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Points de vue

Burger halal : indigestion électorale à Roubaix

Par Slimane Tir*

Rédigé par Slimane Tir | Jeudi 18 Février 2010 à 15:35

           


Burger halal : indigestion électorale à Roubaix
Les déclarations du maire de Roubaix relèvent de la surenchère électoraliste. Elles sont lourdes de conséquences graves et négatives pour notre ville, son image et plus fondamentalement pour les relations entre ses citoyens.

M. Vandierendonck est bien placé, en tant que juriste, pour savoir que ses arguments ne vaudront pas grand-chose devant un tribunal, face à la liberté d'installation et la liberté de commerce. Son projet d'arrêté − s'il ose même le prendre − relèvera, à coup sûr, d'un excès de pouvoir, comme cela a été le cas récemment pour de respectables restaurateurs de la Grand-Rue, des rues de Lannoy et de l'Epeule, empêchés d'exercer leur métier.

M. Vandierendonck vitupère, menace de faire pression via l'actionnaire principal qui a autorisé ce choix de diversification (la Caisse des dépôts détentrice de 99 % du capital de l’enseigne) afin d'imposer un point de vue au gérant franchisé (par ailleurs élu UMP d'une ville voisine) d’un établissement de restauration rapide, en perte de vitesse et menacé de fermeture par une très forte concurrence dans sa proximité immédiate.

À moins de 300 m, une autre chaîne annonce, sur son site, délivrer des produits à base de viande de poulet, proclamée halal, depuis déjà plus de deux ans, une troisième enseigne de restauration rapide, indépendante, s'est ouverte l’été 2009, sur le même segment de marché, sans jamais susciter aucune réaction de la part de la municipalité.

Halal ou pas, la malbouffe reste la malbouffe. S’agissant de business, l'argent n'a ni odeur ni religion. Nous assistons à la manifestation du réalisme économique d’une entreprise, dont l’établissement et les emplois sont menacés en ces temps de crise et de concurrence exacerbée.

Il est pour le moins paradoxal, que M. Vandierendonck, après avoir, au nom du même réalisme, ouvert une brèche dans l'agglomération contre le principe du repos dominical, fasse appel aux valeurs, pour s’opposer à une telle décision. Rappelons-nous, ici, en Nord-Pas-de-Calais, que le dimanche, « jour de repos hebdomadaire pour les employés et ouvriers », a été institué en 1906, par la loi Sarrien-Abbé Lemire, après la catastrophe de Courrières et la mobilisation massive des Gueules noires.

Les citoyens et les consommateurs ont, eux aussi, le pouvoir : celui de choisir leurs lieux de consommation, de choisir de consommer équilibré, de refuser la dérive consumériste, défavorable aux petits commerces comme à l’emploi qu’elle précarise.

Pourquoi donc cette agitation maintenant, alors que cette entreprise a lancé son opération depuis le 28 novembre 2009 ?

Est-ce la proximité des élections régionales qui pousse ce candidat socialiste à cette surenchère, qui stigmatise une partie de nos concitoyens et insulte l'intelligence des autres ?

Quelle est donc la triste réalité sociale et démocratique dans laquelle notre ville s'enfonce, qu' on cherche à nous faire oublier, à n'importe quel prix, quitte à s'aligner sur les positions de Mme Le Pen... ?

En place depuis deux ans, la majorité municipale, est manifestement en panne, soumise à des foucades autocratiques. Notre conseil municipal est devenu un simulacre de démocratie formelle.

Je constate, avec regrets, que le débat public est plombé par des sujets de plus en plus polémiques, creusant les fossés entre nos concitoyens, tournant le dos à leurs préoccupations essentielles et à la concorde civile.

Dans ces élections régionales, nous devons nous obliger non à manipuler les peurs, mais à organiser une légitime confrontation de projets, signe de vitalité démocratique et de respect de nos concitoyens.


* Slimane Tir est conseiller municipal Verts à Roubaix : www.slimanetir.com







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