Les Monologues voilés : trois comédiennes et une musicienne (dé)livrent la parole féminine.
Douze histoires de vie, douze paroles de femmes puisant dans le tréfonds de leur intimité d’enfant, de fille, d’épouse, de femme tout simplement. Tels les douze tribus d’Israël, les douze apôtres de Jésus, représentant la diversité de ce qui constitue le cœur des peuples s’attachant à leur monothéisme respectif, voilà douze portraits emblématiques de femmes, toutes issues de cultures musulmanes.
Qu’elles soient d’origine somalienne, turque, marocaine ou… néerlandaise, elles livrent ce que peut-être elles n’avaient jamais révélé à quiconque. Obsession de la virginité féminine imposée par les membres de la famille, la mère au premier chef. Mutilations sexuelles et dialogue entre la mère qui fut excisée et la fille qui ne l’est pas. Mariage forcé et défloration qui ne l’est pas moins. Désillusions de l’amour transformé en sésame-ouvre-toi pour l’obtention de la carte de séjour…
Les douze monologues que nous livrent sur scène les comédiennes Jamila Drissi, Morgiane El Boubsi et Hoonaz Ghojallu sont autant de souffrances intimes qui nous sont exposées mais aussi de cris de révolte, d’effusion de joie et de paroles de résilience, pour dire haut et fort : « Je suis consciente, je ne veux plus de cela et je continuerai à vivre. »
Excellemment mise en scène, accompagnée par la musique et les chants de Hassiba Halabi (percutante aussi dans son rôle de gynécologue), la pièce est à la fois sensible et drolatique. Grâce à son rythme enlevé et à la véritable présence sur scène des comédiennes, Les Monologues voilés se dépare ainsi des Monologues du vagin, qui avait pourtant été la source d’inspiration première.
Pour réaliser sa pièce, Adelheid Roosen, qui avait elle-même joué dans les Monologues du vagin aux Pays-Bas, a interviewé plus de 70 femmes, de 17 à 85 ans, originaires de pays (dits) musulmans mais résidant aux Pays-Bas. Les sujets abordés : l’intimité féminine, le désir, le mariage, les rapports amoureux, mais aussi, inéluctablement, l’excision, le viol, l’inceste, l’homosexualité… Autant de sujets tabous que taisent nos religieux mais que vivent pourtant nombre de femmes.
Qu’elles soient d’origine somalienne, turque, marocaine ou… néerlandaise, elles livrent ce que peut-être elles n’avaient jamais révélé à quiconque. Obsession de la virginité féminine imposée par les membres de la famille, la mère au premier chef. Mutilations sexuelles et dialogue entre la mère qui fut excisée et la fille qui ne l’est pas. Mariage forcé et défloration qui ne l’est pas moins. Désillusions de l’amour transformé en sésame-ouvre-toi pour l’obtention de la carte de séjour…
Les douze monologues que nous livrent sur scène les comédiennes Jamila Drissi, Morgiane El Boubsi et Hoonaz Ghojallu sont autant de souffrances intimes qui nous sont exposées mais aussi de cris de révolte, d’effusion de joie et de paroles de résilience, pour dire haut et fort : « Je suis consciente, je ne veux plus de cela et je continuerai à vivre. »
Excellemment mise en scène, accompagnée par la musique et les chants de Hassiba Halabi (percutante aussi dans son rôle de gynécologue), la pièce est à la fois sensible et drolatique. Grâce à son rythme enlevé et à la véritable présence sur scène des comédiennes, Les Monologues voilés se dépare ainsi des Monologues du vagin, qui avait pourtant été la source d’inspiration première.
Pour réaliser sa pièce, Adelheid Roosen, qui avait elle-même joué dans les Monologues du vagin aux Pays-Bas, a interviewé plus de 70 femmes, de 17 à 85 ans, originaires de pays (dits) musulmans mais résidant aux Pays-Bas. Les sujets abordés : l’intimité féminine, le désir, le mariage, les rapports amoureux, mais aussi, inéluctablement, l’excision, le viol, l’inceste, l’homosexualité… Autant de sujets tabous que taisent nos religieux mais que vivent pourtant nombre de femmes.
Bien sûr, ceux qui ne supportent pas que des femmes chantent, dansent, s’expriment sur scène ne viendront pas voir la pièce.
Bien sûr, ceux qui ne supportent pas que la situation faite aux femmes de cultures musulmanes soit mise à nu ne viendront pas voir la pièce.
Bien sûr, ceux qui disent : « Mais ce qui est décrit n’a rien à voir avec l’islam ! » ne verront peut-être pas l’intérêt de s’y rendre. D’ailleurs, au fil du récit, les comédiennes ne manquent pas d’égrener des rappels de source coranique ou prophétique : « La virginité est requise autant pour l’homme que pour la femme » ; « Nulle part dans le Coran est-il fait mention de l’hymen » ; « Le mariage ne vaut que par le consentement explicite de la femme »…
Mais on ne peut conserver une chape de plomb sur les souffrances féminines et laisser aux anti-religions et plus précisément aux anti-islam le soin de prendre cause pour les femmes qui ont eu à subir des préjudices au nom même de la religion brandie comme argument et outil de la domination masculine.
Cette pièce pourrait conforter ceux qui pensent que décidément la religion n’est qu’un carcan de plus apposé à la liberté des femmes. Mais cette pièce peut aussi faire prendre conscience aux croyants qu’ils ne peuvent laisser aux anti-religieux-religions le terrain des luttes féministes, au nom même de leurs valeurs éthiques de la responsabilité, de l’égalité et du bien-être des hommes et des femmes qui composent notre société.
Paradoxalement, si Les Monologues voilés n’était joué que devant un public féminin, il cartonnerait encore plus. Parce que cette pièce dévoile et dénonce, le public féminin, libéré du regard des hommes, n’afficherait pas de fausse pudeur et pourrait même réagir au fur et à mesure des scènes tellement certaines sont criantes de véracité, et ovationner les comédiennes, debout, à gorges déployées.
Mais les politiques interdiraient que le théâtre ne soit ouvert qu’aux femmes, sous prétexte de communautarisme islamique. Dans les années 1970, en période post-soixantuitarde, quand des jeunes filles voulaient ouvrir des sections féministes dans leurs lycées, leurs profs de philo leur conseillaient que ces sections soient non mixtes, afin de libérer pleinement la parole des jeunes filles, sans le regard masculin. Au XXIe siècle, des femmes qui souhaitent organiser des défilés de mode ou des rencontres sportives exclusivement devant un public féminin se voient interdites de manifestation : communautarisme ou féminisme ? Il est vrai que les politiques ne sont pas des philosophes...
Les Monologues voilés
Textes et mise en scène : Adelheid Roosen, assistée par Isabelle Wery
Jusqu'au 27 mars 2010, à 20 heures
Centre Wallonie Bruxelles à Paris
46, rue Quincampoix
75004 Paris
01 53 01 96 96
Entrée : 10 € (tarif plein) ; 8 € (tarif réduit) ; 5 € (groupe)
www.cwb.fr
Bien sûr, ceux qui ne supportent pas que la situation faite aux femmes de cultures musulmanes soit mise à nu ne viendront pas voir la pièce.
Bien sûr, ceux qui disent : « Mais ce qui est décrit n’a rien à voir avec l’islam ! » ne verront peut-être pas l’intérêt de s’y rendre. D’ailleurs, au fil du récit, les comédiennes ne manquent pas d’égrener des rappels de source coranique ou prophétique : « La virginité est requise autant pour l’homme que pour la femme » ; « Nulle part dans le Coran est-il fait mention de l’hymen » ; « Le mariage ne vaut que par le consentement explicite de la femme »…
Mais on ne peut conserver une chape de plomb sur les souffrances féminines et laisser aux anti-religions et plus précisément aux anti-islam le soin de prendre cause pour les femmes qui ont eu à subir des préjudices au nom même de la religion brandie comme argument et outil de la domination masculine.
Cette pièce pourrait conforter ceux qui pensent que décidément la religion n’est qu’un carcan de plus apposé à la liberté des femmes. Mais cette pièce peut aussi faire prendre conscience aux croyants qu’ils ne peuvent laisser aux anti-religieux-religions le terrain des luttes féministes, au nom même de leurs valeurs éthiques de la responsabilité, de l’égalité et du bien-être des hommes et des femmes qui composent notre société.
Paradoxalement, si Les Monologues voilés n’était joué que devant un public féminin, il cartonnerait encore plus. Parce que cette pièce dévoile et dénonce, le public féminin, libéré du regard des hommes, n’afficherait pas de fausse pudeur et pourrait même réagir au fur et à mesure des scènes tellement certaines sont criantes de véracité, et ovationner les comédiennes, debout, à gorges déployées.
Mais les politiques interdiraient que le théâtre ne soit ouvert qu’aux femmes, sous prétexte de communautarisme islamique. Dans les années 1970, en période post-soixantuitarde, quand des jeunes filles voulaient ouvrir des sections féministes dans leurs lycées, leurs profs de philo leur conseillaient que ces sections soient non mixtes, afin de libérer pleinement la parole des jeunes filles, sans le regard masculin. Au XXIe siècle, des femmes qui souhaitent organiser des défilés de mode ou des rencontres sportives exclusivement devant un public féminin se voient interdites de manifestation : communautarisme ou féminisme ? Il est vrai que les politiques ne sont pas des philosophes...
Les Monologues voilés
Textes et mise en scène : Adelheid Roosen, assistée par Isabelle Wery
Jusqu'au 27 mars 2010, à 20 heures
Centre Wallonie Bruxelles à Paris
46, rue Quincampoix
75004 Paris
01 53 01 96 96
Entrée : 10 € (tarif plein) ; 8 € (tarif réduit) ; 5 € (groupe)
www.cwb.fr