Saphirnews : Avez-vous relevé des points communs entre tous vos interviewés ?
Béatrice Guelpa : Il est difficile de répondre car le livre s’intéresse aux parcours personnels et ne cherche pas une généralisation. Mais, dans une société où l’on a parfois du mal à percevoir du sens et des repères clairs, la religion peut représenter des valeurs fortes, une façon de s’ancrer dans une tradition.
Aujourd’hui, on n’est pas obligé de se convertir formellement. Les personnes que j’ai rencontrées ont fait le choix de se coller sur le front une confession particulière. C’est une démarche forte et engageante, qui correspond à un besoin de se retrouver dans quelque chose d’immuable. A plusieurs reprises, les interviewés ont prononcé le mot « rassurant » en parlant de leur foi.
Aujourd’hui, on n’est pas obligé de se convertir formellement. Les personnes que j’ai rencontrées ont fait le choix de se coller sur le front une confession particulière. C’est une démarche forte et engageante, qui correspond à un besoin de se retrouver dans quelque chose d’immuable. A plusieurs reprises, les interviewés ont prononcé le mot « rassurant » en parlant de leur foi.
Dans votre livre se distinguent deux sortes de parcours de convertis : ceux qui suivent un cheminement spirituel et ceux qui vivent un déclic brutal…
B. G : La plupart des gens du livre ont des cheminements spirituels assez lents, ce n’est pas quelque chose de brutal. Les déclics, avec parfois des manifestations surnaturelles, sont surtout le fait des évangéliques mais on peut les retrouver dans d’autres religions. C’est aussi une manière pour les évangéliques de raconter leur conversion ; pour eux, ces manifestations font partie du processus.
Le phénomène des convertis semble en pleine expansion, auriez-vous des chiffres ?
B. G :Des sociologues comme Olivier Roy ou Danièle Hervieu-Léger ont déjà bien mis en évidence le fait que la religion, aujourd’hui, est non plus héritée mais choisie. Cela est une conséquence de l’individualisation de la société. La religion est un choix, comme disent mes interviewés, elle affirme une identité.
Mais je n’ai pas de chiffres. Les institutions religieuses donnent, évidemment, un nombre de convertis mais c’est une question délicate et instrumentalisée. Je n’avais pas envie d'entrer dans une sorte de concours ; je voulais, avant tout, raconter des aventures humaines.
Mais je n’ai pas de chiffres. Les institutions religieuses donnent, évidemment, un nombre de convertis mais c’est une question délicate et instrumentalisée. Je n’avais pas envie d'entrer dans une sorte de concours ; je voulais, avant tout, raconter des aventures humaines.
Au niveau du parcours spirituel, les convertis donnent l’impression de passer par une phase de recherche intense…
B. G :Des psychologues ont bien analysé ce processus. Il est vrai que, lorsque l’on découvre un sujet, on lit tout ce qui y touche. Il y a un enthousiasme humainement compréhensible.
Je me suis rendue à une rencontre organisée chaque année par l’Association des femmes musulmanes de Suisse, pour des convertis à l’islam. Il y a des conférenciers qui parlent aux convertis et mettent en garde contre cet enthousiasme du début. Pour eux, le risque est de rentrer très brutalement dans une religion et d’en sortir très vite. Ils insistaient sur le nécessaire cheminement de la conversion qui doit être fait à son rythme.
Je me suis rendue à une rencontre organisée chaque année par l’Association des femmes musulmanes de Suisse, pour des convertis à l’islam. Il y a des conférenciers qui parlent aux convertis et mettent en garde contre cet enthousiasme du début. Pour eux, le risque est de rentrer très brutalement dans une religion et d’en sortir très vite. Ils insistaient sur le nécessaire cheminement de la conversion qui doit être fait à son rythme.
Pourquoi ne vous-êtes vous pas intéressée aux plus radicaux… ?
B. G :En Suisse, nous avons eu cette votation sur les minarets, mais ce sont les mêmes problèmes en France. Dans les médias, on voit souvent des cas spectaculaires, notamment sur l’islam. Pour ma part, je voulais faire attention à ne pas mettre de l’huile sur le feu.
Au contraire, il faut montrer que, au-delà de ces images médiatisées, il y a d’autres parcours et d’autres approches. En ne regardant que les barbes, les robes longues ou les burqas, on pourrait passer à côté du parcours spirituel de ces gens. Plein de convertis arrivent à l’islam ou à d’autres religions par des chemins calmes et intérieurs.
Au contraire, il faut montrer que, au-delà de ces images médiatisées, il y a d’autres parcours et d’autres approches. En ne regardant que les barbes, les robes longues ou les burqas, on pourrait passer à côté du parcours spirituel de ces gens. Plein de convertis arrivent à l’islam ou à d’autres religions par des chemins calmes et intérieurs.
Dans votre livre, Charlotte, une juive convertie à l’islam, a porté le niqab pendant six ans : est-elle passée par une phase radicale ?
B. G :Elle décrit vraiment son parcours de cette façon, avec un besoin de se plonger à fond dans la religion. Je l’ai rencontrée par l'intermédiaire d’un forum Internet où elle avait signé « une sœur en détresse » et cela m’avait touché. Et puis, surtout, les commentaires m’avaient vraiment choquée. Il y avait beaucoup de gens qui l’avaient soupçonnée à cause de sa naissance juive. Je trouvais cela assez intolérant.
Pourquoi avoir écrit un livre sur les convertis ?
B. G :C’est une idée de la maison d’édition. Elle a déjà publié des livres sur la psychologie de la conversion. Elle avait envie d’avoir des parcours de gens, des aventures humaines. Cela m’intéressait, car la religion est une clé magnifique pour entrer très vite dans l’intimité des gens. Il n’y a pourtant pas de vocabulaire pour décrire réellement sa foi. Les personnes sont obligées de raconter toute leur vie, donc ce sont de très belles rencontres, très fortes.
* Béatrice Guelpa, D’une foi à l’autre ; portraits de convertis, éd. Labor et Fides, 2011.
* Béatrice Guelpa, D’une foi à l’autre ; portraits de convertis, éd. Labor et Fides, 2011.
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