Mosquée de Struga, en Macédoine. (© 2013 Laurent Geslin)
Profondément laïcisées durant la seconde moitié du XXe siècle, les sociétés musulmanes des Balkans sont traversées par des mouvements complexes depuis la chute du communisme et l’éclatement de l'ancienne Yougoslavie. Avec l’effondrement de l’État commun, les musulmans yougoslaves ont été soumis aux défis posés par le renouveau de ces nationalismes, et même sommés de « prouver » la légitimité de leur présence sur le territoire où ils vivaient depuis des générations.
Les musulmans des Balkans sont également confrontés aux miroirs grossissants d’un monde « globalisé » : depuis le 11 septembre 2001, ils peuvent ressentir le regard négatif souvent porté sur l’islam – voire subir une « islamophobie » de plus en plus répandue, notamment ceux qui vivent en émigration dans les pays de tradition chrétienne d’Europe occidentale ou d’Amérique. Dans le même temps, le sentiment d’appartenance à l’oumma peut constituer un antidote grisant, une nouvelle identité « par défi », notamment pour des Balkaniques de la diaspora.
Ces courants contradictoires nourrissent les débats sur les éventuelles spécificités d’un « islam balkanique » ou d’un « islam européen ». Cette mise en avant d’une « autochtonie » de l’islam et de ses différences supposées avec l’islam pratiqué dans d’autres régions du monde est aussi une réponse aux courants dits « wahhabites » – de nombreux chercheurs estimant qu’il est plus juste d’utiliser le terme de « néo-salafistes », le wahhabisme étant un phénomène très particulier et, en réalité, très peu présent dans les Balkans.
L’islam des Balkans n’a jamais formé un isolat ; il vit dans une « société d’islam » mondialisée, et il est l’objet de multiples pressions et d’influences contradictoire. La Turquie, naturellement, pèse d’un grand poids du fait de son ancrage historique dans la région, mais l’Arabie saoudite, le Qatar ou les Émirats arabes unis cherchent aussi des relais d’influence dans la région. La confrontation entre un supposé « islam des Balkans » et des courants « radicaux » doit se comprendre dans ce contexte global ; c’est aussi une manifestation de la crise de modernisation et d’adaptation de l’islam local et de ses structures officielles aux nouvelles conditions économiques, sociales et politiques de notre début de XXIe siècle.
Pour lire l'étude complète de Jean-Arnault Dérens et Laurent Geslin, télécharger le document au format PDF (29 pages).
Les musulmans des Balkans sont également confrontés aux miroirs grossissants d’un monde « globalisé » : depuis le 11 septembre 2001, ils peuvent ressentir le regard négatif souvent porté sur l’islam – voire subir une « islamophobie » de plus en plus répandue, notamment ceux qui vivent en émigration dans les pays de tradition chrétienne d’Europe occidentale ou d’Amérique. Dans le même temps, le sentiment d’appartenance à l’oumma peut constituer un antidote grisant, une nouvelle identité « par défi », notamment pour des Balkaniques de la diaspora.
Ces courants contradictoires nourrissent les débats sur les éventuelles spécificités d’un « islam balkanique » ou d’un « islam européen ». Cette mise en avant d’une « autochtonie » de l’islam et de ses différences supposées avec l’islam pratiqué dans d’autres régions du monde est aussi une réponse aux courants dits « wahhabites » – de nombreux chercheurs estimant qu’il est plus juste d’utiliser le terme de « néo-salafistes », le wahhabisme étant un phénomène très particulier et, en réalité, très peu présent dans les Balkans.
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