Depuis la fin du mois de juin, dans l’actualité les tragédies se succèdent : le nouveau conflit entre Israël et le Hamas avec près de 2 000 morts à Gaza, dont 80 % de civils et de très nombreux enfants, sans oublier les 70 morts israéliens a très vite été remplacé dans l’actualité par l’expansion de « Daesh » (prétendu « Etat islamique ») du nord de la Syrie vers le Kurdistan et l’Irak, chassant des centaines de milliers de personnes de leurs terres et de leurs maisons, dont les chrétiens de la plaine de Ninive, et assassinant tous ceux qui ne pensent pas comme eux, yézidis, turcomans, chi’ites et même sunnites.
Devant cette offensive qui vise l’élimination de toutes les minorités, comment ne pas réagir et ne pas manifester notre solidarité à toutes les victimes ? Dès le mois de juillet, en France, des responsables musulmans ont dénoncé ces exactions et proclamé le droit des chrétiens d’Irak à vivre sur leurs terres comme ils le font depuis deux millénaires.
En septembre, l’ensemble des responsables musulmans de France a signé un appel commun rejetant l’utilisation par ces membres de « Daesh » de l’islam pour justifier leurs crimes et s’interrogeant sur ce qui peut motiver des jeunes français, européens, maghrébins à aller participer à de tels actes.
Et puis l’horreur s’est faite plus proche de la société française avec l’assassinat de notre compatriote Hervé Gourdel dans les montagnes de Kabylie, en Algérie. Là, tous les citoyens français, qu’ils soient croyants ou non, ont réagi unanimement pour dire : stop, rien ne justifie cette barbarie, ensemble comme citoyens et comme croyants nous dénonçons de tels actes. C’est la raison pour laquelle, avec Mgr Michel Dubost, nous avons participé au rassemblement devant la Grande Mosquée de Paris, vendredi 26 septembre, pour dire notre émotion, notre commun refus et notre appel à réagir ensemble.
Nous sommes solidaires des revendications de nos frères chrétiens d’Orient d’être traités comme des citoyens à part entière et de leur droit à vivre sur leur terre. Mais nous savons aussi combien nos concitoyens de confession musulmane sont blessés quand l’islam est utilisé pour tuer et qu’ils sont fatigués de devoir sans cesse se justifier. Nous saluons tous ceux et celles qui se sont levés pour dire « Non », « Not in my Name ». Céder à la peur, aux amalgames entre l’islam et le terrorisme, voire en tout musulman(e) un danger, c’est, en effet, faire le jeu de ces barbares.
Si la dénonciation commune et l’union nationale contre le terrorisme est un premier pas, il en appelle d’autres. Nous sommes appelés à aller plus loin, chacun selon nos responsabilités : pour répondre de l’usage de la violence au nom de la religion ; pour dénoncer la barbarie et l’utilisation qui est faite de l’islam pour la justifier ; pour promouvoir un véritable respect de l’autre différent de moi par sa culture, sa religion, son origine ; pour refuser des politiques sociales ou éducatives qui laissent de côté des populations entières et parmi eux beaucoup de jeunes ; pour former des cadres religieux capables d’être des interlocuteurs de jeunes en recherche d’identité et d’idéal.
Ces événements nous pressent à nous engager ensemble à susciter des rencontres et un dialogue au quotidien, à penser une laïcité intelligente et de débat, à inventer des lieux et des temps communs de réflexion et de formation entre responsables religieux… Comme croyants, Dieu lui-même nous y invite.
L’appel lancé à Lyon, ce 1er octobre, à la veille du Yom Kippour et de l’Aïd el-Kébir, par plus de 100 responsables de toutes confessions, invite à faire ce pas. Au SRI, nous y souscrivons et nous ferons tout pour le mettre en pratique. Il en va d’un avenir de paix pour les générations futures et de l’espérance, don de Dieu à accueillir et dont nous devons rendre compte ici et maintenant.
*********
Ce texte est l’éditorial de la Lettre du SRI d'octobre 2014, que l'on peut se procurer auprès du Service national pour les relations avec l'islam (SRI) de la Conférence des évêques de France.
Christophe Roucou est directeur du SRI et co-auteur, avec Tareq Oubrou, de Le Prêtre et l’Imam (Ed. Bayard, 2013).
Devant cette offensive qui vise l’élimination de toutes les minorités, comment ne pas réagir et ne pas manifester notre solidarité à toutes les victimes ? Dès le mois de juillet, en France, des responsables musulmans ont dénoncé ces exactions et proclamé le droit des chrétiens d’Irak à vivre sur leurs terres comme ils le font depuis deux millénaires.
En septembre, l’ensemble des responsables musulmans de France a signé un appel commun rejetant l’utilisation par ces membres de « Daesh » de l’islam pour justifier leurs crimes et s’interrogeant sur ce qui peut motiver des jeunes français, européens, maghrébins à aller participer à de tels actes.
Et puis l’horreur s’est faite plus proche de la société française avec l’assassinat de notre compatriote Hervé Gourdel dans les montagnes de Kabylie, en Algérie. Là, tous les citoyens français, qu’ils soient croyants ou non, ont réagi unanimement pour dire : stop, rien ne justifie cette barbarie, ensemble comme citoyens et comme croyants nous dénonçons de tels actes. C’est la raison pour laquelle, avec Mgr Michel Dubost, nous avons participé au rassemblement devant la Grande Mosquée de Paris, vendredi 26 septembre, pour dire notre émotion, notre commun refus et notre appel à réagir ensemble.
Nous sommes solidaires des revendications de nos frères chrétiens d’Orient d’être traités comme des citoyens à part entière et de leur droit à vivre sur leur terre. Mais nous savons aussi combien nos concitoyens de confession musulmane sont blessés quand l’islam est utilisé pour tuer et qu’ils sont fatigués de devoir sans cesse se justifier. Nous saluons tous ceux et celles qui se sont levés pour dire « Non », « Not in my Name ». Céder à la peur, aux amalgames entre l’islam et le terrorisme, voire en tout musulman(e) un danger, c’est, en effet, faire le jeu de ces barbares.
Si la dénonciation commune et l’union nationale contre le terrorisme est un premier pas, il en appelle d’autres. Nous sommes appelés à aller plus loin, chacun selon nos responsabilités : pour répondre de l’usage de la violence au nom de la religion ; pour dénoncer la barbarie et l’utilisation qui est faite de l’islam pour la justifier ; pour promouvoir un véritable respect de l’autre différent de moi par sa culture, sa religion, son origine ; pour refuser des politiques sociales ou éducatives qui laissent de côté des populations entières et parmi eux beaucoup de jeunes ; pour former des cadres religieux capables d’être des interlocuteurs de jeunes en recherche d’identité et d’idéal.
Ces événements nous pressent à nous engager ensemble à susciter des rencontres et un dialogue au quotidien, à penser une laïcité intelligente et de débat, à inventer des lieux et des temps communs de réflexion et de formation entre responsables religieux… Comme croyants, Dieu lui-même nous y invite.
L’appel lancé à Lyon, ce 1er octobre, à la veille du Yom Kippour et de l’Aïd el-Kébir, par plus de 100 responsables de toutes confessions, invite à faire ce pas. Au SRI, nous y souscrivons et nous ferons tout pour le mettre en pratique. Il en va d’un avenir de paix pour les générations futures et de l’espérance, don de Dieu à accueillir et dont nous devons rendre compte ici et maintenant.
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Ce texte est l’éditorial de la Lettre du SRI d'octobre 2014, que l'on peut se procurer auprès du Service national pour les relations avec l'islam (SRI) de la Conférence des évêques de France.
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