Dimanche 11 janvier 2015, j’étais présente au rassemblement populaire à Strasbourg. Le collectif qui appelait à manifester a commencé son discours par « Nous sommes tous des Charlie ». Et pourtant, je n’étais pas Charlie. Je ne me reconnais pas en Charlie, je ne pouvais donc pas m’y identifier. Ce n’est pas seulement Charlie Hebdo que l’on a assassiné, c’est la France dans sa diversité qui a été meurtrie. Les journalistes de Charlie mais aussi Clarissa, Ahmed, Yoav, Philippe, Yohan et François Michel représentaient la réalité française, celle qui cohabite et coexiste au quotidien. Journalistes, gardien de la paix et civils étaient tous ensemble victimes de la haine et du terrorisme.
Alors dimanche, j’ai porté à bout de bras ma pancarte #NousSommesEnsemble. Les manifestants la lisaient, souriaient, s’exclamaient ou applaudissaient. Une dame d’environ 70 ans est venue vers moi pour me demander si j’étais musulmane et s’est émue face à ma réponse. Elle me dit : « Merci ! » Je lui répondis : « Merci à Nous tous. »
Entre Nous, il n’y avait plus de mots. Il y avait du sens. Un sens que les émotions rendaient palpables. Nous étions ensemble, en mémoire à toutes ces vies humaines volées, avec l’espoir d’un avenir meilleur.
Charlie est à l’image de la France dont l’histoire révolutionnaire anticléricale nous apprend tant sur son rapport aux religions. Charlie n’aime pas les religions tout comme la France à travers son histoire séculaire et douloureuse.
Alors dimanche, j’ai porté à bout de bras ma pancarte #NousSommesEnsemble. Les manifestants la lisaient, souriaient, s’exclamaient ou applaudissaient. Une dame d’environ 70 ans est venue vers moi pour me demander si j’étais musulmane et s’est émue face à ma réponse. Elle me dit : « Merci ! » Je lui répondis : « Merci à Nous tous. »
Entre Nous, il n’y avait plus de mots. Il y avait du sens. Un sens que les émotions rendaient palpables. Nous étions ensemble, en mémoire à toutes ces vies humaines volées, avec l’espoir d’un avenir meilleur.
Charlie est à l’image de la France dont l’histoire révolutionnaire anticléricale nous apprend tant sur son rapport aux religions. Charlie n’aime pas les religions tout comme la France à travers son histoire séculaire et douloureuse.
De qui Mahomet est-il le nom ?
Alors lorsque Charlie décide de sortir à 1, 3 puis 5 millions d’exemplaires un numéro dont la Une est une caricature du Prophète de l’islam, je m’interroge. Cet homme qu’il représente, s’appelle Mahomet. Je ne le connais pas. Il est l’archétype de l’arabe musulman, en turban et djellaba, auquel Charlie attribue tous les stigmates. Il est une projection française réductrice et contextualisée d’un homme qu’ils désignent comme nôtre. Il ne l‘est pas. Il n’est pas Muhammad. Il n’est qu’une image tronquée, une projection stylisée d’un ensemble de clichés pérennes. Charlie qui n’aime pas les symboles a son symbole de l’islam qui est Mahomet, « celui qui n’est pas béni ». Il est le symbole de l’autre : l’Arabe et le musulman caricaturés à l’extrême.
Et puis, il y a l’Autre, celui que l’ignorance, les stéréotypes et les critiques empêchent de connaître. Il s’appelait Muhammad, « celui qui est béni ». Il n’a aucun trait commun avec la caricature que Charlie en fait. Il ne porte pas même son nom. Alors pourquoi me sentirais-je offensée ? Je n’y vois pas la figure de celui qui vivait pour améliorer le monde qui l’entourait. Et surtout, je me rappelle ce passage de sa biographie, où se rendant dans un village nommé Taïf, il fut rejeté, insulté et attaqué à coup de pierres par les villageois. Le récit dit que l’ange Gabriel est venu à lui, lui demandant s’il voulait que Dieu venge cette offense. Savez-vous ce qu’il a répondu ?
Il a répondu qu’il souhaitait que ces personnes sortent de l’ignorance, par miséricorde. Il s’appelait Muhammad, celui qui agissait par miséricorde pour l’humanité.
****
Hanane Karimi est doctorante en sociologie et porte-parole du collectif Femmes dans la mosquée.
Et puis, il y a l’Autre, celui que l’ignorance, les stéréotypes et les critiques empêchent de connaître. Il s’appelait Muhammad, « celui qui est béni ». Il n’a aucun trait commun avec la caricature que Charlie en fait. Il ne porte pas même son nom. Alors pourquoi me sentirais-je offensée ? Je n’y vois pas la figure de celui qui vivait pour améliorer le monde qui l’entourait. Et surtout, je me rappelle ce passage de sa biographie, où se rendant dans un village nommé Taïf, il fut rejeté, insulté et attaqué à coup de pierres par les villageois. Le récit dit que l’ange Gabriel est venu à lui, lui demandant s’il voulait que Dieu venge cette offense. Savez-vous ce qu’il a répondu ?
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