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Société

Contre l’ingratitude, une journée sans immigrés

Le 1er mars en France et en Europe

Rédigé par | Dimanche 28 Février 2010 à 00:00

           

Puisque la consommation est le moteur de la croissance, cessons de consommer. Du coup, cessons aussi de travailler. Organisée par le collectif « 24 heures sans nous », la Journée sans immigrés du 1er mars fait du bruit en France et en Europe. Ces hommes et ces femmes qui disent « non » à l’ingratitude de leurs gouvernements à leur encontre sont attendus par milliers devant les parvis des mairies de dizaines de villes françaises et européennes.



Sous l'impulsion de la France, des collectifs d'Espagne, d'Italie et de Grèce organisent la « Journée sans immigrés ».
Sous l'impulsion de la France, des collectifs d'Espagne, d'Italie et de Grèce organisent la « Journée sans immigrés ».
Selon l’INSEE, la France métropolitaine compte près de 5 millions d’immigrés, soit 8,1 % de la population. Et si ces 5 millions, leurs descendants et les personnes conscientes de leur importance pour le pays se mettent en grève ?

L’idée fait tilt. Plus de 70 000 membres Facebook ont rejoint le groupe « La Journée sans immigrés : 24 h sans nous ! » et le chiffre ne cesse d’augmenter. Un vrai succès sur la Toile. Mais se mobiliseront-ils en masse pour le 1er mars ? Après des mois de préparation et des semaines de médiatisation, le moment tant attendu est arrivé.

Cette action, qui se veut symbolique, s’inspire d’une initiative similaire lancée en 2006 aux États-Unis par des milliers d’Hispaniques. Visés par une loi criminalisant le travail des clandestins, ces derniers ont protesté massivement pour le retrait du texte en paralysant l’économie du pays. Avec succès.

« Le mot "immigré" est devenu presque une insulte. On espère que le regard porté par une partie de la société sur l'immigré et l'immigration change. Nous voulons rétablir la vérité. Nous en avons assez que certains politiques et certains médias mentent aux Français, en faisant croire que l'immigration est un problème », s’insurge Nadir Dendoune, journaliste et un des organisateurs de cette journée en France.

Boycott économique en vue

Cinq ans après l’entrée en vigueur du Code de l’entrée du séjour des étrangers et du droit d’asile (CESEDA), qui instaurait une immigration « choisie » sur des critères économiques, le collectif « 24 heures sans nous » souhaite renouveler cette expérience en France, en demandant à tous les immigrés et à leurs enfants ainsi que les solidaires de cette action de cesser de travailler et/ou de consommer pour une journée pour marquer l’apport positif des immigrés dans l’économie nationale.

Des rassemblements sont prévus à Paris, sur le parvis de l’Hôtel de ville, et dans plusieurs autres villes françaises (Lille, Toulouse, Strasbourg, Marseille, Nantes, Lyon, Nice…) entre 12 et 14 heures. L’Italie, l’Espagne et la Grèce emboîtent le pas de la France, puisque la journée « sans nous » sera organisée le jour même dans ces pays. En signe de solidarité, le collectif appelle la population à arborer un ruban jaune ce jour-là.

Silence radio des partis politiques

Soutenu par des dizaines d’associations, dont la Ligue des droits de l’homme (LDH), le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié des peuples (MRAP), la CIMADE et des syndicats tels que la Confédération française démocratique du travail (CFDT), le collectif indépendant et apolitique souhaite marquer les consciences à l’approche des élections régionales des 14 et 21 mars prochain.

Les réactions des hommes politiques se font bizarrement rares, y compris parmi les partis de gauche. Le PS a tout de même salué cette initiative par communiqué. Mais « à quelques semaines d'une échéance électorale aux enjeux majeurs » pour le collectif, ce geste pourrait s'apparenter pour certains à une stratégie aux fins électoralistes.

Seul le chef mythique du Front national, Jean-Marie Le Pen, a clairement fait savoir qu’une telle journée contribuerait à « aggraver le désordre social ». « Le fait de ne rien acheter ne signifie pas que l’argent dont ils disposent ont été gagnés par le travail d’abord et je considère cela comme une provocation », a-t-il récemment déclaré.

Décidément, ce n’est pas le FN ni l’UMP avec son débat sur l’identité nationale qui soutiendraient une telle action. L’immigration est pourtant une chance pour la France, insiste le collectif.

Voir le site officiel de La Journée sans immigrés

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Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur



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