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Religions

Des juifs ont été sauvés par la Mosquée de Paris

L'association 'Les Bâtisseuses de paix' veut rappeler les faits

Rédigé par Assmaâ Rakho Mom | Dimanche 8 Juin 2008 à 16:14

           

L'association "Les Bâtisseuses de paix", qui réunit des femmes "qui veulent construire une solidarité entre femmes arabo-musulmanes et juives", veut faire apposer une plaque sur la façade de la Mosquée de Paris pour rappeler que des enfants et des adultes juifs ont été sauvés par les dirigeants de ce lieu de culte durant la Seconde guerre mondiale.



Mosquée de Paris
Mosquée de Paris
"Les Bâtisseuses de paix ont pour but de bloquer le transfert du conflit du Moyen-Orient en France", nous a déclaré la présidente de l'association, également journaliste et écrivaine, Annie-Paule Derczansky.

"Il s'agit de limiter les identités de substitution et de faire renouer un dialogue sur des bases de cultures et traditions communes. Nous tentons de trouver tout ce qui nous rapproche", a-t-elle ajouté, expliquant qu'"en psychanalyse, lorsqu'une personne a vécu des destructions personnelles on tente de s'appuyer sur un élément positif de son passé pour lui permettre de reconstruire son avenir."

Revenant sur la volonté des Bâtisseuses de paix d'apposer une plaque sur la façade de la Mosquée de Paris pour commémorer le sauvetage de centaines de juifs par les musulmans et en particulier par les autorités régissant la mosquée au moment de la Seconde guerre mondiale, la présidente de l'association a souligné le fait que les membres de cette dernière ont "cherché en France un élément positif qui avait dans le passé rapproché juifs et musulmans pour dépasser les rancœurs de 'l'exclusion sociale' pour les uns, et de la peur de l'autre pour d'autres et aussi les traumatismes de la décolonisation."

"Le président algérien est le seul qui peut débloquer ce dossier car le peu de traces écrites serait entre les mains des autorités algériennes, à Alger. Seul M. Bouteflika a le pouvoir de faire aboutir ce projet. Il en serait d'autant plus une personnalité honorée du Maghreb", a par ailleurs rappelé Mme Derczansky. L'association des Bâtisseuses de paix a lancé un "Appel à Monsieur le président Abdelaziz Bouteflika pour pouvoir apposer une plaque à l'entrée de la Grande Mosquée de Paris qui rappelle la mémoire des enfants et adultes qui ont été sauvés en ces lieux."

"J'ai rencontré Dalil Boubakeur il y a 3 ans", nous a raconté Annie-Paule Derczansky. "C'est lui qui m'a remis la lettre que je viens de faire authentifier par les Affaires étrangeres. Je lui ai parlé la semaine dernière, et je peux dire que je ne sens pas un enthousiasme délirant qui s'explique par le fait que les honneurs de ce sauvetage reviennent au prédécesseur de son père", a-t-elle souligné.

S'agissant du nombre de juifs, adultes et enfants, hébergés et sauvés par la Mosquée de Paris durant cette période trouble de l'histoire de France, les chiffres divergent d'un spécialiste de la question à l'autre. Et Mme Derczansky de préciser que "selon Albert Assouline, qui témoigne dans le film de Berkani", 1600 personnes auraient été sauvées. Au contraire, pour "Alain Boyer, ancien responsable des cultes au ministère de l'Intérieur français, on serait plus proche des 500 personnes."

Serge Klarsfeld lui, le président de l'Association des filles et des fils de déportés juifs de France, se montre sceptique concernant le chiffre de 1500 juifs sauvés. Si la "démarche de lancer un appel à témoins" entreprise par l'association des Bâtisseuses de paix lui semble "positive", il précise tout de même que "sur les 2500 membres de notre association", il "n'en ai jamais entendu parler."

Dans un documentaire de 29 minutes intitulé La Mosquée de Paris, une résistance oubliée, le réalisateur d'origine algérienne Derri Berkani souligne le fait que ce sont les Francs-tireurs et Partisans algériens (FTP), souvent appelés "Groupe kabyle" et essentiellement constitués d'ouvriers laïcs, qui avaient amené ces juifs à la Mosquée de Paris afin de les protéger. L'institution a par la suite agi, sous les ordres du recteur d'alors, Si Kaddour Ben Ghabrit, obéissant ainsi à des principes religieux.





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