Robert Ménard en compagnie du cheikh Omar Mamoun lors de la conférence de presse du 31 mars annonçant les deux premières signatures de la charte des mosquées de Béziers.
Robert Ménard présentait le 26 novembre 2015 sa charte des mosquées, une liste de six principes adressée aux imams et aux présidents des associations en charge des lieux de culte musulman. Moins de deux semaines après les attentats de Paris et de Saint-Denis, le maire de Béziers réclamait ainsi aux mosquées de sa ville de prouver leur allégeance à la République en signant publiquement le document.
Difficile pour les musulmans de la ville d’accepter de s’afficher avec Robert Ménard tant ce dernier traîne derrière lui des polémiques. En mars 2015, il a fait scandale en revendiquant le fichage des enfants musulmans à partir des prénoms. Puis, lorsque des groupes de musulmans avaient pris l’initiative de protéger des églises au soir de Noël 2015, le maire lâchait : « Depuis quand les pyromanes protègent des incendies ? »
Difficile pour les musulmans de la ville d’accepter de s’afficher avec Robert Ménard tant ce dernier traîne derrière lui des polémiques. En mars 2015, il a fait scandale en revendiquant le fichage des enfants musulmans à partir des prénoms. Puis, lorsque des groupes de musulmans avaient pris l’initiative de protéger des églises au soir de Noël 2015, le maire lâchait : « Depuis quand les pyromanes protègent des incendies ? »
Dresser les mosquées contre les autres
Malgré tout, Robert Ménard a annoncé en grande pompe, le 31 mars, la signature de la charte par deux responsables de mosquée. Au cours de la conférence de presse organisée à l'hôtel de ville, il affirme que la charte est « d’inspiration républicaine (et) semble garantir la pratique d’un islam respectueux de ce qu’est ce pays ». À sa droite est assis Omar Mamoun, imam de la mosquée El Houda de Béziers et visiblement mal à l’aise. Tout au long de la conférence, Robert Ménard jette régulièrement des regards demandant approbation et validation de l’imam qui hoche la tête et décroche de légers « oui ».
S’agissant des fidèles des deux mosquées signataires, le maire se réjouit qu’ils « ne vivent pas retranchés du reste de la population » puis, regardant fixement l’imam, ajoute : « On se voit, on fait les courses aux mêmes endroits, on peut déjeuner ensemble. »
Le représentant de la deuxième mosquée signataire, connue sous le nom de mosquée du Faubourg, n’est pas visible dans les images de la conférence de presse. Locataire du 28 rue des Casernes depuis les années 1980, l’Association culturelle des musulmans de Béziers (ACMB), qui gère la mosquée, souhaitait depuis longtemps acquérir le bâtiment. Ce fut chose faite le 29 mars 2016, deux jours avant la conférence de presse relative à la charte des mosquée. Le conseil municipal de Béziers a voté ce soir-là à l’unanimité la vente de l’immeuble. Il n’est ainsi pas difficile de faire le lien entre cette cession d’immobilier et la signature de la charte des mosquées...
Du côté des responsables d'Ar-Rahma, la plus grande mosquée de la ville située dans le quartier de la Devèze, on comprend en ce sens la décision des dirigeants de la mosquée du Faubourg. En revanche, la prise de position de la mosquée El Houda est moins bien acceptée.
S’agissant des fidèles des deux mosquées signataires, le maire se réjouit qu’ils « ne vivent pas retranchés du reste de la population » puis, regardant fixement l’imam, ajoute : « On se voit, on fait les courses aux mêmes endroits, on peut déjeuner ensemble. »
Le représentant de la deuxième mosquée signataire, connue sous le nom de mosquée du Faubourg, n’est pas visible dans les images de la conférence de presse. Locataire du 28 rue des Casernes depuis les années 1980, l’Association culturelle des musulmans de Béziers (ACMB), qui gère la mosquée, souhaitait depuis longtemps acquérir le bâtiment. Ce fut chose faite le 29 mars 2016, deux jours avant la conférence de presse relative à la charte des mosquée. Le conseil municipal de Béziers a voté ce soir-là à l’unanimité la vente de l’immeuble. Il n’est ainsi pas difficile de faire le lien entre cette cession d’immobilier et la signature de la charte des mosquées...
Du côté des responsables d'Ar-Rahma, la plus grande mosquée de la ville située dans le quartier de la Devèze, on comprend en ce sens la décision des dirigeants de la mosquée du Faubourg. En revanche, la prise de position de la mosquée El Houda est moins bien acceptée.
Omar Mamoun : la charte, « conforme aux prescriptions sacrées de l’islam »
Son dirigeant Omar Mamoun, réputé comme étant un des plus grands érudits de la ville, a rappelé, lors de la conférence de presse, qu’il a étudié en Syrie et en Arabie Saoudite. Sa science de l’islam faisant autorité, il fut amené à diriger la prière lors des grands rassemblements religieux de l’Aïd à Béziers.
L’imam de la mosquée El Houda a participé à la réécriture de la charte, la première mouture étant quelque peu différente de la seconde version visible dans le bulletin officiel de Béziers du 15 décembre 2015. On pouvait notamment lire dans une première version que les imams « s’engagent à ne pas promouvoir les textes et livres comme ceux de l’école malékite qui prescrivent le jihad ou la peine de mort pour les apostats ou les homosexuels ». Mais pour l'Union des mosquées de France (UMF), « la diffusion des deux versions, aussi contestables l’une que l’autre sur le fond et sur la forme, nous laisse perplexes quant aux intentions de ses instigateurs ». Dans un communiqué daté du 5 avril, la fédération a incité « les mosquées de Béziers à ne pas cautionner ce type d’initiative contraire au principe de laïcité et aux valeurs de la République »
Pour Omar Mamoun, la charte est « conforme aux prescriptions sacrées de l’islam » et « les Biterrois de confession musulmane n’ont rien vu de choquant et de surprenant, sauf quelques individus ». « Il faut bien comprendre que ce ne sont pas deux mosquées qui n'ont pas signé cette charte mais les dirigeants de deux mosquées. On n'a pas demandé leur avis aux croyants. Mais ce n'est pas une raison pour nous déchirer. Bien au contraire, nous devons dialoguer plus que jamais et ne pas générer de tensions », faisait-il savoir auprès de Midi Libre.
Quelques jours plus tard, Omar Mamoun a convenu d’un entretien téléphonique avec Saphirnews pour s’expliquer mais il n’a cependant pas donné suite à nos appels répétés.
L’imam de la mosquée El Houda a participé à la réécriture de la charte, la première mouture étant quelque peu différente de la seconde version visible dans le bulletin officiel de Béziers du 15 décembre 2015. On pouvait notamment lire dans une première version que les imams « s’engagent à ne pas promouvoir les textes et livres comme ceux de l’école malékite qui prescrivent le jihad ou la peine de mort pour les apostats ou les homosexuels ». Mais pour l'Union des mosquées de France (UMF), « la diffusion des deux versions, aussi contestables l’une que l’autre sur le fond et sur la forme, nous laisse perplexes quant aux intentions de ses instigateurs ». Dans un communiqué daté du 5 avril, la fédération a incité « les mosquées de Béziers à ne pas cautionner ce type d’initiative contraire au principe de laïcité et aux valeurs de la République »
Pour Omar Mamoun, la charte est « conforme aux prescriptions sacrées de l’islam » et « les Biterrois de confession musulmane n’ont rien vu de choquant et de surprenant, sauf quelques individus ». « Il faut bien comprendre que ce ne sont pas deux mosquées qui n'ont pas signé cette charte mais les dirigeants de deux mosquées. On n'a pas demandé leur avis aux croyants. Mais ce n'est pas une raison pour nous déchirer. Bien au contraire, nous devons dialoguer plus que jamais et ne pas générer de tensions », faisait-il savoir auprès de Midi Libre.
Quelques jours plus tard, Omar Mamoun a convenu d’un entretien téléphonique avec Saphirnews pour s’expliquer mais il n’a cependant pas donné suite à nos appels répétés.
Les menaces envers la mosquée Ar-Rahma se multiplient
Les deux mosquées qui ont refusé la signature affirment, quant à elles, avoir soumis leur décision au vote des fidèles. Un responsable de la mosquée Ar-Rahma explique à Saphirnews que les usagers du lieu de culte ont été sensibilisés pendant deux semaines puis convié à un débat qui s’est conclu par un vote le 12 décembre 2015. Résultat, le refus de la charte a été obtenu à « la majorité absolue ».
Le même processus a été respecté concernant la mosquée de la Gare, assure-t-on. Quant à la cinquième mosquée, il s’agit d’un édifice appartenant à la Turquie. Elle est de facto exclue de la charte des mosquées qui stipule l’interdiction du financement par des entités étrangères.
Si les responsables d'Ar-Rahma disent ne pas craindre les menaces émanant de la municipalité, ils ne cachent pas leur crainte de représailles de la part d’islamophobes. Ils disent avoir sollicité un rendez-vous avec le ministère de l’Intérieur, en charge des Cultes, afin d’exposer la situation dans laquelle les plonge la municipalité, sans réponse jusqu'à présent.
Devenu en quelque temps une icône de la sphère identitaire française, les prises de position publiques de Robert Ménard désinhiberait des extrémistes. Ainsi, en octobre 2015, des tags islamophobes et nazis ont été peints à la bombe près du lieu de prière. Le maire avait néanmoins condamné cet acte.
Mehdi Roland, un acteur associatif musulman actif à Béziers, voit d’un mauvais œil la multiplication des menaces contre la mosquée Ar-Rahma - dont il fut le secrétaire général par le passé - et son imam sur les réseaux sociaux. Il redoute notamment le rassemblement « de toutes les droites » programmé les 27, 28 et 29 mai prochain à Béziers. Des personnalités telles que Renaud Camus, théoricien du « grand remplacement », les polémistes Ivan Rioufol et Elisabeth Levy ainsi qu’une partie de la rédaction de Valeurs Actuelles vont se réunir dans l’objectif de créer un mouvement qui va peser sur l’élection présidentielle de 2017.
Le même processus a été respecté concernant la mosquée de la Gare, assure-t-on. Quant à la cinquième mosquée, il s’agit d’un édifice appartenant à la Turquie. Elle est de facto exclue de la charte des mosquées qui stipule l’interdiction du financement par des entités étrangères.
Si les responsables d'Ar-Rahma disent ne pas craindre les menaces émanant de la municipalité, ils ne cachent pas leur crainte de représailles de la part d’islamophobes. Ils disent avoir sollicité un rendez-vous avec le ministère de l’Intérieur, en charge des Cultes, afin d’exposer la situation dans laquelle les plonge la municipalité, sans réponse jusqu'à présent.
Devenu en quelque temps une icône de la sphère identitaire française, les prises de position publiques de Robert Ménard désinhiberait des extrémistes. Ainsi, en octobre 2015, des tags islamophobes et nazis ont été peints à la bombe près du lieu de prière. Le maire avait néanmoins condamné cet acte.
Mehdi Roland, un acteur associatif musulman actif à Béziers, voit d’un mauvais œil la multiplication des menaces contre la mosquée Ar-Rahma - dont il fut le secrétaire général par le passé - et son imam sur les réseaux sociaux. Il redoute notamment le rassemblement « de toutes les droites » programmé les 27, 28 et 29 mai prochain à Béziers. Des personnalités telles que Renaud Camus, théoricien du « grand remplacement », les polémistes Ivan Rioufol et Elisabeth Levy ainsi qu’une partie de la rédaction de Valeurs Actuelles vont se réunir dans l’objectif de créer un mouvement qui va peser sur l’élection présidentielle de 2017.
Vers un conflit de leadership à Béziers?
En attendant, c'est l’Union des mosquées de Béziers qui est mise à mal par la charte des mosquées. Le 15 juin 2015, les cinq mosquées de la ville se sont entendues pour créer un front commun. « Un des consensus de ce rassemblement était de ne pas se prendre au jeu de Robert Ménard », précise Mehdi Roland. Abderrahman Hamzaoui, le dirigeant d’Ar-Rahma a été élu à la tête de cette union dont les membres souhaitent à présent s’entretenir avec Omar Mamoun pour voir quelle suite donner à leur collaboration.
La question autour de l'organisation de la prochaine fête de l’Aïd va notamment devoir être posée. L’an dernier, la mairie a refusé de mettre à disposition un lieu suffisamment grand pour rassembler les musulmans à l'occasion de l'Aïd al-Adha. Les nouveaux rapports que l’imam de la mosquée El Houda entretient avec le maire vont-ils changer la donne ? Robert Ménard aura, en tous les cas, réussi sa manœuvre, celui de diviser les organisations musulmanes pour mieux régner sur la ville.
La question autour de l'organisation de la prochaine fête de l’Aïd va notamment devoir être posée. L’an dernier, la mairie a refusé de mettre à disposition un lieu suffisamment grand pour rassembler les musulmans à l'occasion de l'Aïd al-Adha. Les nouveaux rapports que l’imam de la mosquée El Houda entretient avec le maire vont-ils changer la donne ? Robert Ménard aura, en tous les cas, réussi sa manœuvre, celui de diviser les organisations musulmanes pour mieux régner sur la ville.
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