et Laïcité.
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