Colloque des 20 ans du Secours Islamique France, lundi 12 novembre au Sénat.
C’est dans une salle du prestigieux Palais du Luxembourg, siège du Sénat à Paris, que le colloque des 20 ans du Secours Islamique France s’est déroulé, lundi 12 novembre. Au menu du programme : le débat sur le futur de l’humanitaire avec une thématique centrale : « Horizons humanitaires : nouveaux défis, nouveaux acteurs, nouveaux partenariats ».
Pour faire la lumière sur les enjeux à venir de l’action humanitaire à l’international, universitaires, acteurs associatifs et responsables diplomatiques étaient invités à intervenir et à proposer leurs réflexions lors de ce colloque, parrainé par Bariza Khiari, sénatrice de Paris et vice-présidente du Sénat.
Pour faire la lumière sur les enjeux à venir de l’action humanitaire à l’international, universitaires, acteurs associatifs et responsables diplomatiques étaient invités à intervenir et à proposer leurs réflexions lors de ce colloque, parrainé par Bariza Khiari, sénatrice de Paris et vice-présidente du Sénat.
Rachid Lahlou, président du SIF et Bariza Khiari, Vice-présidente du Sénat.
L'image du SIF, plus positive que jamais
« Le SIF est un partenaire incontournable, un partenaire de poids, doté d’une équipe efficiente. La France a appris à compter sur leur engagement », a lancé Bariza Khiari en ouverture du colloque. La vice-présidente du Sénat est fière d’accueillir l’ONG, d’autant plus qu’elle offre une bonne image de l’islam en France. La sénatrice regrette ainsi que « les médias » soient « de plus en plus oppressants » au sujet de la religion musulmane. Ils en renvoient « une image détestable, peu en accord avec ce qu’est l’islam », a-t-elle déploré.
Même si elle pense que « les musulmans ne condamnent pas assez fermement les dérives extrémistes », elle estime que l’on ne « parle pas assez de l’autre image de l’islam comme de la zakât (l’aumône obligatoire, ndlr). » « Le SIF est un modèle positif de cette religion », a-t-elle poursuivi. Mme Khiari raconte avoir été sceptique au début à l'idée que le SIF intègre le mot « islamique » dans son nom mais elle estime aujourd’hui que c’est la meilleure des choses car il permet de s’opposer aux radicaux.
Malheureusement, l’ONG a dû faire face à un « climat lourd » né de cet amalgame, « plus lourd au départ » à la création du SIF en 1991, rappelle Rachid Lahlou, le président du SIF, après l’allocution de la sénatrice. En revendiquant leur appartenance à l'islam, les fondateurs ont eu « envie de montrer l’autre image » de cette religion, reposant sur « des valeurs de solidarité, de respect et de dignité humaine dans le respect de la diversité des cultures, des croyances et des origines » des personnes aidées, a-t-il indiqué. « On a misé sur l’ouverture, le dialogue, tout en gardant notre spécificité », a-t-il ajouté.
Même si elle pense que « les musulmans ne condamnent pas assez fermement les dérives extrémistes », elle estime que l’on ne « parle pas assez de l’autre image de l’islam comme de la zakât (l’aumône obligatoire, ndlr). » « Le SIF est un modèle positif de cette religion », a-t-elle poursuivi. Mme Khiari raconte avoir été sceptique au début à l'idée que le SIF intègre le mot « islamique » dans son nom mais elle estime aujourd’hui que c’est la meilleure des choses car il permet de s’opposer aux radicaux.
Malheureusement, l’ONG a dû faire face à un « climat lourd » né de cet amalgame, « plus lourd au départ » à la création du SIF en 1991, rappelle Rachid Lahlou, le président du SIF, après l’allocution de la sénatrice. En revendiquant leur appartenance à l'islam, les fondateurs ont eu « envie de montrer l’autre image » de cette religion, reposant sur « des valeurs de solidarité, de respect et de dignité humaine dans le respect de la diversité des cultures, des croyances et des origines » des personnes aidées, a-t-il indiqué. « On a misé sur l’ouverture, le dialogue, tout en gardant notre spécificité », a-t-il ajouté.
L’humanitaire face à la mondialisation
A présent, reconnu par les institutions françaises comme un acteur incontournable, le SIF se paye le luxe d’ouvrir le débat sur les nouveaux enjeux de l’humanitaire. Avec son colloque, l’association a ainsi voulu faire la lumière sur les perspectives d’évolution de l’action humanitaire, quatre ans après un premier colloque sur le thème : « La diversité culturelle et confessionnelle, une chance pour l’humanitaire de demain ? ».
Quels enjeux pour la planète, quels défis pour le monde humanitaire à l’horizon 2030 ? Quels impacts ont les Printemps arabes dans le monde arabo-musulman ? Bien d’autres questions ont pu être débattues lors de tables rondes avec pour objectif de dresser le futur tableau de l’humanitaire.
Pour Bertrand Badie, enseignant-chercheur associé au Centre d’études et de recherche internationale (CERI) de Sciences-Po-Paris, les conséquences de la « mondialisation » font que « les contrastes socio-économiques n’ont jamais été aussi forts ». En effet, « on est tous sur le même bateau mais, en même temps, on ne cesse d’exclure », a-t-il déploré, regrettant la « gouvernance oligarchique » du monde qu'il qualifie de « gouvernance à l’immobilisme ». « Avec le G8 notamment, comment réguler les souffrances sans inviter les acteurs de la souffrance ? », s’est-il ainsi légitimement interrogé.
Attentif aux différentes réflexions des uns et des autres, le public, composé pour les deux tiers d’institutionnels et du tiers restant de donateurs et d’étudiants selon le SIF, était invité à échanger et à poser ses questions aux différents intervenants, dont Hany El Banna, le fondateur d’Islamic Relief, établi au Royaume-Uni, à l’origine de la création du SIF qui en dépendait à ses débuts.
Quels enjeux pour la planète, quels défis pour le monde humanitaire à l’horizon 2030 ? Quels impacts ont les Printemps arabes dans le monde arabo-musulman ? Bien d’autres questions ont pu être débattues lors de tables rondes avec pour objectif de dresser le futur tableau de l’humanitaire.
Pour Bertrand Badie, enseignant-chercheur associé au Centre d’études et de recherche internationale (CERI) de Sciences-Po-Paris, les conséquences de la « mondialisation » font que « les contrastes socio-économiques n’ont jamais été aussi forts ». En effet, « on est tous sur le même bateau mais, en même temps, on ne cesse d’exclure », a-t-il déploré, regrettant la « gouvernance oligarchique » du monde qu'il qualifie de « gouvernance à l’immobilisme ». « Avec le G8 notamment, comment réguler les souffrances sans inviter les acteurs de la souffrance ? », s’est-il ainsi légitimement interrogé.
Attentif aux différentes réflexions des uns et des autres, le public, composé pour les deux tiers d’institutionnels et du tiers restant de donateurs et d’étudiants selon le SIF, était invité à échanger et à poser ses questions aux différents intervenants, dont Hany El Banna, le fondateur d’Islamic Relief, établi au Royaume-Uni, à l’origine de la création du SIF qui en dépendait à ses débuts.
Le SIF au secours de la jeunesse
Initiateur de cette réflexion, le SIF aura permis aux acteurs associatifs de voir plus clair sur l’horizon de l’humanitaire. Il a également permis à l’ONG, qui intervient dans 20 pays dans le monde, de se positionner sur les nouveaux enjeux mis en lumière.
« Plus que des orientations, ce colloque, organisé dans la continuité de celui organisé il y a quatre ans, est un dialogue que l’on veut avoir avec la société civile et avec les responsables autour des sujets qui nous préoccupent, surtout avec la crise actuelle et l’augmentation des personnes en détresse », explique Rachid Lahlou.
Cette précarité est de plus en plus visible à nos portes. « Sans relâcher la pression sur l’international qui est notre première mission, nous sommes très sensibles à ce qui se passe chez nous en France. Nous développons, depuis deux ans, un programme social et nous avons entrepris une montée en puissance avec un département dédié à cette thématique. Il comporte les épiceries solidaires, les maraudes sociales, l’accueil de jour et de nuit », indique le président du SIF.
« Notre intérêt va se porter sur la jeunesse. Sur les jeunes des quartiers dits difficiles. Pour essayer de les sortir de cette situation, de les accompagner pour qu’ils se rendent comptent des choses qu’ils ont ici et pas ailleurs », nous fait-il savoir, précisant que les modalités de ces actions n'ont pas encore été définies.
Après 20 ans d’existence, ici et ailleurs, le SIF compte bien renforcer sa mission de solidarité. Tout au long de l’année 2012, les diverses actions de communication, en passant du village humanitaire à la campagne d’affichage menée dans les gares franciliennes ont eu pour objectif de « banaliser l’existence du SIF », rappelle-t-il. Le souhait de M. Lahlou : que le SIF « soit reconnu comme tout le monde sans qu’il y ait un regard spécifique sur nous mais un regard normal ».
« Plus que des orientations, ce colloque, organisé dans la continuité de celui organisé il y a quatre ans, est un dialogue que l’on veut avoir avec la société civile et avec les responsables autour des sujets qui nous préoccupent, surtout avec la crise actuelle et l’augmentation des personnes en détresse », explique Rachid Lahlou.
Cette précarité est de plus en plus visible à nos portes. « Sans relâcher la pression sur l’international qui est notre première mission, nous sommes très sensibles à ce qui se passe chez nous en France. Nous développons, depuis deux ans, un programme social et nous avons entrepris une montée en puissance avec un département dédié à cette thématique. Il comporte les épiceries solidaires, les maraudes sociales, l’accueil de jour et de nuit », indique le président du SIF.
« Notre intérêt va se porter sur la jeunesse. Sur les jeunes des quartiers dits difficiles. Pour essayer de les sortir de cette situation, de les accompagner pour qu’ils se rendent comptent des choses qu’ils ont ici et pas ailleurs », nous fait-il savoir, précisant que les modalités de ces actions n'ont pas encore été définies.
Après 20 ans d’existence, ici et ailleurs, le SIF compte bien renforcer sa mission de solidarité. Tout au long de l’année 2012, les diverses actions de communication, en passant du village humanitaire à la campagne d’affichage menée dans les gares franciliennes ont eu pour objectif de « banaliser l’existence du SIF », rappelle-t-il. Le souhait de M. Lahlou : que le SIF « soit reconnu comme tout le monde sans qu’il y ait un regard spécifique sur nous mais un regard normal ».
Le SIF, un « OVNI de l'humanitaire », à « vocation universelle »
L'humanitaire musulman existe au-delà de la volonté des Etats et des gouvernement des pays musulmans, rappelle ainsi Omero Marongiu-Perria, sociologue. Le SIF est « une structure OVNI », avance-t-il. « Le libellé de l'institution renvoie à une "case" comme étant une institution religieuse humanitaire, mais son mode d'action est complètement sécularisé », analyse-t-il. Aussi, « le Secours islamique France serait-il un cas spécifique ou bien préfigure-t-il la sécularisation des ONG et le changement de regard des bailleurs de fonds à leur égard ? », s'interroge le chercheur.
Toujours est-il que, pour l'Etat français, « le SIF est une ONG importante », tient à souligner Serge Mostura, directeur du Centre de crise du ministère des Affaires étrangères. Importante, car le SIF intervient « en France, pour les Français ; en France, pour les étrangers (les Roms, par exemple) ; à l'étranger, pour les étrangers. Donc partout, et pas seulement dans la sphère arabo-musulmane ».
« Pour moi, le SIF est à vocation universelle », déclare M. Mostura. « On compte sur le SIF pour être un passeur : un passeur de valeurs et un passeur de méthodes. Par exemple, auprès de l'OCI (Organisation de la coopération islamique) et dans les régions du monde qui sont aujourd'hui en pleine mutation ».
Par ses actions touchant les plus démunis sans discriminations, l'ONG saura toucher le plus grand nombre. Par son étiquette d’organisation musulmane, le SIF saura aussi montrer le vrai visage de l’islam. Et par sa vocation universelle, il saura assurer le continuum de ses actions pour les 20 années prochaines, selon un « tryptique », cher à Mahieddine Khelladi, directeur exécutif, à savoir : respecter « les valeurs humanitaires et les différences culturelles », coopérer « avec les ONG internationales et les associations locales » et surtout innover « car le monde bouge ».
Toujours est-il que, pour l'Etat français, « le SIF est une ONG importante », tient à souligner Serge Mostura, directeur du Centre de crise du ministère des Affaires étrangères. Importante, car le SIF intervient « en France, pour les Français ; en France, pour les étrangers (les Roms, par exemple) ; à l'étranger, pour les étrangers. Donc partout, et pas seulement dans la sphère arabo-musulmane ».
« Pour moi, le SIF est à vocation universelle », déclare M. Mostura. « On compte sur le SIF pour être un passeur : un passeur de valeurs et un passeur de méthodes. Par exemple, auprès de l'OCI (Organisation de la coopération islamique) et dans les régions du monde qui sont aujourd'hui en pleine mutation ».
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