Les coups pleuvent comme jamais sur les travailleurs : gel des salaires… et du barème de l’impôt sur le revenu, licenciements à la pelle, flexibilisation de l’emploi et pour finir une énième « réforme » des retraites qui ne fera que repousser encore un peu plus le droit à un repos bien mérité (et au passage rabotera les pensions).
Le gouvernement actuel poursuit la politique économique de son prédécesseur à quelques nuances près. Englué dans les contraintes budgétaires de l’Europe communautaire, il faut dire que ses marges de manœuvre sont bien limitées… Il ne lui reste plus que les vieilles recettes : réactiver le mythe éculé de « l’union nationale » face à un ennemi intérieur (alternativement le Rom et le musulman) ou extérieur (la Syrie et ses « armes de destruction massive »).
Mis en échec sur le front intérieur, le gouvernement cherche une issue… extérieure. Le procédé n’est pas nouveau, il a déjà été utilisé par les Etats-Unis et a largement fait ses preuves. Rappelons que la fameuse « guerre contre le terrorisme » (en clair contre l’Irak et l’Afghanistan) a permis à l’administration Bush de masquer une situation économique désastreuse provoquée, notamment, par l’effondrement du fond de pension Enron et l’éclatement de la bulle Internet.
Le scénario est bien rodé : un événement extérieur sert de prétexte à une intervention armée contre un régime prétendument hostile. Celle-ci est justifiée par une propagande de guerre dont la mécanique est quasi immuable : cacher la nature des vrais mobiles sous le prétexte de « l’intervention humanitaire », diaboliser le pays-cible tout en faisant apparaître les opposants comme des victimes, monopoliser l’information et empêcher tout débat contradictoire.
De fait, l’information – sans doute mensongère – de l’usage d’armes chimiques par Damas a fait l’objet d’un véritable battage médiatique dans la plupart des médias occidentaux et toute voie dissidente (par exemple, relayant la version russe) soigneusement étouffée.
Rappelons que l’effet d’aubaine des attentats du 11 septembre 2001 a été remarquable, en permettant la mise en place d’un gigantesque appareil sécuritaire à l’échelon des Etats-Unis et de l’Europe : renforcement des dispositifs de coopération policière et judiciaire dont le mandat d’arrêt européen sera la clé de voûte [1], restriction des libertés publiques et privées et boulimie de collecte et de stockage de données nominatives de la part des institutions officielles ou des agences privées (voir mon ouvrage).
Masquant son incompétence économique par un contrôle total de la situation intérieure, G.W. Bush a été réélu sans difficultés. La « guerre contre le terrorisme », en s’appuyant sur un appareil de propagande efficace, a justifié le renversement de l’Irak alors que ce pays, ancien allié des Etats-Unis contre l’Iran, était totalement étranger aux attentats contre les tours jumelles.
Le gouvernement actuel poursuit la politique économique de son prédécesseur à quelques nuances près. Englué dans les contraintes budgétaires de l’Europe communautaire, il faut dire que ses marges de manœuvre sont bien limitées… Il ne lui reste plus que les vieilles recettes : réactiver le mythe éculé de « l’union nationale » face à un ennemi intérieur (alternativement le Rom et le musulman) ou extérieur (la Syrie et ses « armes de destruction massive »).
Mis en échec sur le front intérieur, le gouvernement cherche une issue… extérieure. Le procédé n’est pas nouveau, il a déjà été utilisé par les Etats-Unis et a largement fait ses preuves. Rappelons que la fameuse « guerre contre le terrorisme » (en clair contre l’Irak et l’Afghanistan) a permis à l’administration Bush de masquer une situation économique désastreuse provoquée, notamment, par l’effondrement du fond de pension Enron et l’éclatement de la bulle Internet.
Le scénario est bien rodé : un événement extérieur sert de prétexte à une intervention armée contre un régime prétendument hostile. Celle-ci est justifiée par une propagande de guerre dont la mécanique est quasi immuable : cacher la nature des vrais mobiles sous le prétexte de « l’intervention humanitaire », diaboliser le pays-cible tout en faisant apparaître les opposants comme des victimes, monopoliser l’information et empêcher tout débat contradictoire.
De fait, l’information – sans doute mensongère – de l’usage d’armes chimiques par Damas a fait l’objet d’un véritable battage médiatique dans la plupart des médias occidentaux et toute voie dissidente (par exemple, relayant la version russe) soigneusement étouffée.
Rappelons que l’effet d’aubaine des attentats du 11 septembre 2001 a été remarquable, en permettant la mise en place d’un gigantesque appareil sécuritaire à l’échelon des Etats-Unis et de l’Europe : renforcement des dispositifs de coopération policière et judiciaire dont le mandat d’arrêt européen sera la clé de voûte [1], restriction des libertés publiques et privées et boulimie de collecte et de stockage de données nominatives de la part des institutions officielles ou des agences privées (voir mon ouvrage).
Masquant son incompétence économique par un contrôle total de la situation intérieure, G.W. Bush a été réélu sans difficultés. La « guerre contre le terrorisme », en s’appuyant sur un appareil de propagande efficace, a justifié le renversement de l’Irak alors que ce pays, ancien allié des Etats-Unis contre l’Iran, était totalement étranger aux attentats contre les tours jumelles.
Dans le cas syrien, la mécanique de la propagande apparaît plus fragile et l’affaire du gaz sarin risque de s’éventer rapidement.
De fait, une majorité de citoyens français et américains sont opposés à la guerre. Les rapports faisant étant de l’usage d’armes chimiques ne mentionnent pas qui les a utilisées. Or, il est avéré que les opposants au régime se sont déjà servi de telles armes il y a quelques mois, d’ailleurs sans susciter la moindre indignation de la part de la « communauté internationale », tandis que le régime de Damas n’a aucun intérêt à le faire : il est actuellement en position de force sur le terrain et sait bien que l’usage d’armes chimiques, aisément décelable, l’exposerait à une intervention extérieure qui lui serait sans doute fatale.
En réalité, cela fait belle lurette que le gouvernement baasiste est dans le collimateur des puissances occidentales et le renversement de Bachar-al-Assad était dans les agendas américains et anglais bien avant l’épisode des armes chimiques.
Depuis de nombreuses années, l’opposition étrangère à la Syrie, appuyée par les monarchies du Golfe et ses alliés, a construit un gigantesque appareil de propagande, notamment avec l’aide financière du gouvernement américain, pour renverser le régime de Damas en manipulant l’opinion mondiale et la préparer à une guerre.
Les mobiles affichés pour justifier une intervention ne sont donc pas crédibles et il semblerait que les motivations réelles soient une fois de plus de nature géostratégique et économique. La Syrie représente à la fois un obstacle aux volontés expansionnistes des Etats-Unis au Moyen-Orient et un réservoir fantastique de matières premières, notamment gazières.
Quoi qu’il en soit des motifs et de l’issue du conflit, l’opération de diversion menée par François Hollande aura atteint ses objectifs : cacher pour un temps son inconsistance sous l’uniforme de « chef de guerre » et faire oublier le désastre de la situation intérieure en diabolisant un ennemi extérieur dans la défaite duquel pas plus le peuple français que le peuple syrien, d’ailleurs largement favorable à Bachar-al-Assad, n’a quoi que ce soit à gagner.
Note
[1] Voir A. Mégie, « Le 11 septembre : élément accélérateur de la coopération judiciaire européenne ? Le cas du mandat d’arrêt européen », Les Cahiers de la sécurité intérieure, n° 55, 1er trimestre 2004, p.91-120.
Nicolas Bourgoin est démographe, maître de conférences à l’université de Franche-Comté, membre du Laboratoire de sociologie et d’anthropologie de l’université de Franche-Comté (LASA-UFC). Dernier ouvrage paru : La Révolution sécuritaire, Éditions Champ social, 2013.
De fait, une majorité de citoyens français et américains sont opposés à la guerre. Les rapports faisant étant de l’usage d’armes chimiques ne mentionnent pas qui les a utilisées. Or, il est avéré que les opposants au régime se sont déjà servi de telles armes il y a quelques mois, d’ailleurs sans susciter la moindre indignation de la part de la « communauté internationale », tandis que le régime de Damas n’a aucun intérêt à le faire : il est actuellement en position de force sur le terrain et sait bien que l’usage d’armes chimiques, aisément décelable, l’exposerait à une intervention extérieure qui lui serait sans doute fatale.
En réalité, cela fait belle lurette que le gouvernement baasiste est dans le collimateur des puissances occidentales et le renversement de Bachar-al-Assad était dans les agendas américains et anglais bien avant l’épisode des armes chimiques.
Depuis de nombreuses années, l’opposition étrangère à la Syrie, appuyée par les monarchies du Golfe et ses alliés, a construit un gigantesque appareil de propagande, notamment avec l’aide financière du gouvernement américain, pour renverser le régime de Damas en manipulant l’opinion mondiale et la préparer à une guerre.
Les mobiles affichés pour justifier une intervention ne sont donc pas crédibles et il semblerait que les motivations réelles soient une fois de plus de nature géostratégique et économique. La Syrie représente à la fois un obstacle aux volontés expansionnistes des Etats-Unis au Moyen-Orient et un réservoir fantastique de matières premières, notamment gazières.
Quoi qu’il en soit des motifs et de l’issue du conflit, l’opération de diversion menée par François Hollande aura atteint ses objectifs : cacher pour un temps son inconsistance sous l’uniforme de « chef de guerre » et faire oublier le désastre de la situation intérieure en diabolisant un ennemi extérieur dans la défaite duquel pas plus le peuple français que le peuple syrien, d’ailleurs largement favorable à Bachar-al-Assad, n’a quoi que ce soit à gagner.
Note
[1] Voir A. Mégie, « Le 11 septembre : élément accélérateur de la coopération judiciaire européenne ? Le cas du mandat d’arrêt européen », Les Cahiers de la sécurité intérieure, n° 55, 1er trimestre 2004, p.91-120.
Nicolas Bourgoin est démographe, maître de conférences à l’université de Franche-Comté, membre du Laboratoire de sociologie et d’anthropologie de l’université de Franche-Comté (LASA-UFC). Dernier ouvrage paru : La Révolution sécuritaire, Éditions Champ social, 2013.
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