Ils ont tous deux été sacrés champions du monde dans leur domaine : l’un en football, en 1998 ; l’autre en boxe amateur, en 2006. Ils ont tous deux écrit des livres et s’attachent aujourd’hui à délivrer un message à la jeunesse. Lilian Thuram et Aya Cissoko interviennent régulièrement dans les écoles pour servir d’exemples aux plus jeunes. Ils sont intervenus pour parler de leurs expériences lors du colloque « Sport, histoire et diversité en France », organisé par le groupe de recherche en sciences sociales Achac, les 14 et 15 avril.
« Eduquer les enfants de sorte à ce qu’il n’y ait pas de fatalité »
Aya Cissoko rappelle qu’en 2011 elle a publié son autobiographie Danbé (« Dignité » en malinké, communément parlé en Afrique de l'Ouest). Un ouvrage où elle retrace, entre autres, le parcours de ses parents originaires du Mali, l’incendie dramatique où elle a perdu son père et son frère ainsi que les difficultés qui ont suivi. Elle voulait « raconter l’histoire de ces gamins nés de cette envie de construire un avenir meilleur en France ». « L’écriture m’a permis de réfléchir à ce qu’on m’a dit à l’école et dans ma famille. Tant qu’on fantasme sur sa propre histoire, on marche sur une seule jambe », explique l’ancienne boxeuse.
Après la sortie du livre, les sollicitations d’enseignants ont afflué, à tel point qu’elle intervient « tous les 10 jours » en milieu scolaire. À chaque fois, les mêmes interrogations reviennent : « Comment devenir champion du monde ? » Pour Aya Cissoko, la question que se posent les jeunes en réalité est : « Comment réussir dans la vie ? »
Lilian Thuram dit également avoir été marqué par le manque de confiance des élèves dans les quartiers. « Il faut dire aux enfants qu’ils doivent créer des opportunités et les éduquer de sorte à ce qu’il n’y ait pas de fatalité », lance-t-il. L’ancien footballeur vante les vertus du sport pour parvenir à effacer ses limites : « Le sport de haut niveau t’apprend à dire : "Je vais y arriver." Tu vas toujours chercher à savoir comment t’améliorer et atteindre ton but. »
Après la sortie du livre, les sollicitations d’enseignants ont afflué, à tel point qu’elle intervient « tous les 10 jours » en milieu scolaire. À chaque fois, les mêmes interrogations reviennent : « Comment devenir champion du monde ? » Pour Aya Cissoko, la question que se posent les jeunes en réalité est : « Comment réussir dans la vie ? »
Lilian Thuram dit également avoir été marqué par le manque de confiance des élèves dans les quartiers. « Il faut dire aux enfants qu’ils doivent créer des opportunités et les éduquer de sorte à ce qu’il n’y ait pas de fatalité », lance-t-il. L’ancien footballeur vante les vertus du sport pour parvenir à effacer ses limites : « Le sport de haut niveau t’apprend à dire : "Je vais y arriver." Tu vas toujours chercher à savoir comment t’améliorer et atteindre ton but. »
« On fait tout pour empêcher les sportifs de s’exprimer »
Les deux intervenants se sont aussi accordés pour déplorer la rigidité de la société française. Selon eux, les sportifs sont assignés dans des cases et on ne tolère pas qu’ils en sortent. « Je me souviens des critiques lorsque Thuram a commencé à parler d’autre chose que de sport et qu’ il a offert des places de matchs pour des sans-papiers. Limiter un sportif à la pratique de son sport, c’est violent », raconte Aya Cissoko.
« J’ai dû attendre d’avoir 24 ans pour qu’un coach – très âgé et expérimenté – me dise un jour qu’il y a autre chose que la boxe dans la vie », se remémore l’ancienne boxeuse qui, en 2009, a rejoint Sciences Po Paris. Elle aime d’ailleurs raconter l’anecdote des Jeux olympiques de Mexico, en 1968, où les Noirs Américains Tommie Smith et John Carlos avaient levé le poing en l’air sur les marches du podium pour condamner la ségrégation des Etats-Unis, sans oublier le rôle discret mais important de l’Australien Peter Norman.
L’ancien joueur de la Juventus de Turin et du FC Barcelone témoigne qu’on lui a régulièrement déconseillé de s’exprimer : « On fait tout pour empêcher les sportifs de s’exprimer, on me disait que ça sert à rien ! » Mais, pour lui, les footballeurs ont la capacité de sensibiliser un large public et se doivent d'avoir un discours. Lilian Thuram évoque aussi le rôle de la victoire française à la Coupe du monde 1998, qui, selon lui, a permis d’ouvrir le débat sur la diversité : « France 98, c’est le début de quelque chose. On prend conscience qu’on peut parler de certains sujets dérangeants. »
« J’ai dû attendre d’avoir 24 ans pour qu’un coach – très âgé et expérimenté – me dise un jour qu’il y a autre chose que la boxe dans la vie », se remémore l’ancienne boxeuse qui, en 2009, a rejoint Sciences Po Paris. Elle aime d’ailleurs raconter l’anecdote des Jeux olympiques de Mexico, en 1968, où les Noirs Américains Tommie Smith et John Carlos avaient levé le poing en l’air sur les marches du podium pour condamner la ségrégation des Etats-Unis, sans oublier le rôle discret mais important de l’Australien Peter Norman.
L’ancien joueur de la Juventus de Turin et du FC Barcelone témoigne qu’on lui a régulièrement déconseillé de s’exprimer : « On fait tout pour empêcher les sportifs de s’exprimer, on me disait que ça sert à rien ! » Mais, pour lui, les footballeurs ont la capacité de sensibiliser un large public et se doivent d'avoir un discours. Lilian Thuram évoque aussi le rôle de la victoire française à la Coupe du monde 1998, qui, selon lui, a permis d’ouvrir le débat sur la diversité : « France 98, c’est le début de quelque chose. On prend conscience qu’on peut parler de certains sujets dérangeants. »
Questionner le « devoir de loyauté » envers la nationalité des parents
Aya Cissoko et Lilian Thuram ont tous les deux fait retentir La Marseillaise sur le toit du monde lors de leurs divers succès respectifs qui ont fait d’eux des porte-drapeaux de l’excellence française. En revanche, le même geste est plus compliqué pour les jeunes qu’ils côtoient lors de leurs interventions scolaires. L’auteur de Mes étoiles noires pointe du doigt le rôle des médias et de la classe politique. Pour lui, trop de jeunes « disent qu’ils ne sont pas Français parce qu’on leur a fait comprendre qu’être Français, c’est être Blanc ». Lilian Thuram juge que les jeunes devraient questionner leur « devoir de loyauté » envers leurs parents qui fait qu’ils se revendiquent uniquement de leurs origines étrangères.
L’auteure de N’ba estime, quant à elle, qu’on ne devrait pas forcer les enfants à se déterminer : « Je ne me posais pas la question de savoir si j’étais Française ou pas quand j’étais petite. C’est lorsque j’ai reconstruit l’histoire de mes parents que j’ai pu m’en détacher et me sentir Française. » Elle ajoute : « On essaie d’établir une identité figée alors qu’elle est en mouvement, c’est une aberration. Laissez-moi murir et changer d’avis. »
L’auteure de N’ba estime, quant à elle, qu’on ne devrait pas forcer les enfants à se déterminer : « Je ne me posais pas la question de savoir si j’étais Française ou pas quand j’étais petite. C’est lorsque j’ai reconstruit l’histoire de mes parents que j’ai pu m’en détacher et me sentir Française. » Elle ajoute : « On essaie d’établir une identité figée alors qu’elle est en mouvement, c’est une aberration. Laissez-moi murir et changer d’avis. »
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