Il n’y en a que pour Charlie Hebdo aujourd’hui. Depuis l’incendie qui a détruit la rédaction du journal, dans la nuit du mardi à mercredi 2 novembre, politiques et mass médias sont tous mobilisés pour couvrir cette affaire.
A l’instar de Jean-François Copé, secrétaire général de l’UMP, le ministre de l’Intérieur Claude Guéant a dénoncé un « attentat » à la liberté d’expression pendant que Nathalie Kosciusko-Morizet, la ministre de l'Ecologie, a fustigé les « ennemis de la démocratie ». Même son de cloche au sein de la gauche. Martine Aubry, première secrétaire du PS, a déclaré sa « totale solidarité » tandis que Jean-Luc Mélenchon du Front de gauche, a jugé « répugnant » l’acte.
A l’instar de Jean-François Copé, secrétaire général de l’UMP, le ministre de l’Intérieur Claude Guéant a dénoncé un « attentat » à la liberté d’expression pendant que Nathalie Kosciusko-Morizet, la ministre de l'Ecologie, a fustigé les « ennemis de la démocratie ». Même son de cloche au sein de la gauche. Martine Aubry, première secrétaire du PS, a déclaré sa « totale solidarité » tandis que Jean-Luc Mélenchon du Front de gauche, a jugé « répugnant » l’acte.
Les musulmans condamnent avec prudence
Selon les premiers éléments de l’enquête, qui mobilise toutes les forces de la police judiciaire de Paris, c’est un jet de cocktail molotov qui est à l’origine du sinistre. L’incendie n’a pas été revendiqué jusque-là mais, pour Charlie Hebdo, les coupables tout désignés sont des « activistes islamistes ». Selon un expert du ministère, « un petit groupe d'extrémistes » pourrait être derrière cet incendie « mais il est trop tôt pour préciser de qui il s'agit. » L’enquête n’a pas encore avancé que les musulmans dans leur ensemble sont déjà stigmatisés.
Les institutions musulmanes ont très tôt dénoncé l’incendie. Mais si les premiers indices s’orientent vers l’hypothèse d’un acte criminel, les responsables de la communauté musulmane en France préfèrent rester prudents dans leurs déclarations à la presse à commencer par Mohammed Moussaoui, président du Conseil français du culte musulman (CFCM). Tout en réaffirmant « avec force son opposition totale à tout acte et à toute forme de violence », il relève des incohérences qui furent visibles un court moment sur le site de Charlie Hebdo : « Sur la page piratée du site (…), il est écrit "le prophète tout puissant de l'islam". C'est révélateur : ceux qui ont piraté le site n'ont pas les références des musulmans, pour qui seul Allah est tout puissant, pas son Prophète. »
Les institutions musulmanes ont très tôt dénoncé l’incendie. Mais si les premiers indices s’orientent vers l’hypothèse d’un acte criminel, les responsables de la communauté musulmane en France préfèrent rester prudents dans leurs déclarations à la presse à commencer par Mohammed Moussaoui, président du Conseil français du culte musulman (CFCM). Tout en réaffirmant « avec force son opposition totale à tout acte et à toute forme de violence », il relève des incohérences qui furent visibles un court moment sur le site de Charlie Hebdo : « Sur la page piratée du site (…), il est écrit "le prophète tout puissant de l'islam". C'est révélateur : ceux qui ont piraté le site n'ont pas les références des musulmans, pour qui seul Allah est tout puissant, pas son Prophète. »
Le contenu de Charlie Hebdo dénoncé
Détruire un local de la presse, c’est moche mais Charlie Hebdo a réussi à faire oublier le débat de fond quant au contenu du journal. Bien que les propos tenus soient bourrés de préjugés et de clichés islamophobes, on ne peut guère en parler de crainte d'être taxé de complaisance à l'égard des « intégristes ». La plainte, qui avait été envisagée dans un premier temps par le CFCM, n'est d'ailleurs plus d'actualité.
Pourtant, si tout le monde, y compris les musulmans, défendent aujourd’hui la liberté d’expression, celle-ci ne doit pas se faire au mépris des convictions d’une population particulière. Or, le Prophète Muhammad, de nouveau caricaturé en une, a été choisi pour être le « rédacteur en chef » du journal qui l’a présenté comme un « Ben Laden » en 2006. « Conscient de la place qu’occupe le sacré dans les cœurs des musulmans, le CFCM déplore vivement le ton très caricatural du journal à l’égard de l’islam et de son Prophète », déclare-t-on par communiqué.
A l’heure où les musulmans ne cessent de déplorer la montée de l’islamophobie en France et en Europe, la Grande Mosquée de Paris a tenu à rappeler que « le climat européen anxiogène d'islamophobie, fait d'amalgames et de stigmatisations caricaturales de la foi islamique et des musulmans est fort regrettable et nuisible aux valeurs laïques et du vivre ensemble que les musulmans de France partagent pleinement. »
Comme le rappelle si souvent le CCIF, « l’islamophobie est non pas une opinion » mais « un délit ». Non pas un délit de « blasphème », qui n’existe pas en France, mais un délit pénal passible de prison. Sauf qu’en ce moment le prétexte de la laïcité et la liberté de parole ont bon dos pour couvrir les discours fallacieux.
Une tendance qui rapporte même beaucoup. Après la parution des caricatures du Prophète en 2006, qui a assuré à Charlie Hebdo la gloire, le journal satirique surfe cette fois sur l’actualité du monde arabe pour reconquérir le public. « Hop, un petit coup de turban à la une, ça fera le buzz, et ça évitera à nos lecteurs de réfléchir trop profondément aux rapports de la charia et du droit civil dans l'ensemble des pays musulmans, ou à la nature précise du parti Ennahdha », indique à juste titre Daniel Schneidermann, directeur de la publication du site Arrêt sur images.
Pourtant, si tout le monde, y compris les musulmans, défendent aujourd’hui la liberté d’expression, celle-ci ne doit pas se faire au mépris des convictions d’une population particulière. Or, le Prophète Muhammad, de nouveau caricaturé en une, a été choisi pour être le « rédacteur en chef » du journal qui l’a présenté comme un « Ben Laden » en 2006. « Conscient de la place qu’occupe le sacré dans les cœurs des musulmans, le CFCM déplore vivement le ton très caricatural du journal à l’égard de l’islam et de son Prophète », déclare-t-on par communiqué.
A l’heure où les musulmans ne cessent de déplorer la montée de l’islamophobie en France et en Europe, la Grande Mosquée de Paris a tenu à rappeler que « le climat européen anxiogène d'islamophobie, fait d'amalgames et de stigmatisations caricaturales de la foi islamique et des musulmans est fort regrettable et nuisible aux valeurs laïques et du vivre ensemble que les musulmans de France partagent pleinement. »
Comme le rappelle si souvent le CCIF, « l’islamophobie est non pas une opinion » mais « un délit ». Non pas un délit de « blasphème », qui n’existe pas en France, mais un délit pénal passible de prison. Sauf qu’en ce moment le prétexte de la laïcité et la liberté de parole ont bon dos pour couvrir les discours fallacieux.
Une tendance qui rapporte même beaucoup. Après la parution des caricatures du Prophète en 2006, qui a assuré à Charlie Hebdo la gloire, le journal satirique surfe cette fois sur l’actualité du monde arabe pour reconquérir le public. « Hop, un petit coup de turban à la une, ça fera le buzz, et ça évitera à nos lecteurs de réfléchir trop profondément aux rapports de la charia et du droit civil dans l'ensemble des pays musulmans, ou à la nature précise du parti Ennahdha », indique à juste titre Daniel Schneidermann, directeur de la publication du site Arrêt sur images.
Une promotion réussie au détriment de la vérité
La victoire d’Ennahdha en Tunisie a donné des ailes à la publication, qui mise sur l’inquiétude de l’Occident tout en prenant le soin d’oublier le caractère démocratique et exemplaire des élections. Pour créer le buzz, quoi de plus simple alors que d’employer le terme « charia » pour faire peur aux Français, qui ne la réduisent plus qu’aux châtiments corporels et à l’oppression des femmes. Une contre-vérité qui nuit à l’image de la communauté musulmane mais qui profite à « Charia Hebdo », dont les ventes explosent (75 000 exemplaires pour la seule journée du mercredi). Quelques heures après sa parution, les kiosques ont été en rupture de stock.
Les extrémistes qui ont incendié les locaux, quels qu’ils soient, n’en ont que plus décuplé l’opération de promotion puisque le titre, qui était en perte de vitesse après le départ du caricaturiste Siné - viré pour « antisémitisme » - en 2008, a été relancé. Mais sur le dos des musulmans, première victimes de cette affaire. En jouant la provoc, Charlie Hebdo, qui a reçu l’asile journalistique auprès de Libération, a tout gagné : la notoriété et la solidarité de tous.
Les extrémistes qui ont incendié les locaux, quels qu’ils soient, n’en ont que plus décuplé l’opération de promotion puisque le titre, qui était en perte de vitesse après le départ du caricaturiste Siné - viré pour « antisémitisme » - en 2008, a été relancé. Mais sur le dos des musulmans, première victimes de cette affaire. En jouant la provoc, Charlie Hebdo, qui a reçu l’asile journalistique auprès de Libération, a tout gagné : la notoriété et la solidarité de tous.