L'heure est à la surenchère verbale pour Manuel Valls. Réagissant dimanche 28 juin aux événements en Isère survenus deux jours auparavant, le Premier ministre s'est réapproprié la fâcheuse expression de « guerre de civilisation ».
« Nous ne pouvons pas perdre cette guerre parce que c’est au fond une guerre de civilisation. C’est notre société, notre civilisation, nos valeurs que nous défendons », a-t-il déclaré au micro d'Europe 1. Si le chef du gouvernement est connu pour ses petits expressions chocs comme « islamo-fascisme », cette nouvelle sortie interpelle, choque et suscite l'ironie.
Immédiatement, les Républicains ont félicité le Premier ministre pour avoir repris les propos de Nicolas Sarkozy, formulés dans la foulée des attentats de janvier. « Quand Sarkozy le dit en janvier, il est conspué par la gauche… Réalisme enfin ? », a interrogé le sénateur Roger Karoutchi sur Twitter. « En parlant de guerre de civilisation le PM se convertit à la lucidité, il faut maintenant qu'il se convertisse à l'action », a écrit le député Éric Ciotti.
Tout comme l’ancien président de la République, Manuel Valls se pose en garant du soi-disant parler vrai, sans tabou car « Il faut toujours dire la vérité, être lucide et utiliser les mots qui s’imposent ». Mais « mal nommer les choses c'est ajouter au malheur du monde », disait Camus... L'usage de l'expression controversée a très vite été critiqué au sein même de la gauche. Nombreuses sont les personnes à à se demander ironiquement si le « terrorisme est une civilisation ».
« Nous ne pouvons pas perdre cette guerre parce que c’est au fond une guerre de civilisation. C’est notre société, notre civilisation, nos valeurs que nous défendons », a-t-il déclaré au micro d'Europe 1. Si le chef du gouvernement est connu pour ses petits expressions chocs comme « islamo-fascisme », cette nouvelle sortie interpelle, choque et suscite l'ironie.
Immédiatement, les Républicains ont félicité le Premier ministre pour avoir repris les propos de Nicolas Sarkozy, formulés dans la foulée des attentats de janvier. « Quand Sarkozy le dit en janvier, il est conspué par la gauche… Réalisme enfin ? », a interrogé le sénateur Roger Karoutchi sur Twitter. « En parlant de guerre de civilisation le PM se convertit à la lucidité, il faut maintenant qu'il se convertisse à l'action », a écrit le député Éric Ciotti.
Tout comme l’ancien président de la République, Manuel Valls se pose en garant du soi-disant parler vrai, sans tabou car « Il faut toujours dire la vérité, être lucide et utiliser les mots qui s’imposent ». Mais « mal nommer les choses c'est ajouter au malheur du monde », disait Camus... L'usage de l'expression controversée a très vite été critiqué au sein même de la gauche. Nombreuses sont les personnes à à se demander ironiquement si le « terrorisme est une civilisation ».
Des tweets en réaction des propos de Valls sur la "guerre de civilisation".
Une référence mal venue au discours bushien
Ses mots sont loin d’être anodins. La fameuse « guerre de civilisation » est une expression valise devenue la marque de fabrique des néoconservateurs du monde entier. Elle découle de l’ouvrage controversé de Samuel Huntington, professeur à Harvard « Le choc des civilisations » publié en 1998. Selon cette thèse, les nouvelles oppositions géopolitiques ne seraient plus fondées sur des clivages politiques, mais sur des oppositions identitaires, religieuses, « civilisationnelles ». Pour le chercheur « l’islam » serait une civilisation comme l'est « l’Occident »... Alors comment classer les musulmans d’Occident ?
Ces mots restent particulièrement marqués dans l’histoire récente car ils ont servi le discours de Georges W. Bush visant à justifier la guerre en Irak et à faire sa « croisade » dont les conséquences gravissimes sont à l’œuvre aujourd’hui. Un sens que Manuel Valls semble rejeter car, dans la même interview, il assure, sans crainte de se contredire, que « ce n’est pas une guerre entre l’Occident et l’islam, mais une guerre au nom même des valeurs qui sont les nôtres et que nous partageons au-delà même de l’Europe », insistant à plusieurs reprises sur le fait que les premières victimes de cette guerre contre Daesh étaient d’abord des musulmans.
Ces mots restent particulièrement marqués dans l’histoire récente car ils ont servi le discours de Georges W. Bush visant à justifier la guerre en Irak et à faire sa « croisade » dont les conséquences gravissimes sont à l’œuvre aujourd’hui. Un sens que Manuel Valls semble rejeter car, dans la même interview, il assure, sans crainte de se contredire, que « ce n’est pas une guerre entre l’Occident et l’islam, mais une guerre au nom même des valeurs qui sont les nôtres et que nous partageons au-delà même de l’Europe », insistant à plusieurs reprises sur le fait que les premières victimes de cette guerre contre Daesh étaient d’abord des musulmans.
Deux islam aux yeux de Valls
Dans le même temps, il estime qu'une « bataille » se situe « aussi, et c'est très important de le dire, au sein de l'islam. Entre, d'un côté, un islam aux valeurs humanistes, universelles et, de l'autre, un islamisme obscurantiste et totalitaire qui veut imposer sa vision à la société ». Ainsi, comprend-t-on, et plutôt que de ranger la violence dans le champ du terrorisme, il n'hésite pas à mettre face à face deux islam, l'un « modéré » et l'autre « obscurantiste ». Le terrorisme n'étant pas une civilisation, rappelle l'anthropologue Dounia Bounia, l'amalgame avec l'islam se fait facile surtout avec l'emploi régulier du « terrorisme islamiste » par le Premier ministre.
Le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, a tenté d’éteindre l'incendie, non sans difficultés. Ce lundi 29 juin à la matinale d’Europe 1, il croit préciser les propos de Manuel Valls. Nous serions donc bien en pleine guerre de civilisation mais « entre la civilisation humaine dans la pluralité de ses composantes et ces barbares abjects ». « Il n'y a pas à faire de polémique sur ce sujet, c'est tout simplement une réalité. Ce n'est pas une guerre de civilisations au pluriel. C'est une guerre entre la civilisation humaine et la barbarie », a-t-il martelé.
Malgré les efforts de Bernard Cazeneuve, les propos de Manuel Valls ont tout le mal du monde à pouvoir être avalés. La recette simpliste qui consiste à utiliser des formules choc sans se soucier de la portée du contenu afin de créer le buzz conduise « à exprimer un message à la fois stupide et dangereux », pour François Guenolé. Dans une tribune du Plus de L’Obs, le politologue estime que « Manuel Valls doit des excuses aux musulmans ». Des excuses que ces derniers pourront attendre longtemps. « Il faut nommer les choses sans stigmatiser. Nous sommes en guerre contre le terrorisme islamiste », a répété Manuel Valls à Metz, précisant qu'il s'agit d'une « guerre de civilisation contre la barbarie » et non « une guerre entre les civilisations, au pluriel ».
Le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, a tenté d’éteindre l'incendie, non sans difficultés. Ce lundi 29 juin à la matinale d’Europe 1, il croit préciser les propos de Manuel Valls. Nous serions donc bien en pleine guerre de civilisation mais « entre la civilisation humaine dans la pluralité de ses composantes et ces barbares abjects ». « Il n'y a pas à faire de polémique sur ce sujet, c'est tout simplement une réalité. Ce n'est pas une guerre de civilisations au pluriel. C'est une guerre entre la civilisation humaine et la barbarie », a-t-il martelé.
Malgré les efforts de Bernard Cazeneuve, les propos de Manuel Valls ont tout le mal du monde à pouvoir être avalés. La recette simpliste qui consiste à utiliser des formules choc sans se soucier de la portée du contenu afin de créer le buzz conduise « à exprimer un message à la fois stupide et dangereux », pour François Guenolé. Dans une tribune du Plus de L’Obs, le politologue estime que « Manuel Valls doit des excuses aux musulmans ». Des excuses que ces derniers pourront attendre longtemps. « Il faut nommer les choses sans stigmatiser. Nous sommes en guerre contre le terrorisme islamiste », a répété Manuel Valls à Metz, précisant qu'il s'agit d'une « guerre de civilisation contre la barbarie » et non « une guerre entre les civilisations, au pluriel ».
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