L’interpellation d’Adama Traoré, un jeune de 24 ans, mardi 19 juillet vers 18h, a connu une issue dramatique. Il a été arrêté après être « allé au contact » des forces de l’ordre qui procédaient à l’arrestation de son grand frère Baguy pour une affaire « d’extorsion de fonds et d’agression à domicile » selon le procureur de la République de Pontoise Yves Jannier. Il ajoute qu’Adama Traoré a fait « un malaise cardiaque » et qu’il a « saisi la SR (Section de recherches, ndlr) et l'Inspection générale de la gendarmerie pour enquêter sur les circonstances du décès ».*
Du côté des proches, on ne veut pas croire au témoignage des gendarmes, affirmant qu’Adama Traoré « a été tabassé ». Relâché mercredi matin, Baguy Traoré a donné sa version sur iTélé : « Ils l'ont coursé, ils l'ont frappé, j'ai vu moi. Il était pour mort, il était encore menotté (...) J'ai vu le gendarme, il est parti avec un tee-shirt tout blanc, il est revenu avec un tee-shirt plein de sang. Il n'a pas de plaie, c'est le sang de mon frère qu'il a sur le tee-shirt. (...) Ils essaient d'inventer, de dire que c'est une crise cardiaque, mais rien du tout, c'est eux qui l'ont frappé. »
Du côté des proches, on ne veut pas croire au témoignage des gendarmes, affirmant qu’Adama Traoré « a été tabassé ». Relâché mercredi matin, Baguy Traoré a donné sa version sur iTélé : « Ils l'ont coursé, ils l'ont frappé, j'ai vu moi. Il était pour mort, il était encore menotté (...) J'ai vu le gendarme, il est parti avec un tee-shirt tout blanc, il est revenu avec un tee-shirt plein de sang. Il n'a pas de plaie, c'est le sang de mon frère qu'il a sur le tee-shirt. (...) Ils essaient d'inventer, de dire que c'est une crise cardiaque, mais rien du tout, c'est eux qui l'ont frappé. »
Sur BFMTV, Hatouma Traoré rapporte des déclarations témoignant que son frère Adama a été frappé à la gendarmerie. « Les gendarmes l'ont interpellé au centre-ville, l'ont tapé pour le faire entrer de force dans la voiture et il a eu une crise. Mais ils l'ont emmené quand même en garde à vue, sans appeler les pompiers ni rien du tout. (...) On nous a raconté qu'au poste, il était par terre, menotté, et qu'ils lui ont donné des coups sur la tête. Il a fait une crise, mais ils ont continué à lui donner des coups. Il a succombé aux coups » détaille-t-elle, précisant qu'il est mort le jour de son anniversaire.
Hassa, une autre sœur d’Adama, dénonce « un assassinat » et pointe du doigt les incohérences dans la version des gendarmes qui a changé plusieurs fois dans la soirée. « Les horaires ne correspondent pas du tout avec la réalité. A 21h, on me dit que mon frère a fait une crise à la gendarmerie. Après, ma famille se rend à l’hôpital où on lui dit qu’il n’est pas présent. Elle se rend à la gendarmerie. Ils lui disent que mon frère est là et qu’il va très bien. A 23h, ils la rappellent pour leur dire que mon frère est mort », raconte-t-elle.
Hassa, une autre sœur d’Adama, dénonce « un assassinat » et pointe du doigt les incohérences dans la version des gendarmes qui a changé plusieurs fois dans la soirée. « Les horaires ne correspondent pas du tout avec la réalité. A 21h, on me dit que mon frère a fait une crise à la gendarmerie. Après, ma famille se rend à l’hôpital où on lui dit qu’il n’est pas présent. Elle se rend à la gendarmerie. Ils lui disent que mon frère est là et qu’il va très bien. A 23h, ils la rappellent pour leur dire que mon frère est mort », raconte-t-elle.
La colère monte à Beaumont-sur-Oise
Suite à l’annonce du décès, « une centaine d'individus se sont livrés à des dégradations, des incendies volontaires et des tirs à l'encontre des forces de gendarmerie », selon le directeur de cabinet de la préfecture du département du Val-d'Oise, Jean-Simon Mérandat. Le procureur Yves Jannier ajoute que « quelques petits groupes d'individus s'en sont pris au bâtiment de la gendarmerie de Persan » et ont tenté de l’incendier. Une version des faits qui ne prend pas en compte les raisons de la colère des jeunes, révoltés d'une part par le décès suspect d'un homme qui avait la même tranche d'âge qu'eux.
Environ 150 gendarmes et 60 sapeurs-pompiers ont été mobilisés. Une habitante de Boyenval, un quartier de Beaumont-sur-Oise où des affrontements se sont déroulés a témoigné auprès de La Gazette Valdoise : « J’ai entendu une explosion. Au début, j’ai cru que c’était des feux d’artifice. Puis, j’ai vu par la fenêtre les échanges entre les jeunes qui leur lançaient des cailloux et les gendarmes. » « Ils répliquaient au flashball et au gaz lacrymogène, ça tombait juste devant nos fenêtres, J’ai eu peur pour ma petite fille », confie un père de famille de 40 ans. C’est seulement autour de 3h30 du matin que les échauffourées ont pris fin. Six gendarmes ont été blessés.
Environ 150 gendarmes et 60 sapeurs-pompiers ont été mobilisés. Une habitante de Boyenval, un quartier de Beaumont-sur-Oise où des affrontements se sont déroulés a témoigné auprès de La Gazette Valdoise : « J’ai entendu une explosion. Au début, j’ai cru que c’était des feux d’artifice. Puis, j’ai vu par la fenêtre les échanges entre les jeunes qui leur lançaient des cailloux et les gendarmes. » « Ils répliquaient au flashball et au gaz lacrymogène, ça tombait juste devant nos fenêtres, J’ai eu peur pour ma petite fille », confie un père de famille de 40 ans. C’est seulement autour de 3h30 du matin que les échauffourées ont pris fin. Six gendarmes ont été blessés.
La famille réclame des explications
Mercredi après-midi, une conférence de presse avec le préfet devait se tenir à la mairie de Persan. Un groupe de jeunes de Boyenval s’y était rendu pour exiger des explications du préfet après la mort d’Adama. La conférence de presse a été annulée car le préfet ne souhaitait pas rencontrer les jeunes. Plusieurs d'entre eux ont témoigné devant les journalistes qui se sont déplacés, navrés de ne constater une forte présence médiatique dans la commune qu'en raison d'un début d'émeutes. Ils ont ainsi dénoncé le fait qu'il n'y a généralement, pour les jeunes, que ce moyen pour s'exprimer et faire entendre leur version lors de cas similaires à celui d'Adama.
Un sit-in rassemblant quelques dizaines de personnes s’est ensuite tenu devant la gendarmerie de Persan. Les manifestants, non armés, ont été gazés par les forces de l’ordre.
Un sit-in rassemblant quelques dizaines de personnes s’est ensuite tenu devant la gendarmerie de Persan. Les manifestants, non armés, ont été gazés par les forces de l’ordre.
Les proches d’Adama Traoré réclament toujours à voir le corps du défunt et une audience avec le maire qui, pour le moment, n'a pas accepté de recevoir la famille.
*Mise à jour jeudi 21 juillet : Selon le procureur, et sur la base de l’autopsie officielle d’Adama Traoré, celui-ci souffrait d'une « infection très grave touchant plusieurs organes » et ne portait pas de « traces de violences significatives ». La famille, qui entend demander une contre-expertise, a pu voir le corps après l’autopsie.
Le Défenseur des droits, saisi par l’affaire, a annoncé avoir lancé une instruction « conformément aux prérogatives qui lui sont dévolues au titre de sa mission de surveillance du respect, par les policiers et les gendarmes, des règles de déontologie professionnelle qui régissent leurs activités ». Il lancé également « un appel solennel au calme ».
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*Mise à jour jeudi 21 juillet : Selon le procureur, et sur la base de l’autopsie officielle d’Adama Traoré, celui-ci souffrait d'une « infection très grave touchant plusieurs organes » et ne portait pas de « traces de violences significatives ». La famille, qui entend demander une contre-expertise, a pu voir le corps après l’autopsie.
Le Défenseur des droits, saisi par l’affaire, a annoncé avoir lancé une instruction « conformément aux prérogatives qui lui sont dévolues au titre de sa mission de surveillance du respect, par les policiers et les gendarmes, des règles de déontologie professionnelle qui régissent leurs activités ». Il lancé également « un appel solennel au calme ».
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