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Religions

« Avec Éva de Vitray, nous étions très proches »

Rédigé par Alyse-Ayesha Mojon | Mercredi 11 Février 2009 à 10:23

           


Par Alyse-Ayesha Mojon

C’est difficile de parler d’Éva, parce qu’elle est entre très présente, elle le sera d’ailleurs jusqu’à ma mort, peut-être même au-delà. Éva a été pour moi quelqu’un d’extraordinaire, tant sur le plan islamique sur que le plan humain.

Nous avons vécu ensemble tantôt chez elle, à Paris, tantôt chez nous, dans la Drôme. Et elle aimait bien ses enfants. Malheureusement, les siens l’ont laissée tomber, dès qu’ils ont su qu’elle était musulmane. Elle est restée à les aimer quand même, mais elle a été très seule. [...] C’était un exemple de musulmane. […]

Elle a commencé par traduire en anglais, et quand elle a vu ce qu’il était dit sur Rûmî, elle a décidé d’apprendre le persan. Elle a traduit du persan tout, absolument tout ce qu’avait écrit Jalâl ad-Dîn Rûmî. […] C’est assez extraordinaire, parce qu’elle avait un côté très intellectuel et en même temps très humain. C’était une femme vraiment merveilleuse et toute simple.

Quand je l’invitais, par exemple, à la maison, elle m’aidait à faire la cuisine, elle m’a tricoté des choses, elle s’est occupée de mes enfants, de mes petits-enfants, elle a été absolument extraordinaire. Je crois qu’elle nous aimait bien aussi. […]

« Tu veux un signe ? Le voici ! Tu seras enterrée comme une musulmane ! »

Eva repose désormais à Konya, en Turquie, tel que son rêve le présageait. Photo © Samil Kuçur
Eva repose désormais à Konya, en Turquie, tel que son rêve le présageait. Photo © Samil Kuçur
Nous étions très proches tant sur le plan de l’origine que sur le plan de l’amour de l’islam. Mais, évidemment, elle, elle était savante et moi, pas du tout.
Elle m’a appris beaucoup de choses. J’ignorais complètement Rûmî par exemple, et elle m’a fait faire connaissance de Jalâl ad-Dîn Rûmî et cela m’a émerveillée. [...]

Je vais lire une partie de ce qu’elle a écrit : « Envoyez-moi un signe – à Dieu, bien sûr, Allâh. Ce signe, je l’ai reçu sous la forme d’un songe. J’ai rêvé que j’étais enterrée. Et par une sorte de dédoublement je voyais ma tombe. Une tombe comme je n’en avais jamais vu, et sur laquelle mon prénom, Éva, était écrit en caractères arabes et persans, ce qui donnait Hawwâ’. Cela me paraissait bizarre, et tout en dormant je me disais : “Mais, enfin, je ne suis pas morte !” Pour mieux m’en persuader, je remuais mes doigts de pied. Au réveil, je me souviens m’être dit : “Eh bien, ma petite, tu veux un signe et le voici ! Tu seras enterrée comme une musulmane !” »

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Alyse-Ayesha Mojon a été une amie très proche d'Éva de Vitray-Meyerovitch. Son texte est extrait d’un hommage prononcé le 17 décembre 2005, à l’occasion de la Journée-Hommage organisée par le Collectif Hamidullah, consacré à Malek Bennabi, Éva de Vitray-Meyerovitch et Muhammad Hamidullah.





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