Bien avant de devenir un prétexte islamophobe, ce que l’on nomme aujourd’hui « burqa » divisait déjà les musulmans en France. Les termes ont un peu évolué, mais la question reste de savoir si la musulmane doit se couvrir le visage. Dans les années 1980, ce débat opposait Frères musulmans de France d’un côté, salafistes et tablighis de l’autre.
En décembre 2003, à Paris, j’ai été témoin de l’agression d’une femme à cause de sa burqa. Ses agresseurs étaient dans la rue, sous la pluie, comme elle-même, pour manifester contre la loi antifoulard en préparation. Je voulus l’interviewer, recueillir son sentiment. Trop tard, elle avait emporté ses larmes et son humiliation dans une rame de métro.
Depuis la polémique de la loi antifoulard, nombre de musulmans de France ont défendu le hijab en condamnant la burqa comme un choix excessif. Mais la burqa a une histoire avec l’islam. Une histoire qui remonte aux temps du Prophète. Et il n’est pas honnête de l’ignorer.
Devant la mission Gérin, dans les colonnes des journaux, certains ont décrit la burqa comme une invention des talibans afghans. Ceux-là ont leurs raisons, mais il faut croire qu'ils n’ont probablement pas accès aux sources musulmanes.
Certes, ni le Coran ni le Prophète n’ont institué le port de la burqa. Mais le Prophète n’était pas un chef totalitaire. Il n’a ni condamné ni encouragé celles qui se voilaient déjà le visage. Pour le pèlerinage rituel, par exemple, il a demandé qu’elles se le découvrent.
Cette attitude prophétique se retrouve aussi dans le cas de la polygamie. Car il régnait une tradition de polygamie sauvage dans la société préislamique. Le Coran n’a pas encouragé la polygamie, il ne l’a pas interdite ; il l’a aménagée. Depuis lors, le nombre d’épouses est limité à quatre et la femme peut refuser la polygamie par une clause du contrat de mariage.
On peut parler de « tolérance » ou d’esprit d’ouverture. J’y vois une méthodologie inspirée par une éthique de la liberté et de la responsabilité individuelles. C’est pourquoi, même si un musulman de France exècre de voir la burqa aux pieds de la tour Eiffel, il ne peut libérer son ressentiment sans contredire l’exemple qui fut celui de son Prophète.
Celles et ceux qui renoncent au mode de vie convenu pour mener une vie de spiritualité dans un monastère ou un couvent font un choix bien radical mais leur choix ne me fait pas peur. Il suscite mon admiration, même s’il n’est pas mon idéal.
L’ascèse et le renoncement sont recommandés en islam. Mais la vie monastique n’est pas une tradition musulmane. Et lorsqu’une musulmane choisit de vivre dans une burqa pour rester dans notre monde sans être de notre monde, elle ne m’effraie pas plus, elle ne me fait pas peur même si j'admets que sa tenue est étrange dans les rues de Paris.
Alors, un musulman pour dénigrer la burqa ? Non, merci. Je ne suis pas preneur.
En décembre 2003, à Paris, j’ai été témoin de l’agression d’une femme à cause de sa burqa. Ses agresseurs étaient dans la rue, sous la pluie, comme elle-même, pour manifester contre la loi antifoulard en préparation. Je voulus l’interviewer, recueillir son sentiment. Trop tard, elle avait emporté ses larmes et son humiliation dans une rame de métro.
Depuis la polémique de la loi antifoulard, nombre de musulmans de France ont défendu le hijab en condamnant la burqa comme un choix excessif. Mais la burqa a une histoire avec l’islam. Une histoire qui remonte aux temps du Prophète. Et il n’est pas honnête de l’ignorer.
Devant la mission Gérin, dans les colonnes des journaux, certains ont décrit la burqa comme une invention des talibans afghans. Ceux-là ont leurs raisons, mais il faut croire qu'ils n’ont probablement pas accès aux sources musulmanes.
Certes, ni le Coran ni le Prophète n’ont institué le port de la burqa. Mais le Prophète n’était pas un chef totalitaire. Il n’a ni condamné ni encouragé celles qui se voilaient déjà le visage. Pour le pèlerinage rituel, par exemple, il a demandé qu’elles se le découvrent.
Cette attitude prophétique se retrouve aussi dans le cas de la polygamie. Car il régnait une tradition de polygamie sauvage dans la société préislamique. Le Coran n’a pas encouragé la polygamie, il ne l’a pas interdite ; il l’a aménagée. Depuis lors, le nombre d’épouses est limité à quatre et la femme peut refuser la polygamie par une clause du contrat de mariage.
On peut parler de « tolérance » ou d’esprit d’ouverture. J’y vois une méthodologie inspirée par une éthique de la liberté et de la responsabilité individuelles. C’est pourquoi, même si un musulman de France exècre de voir la burqa aux pieds de la tour Eiffel, il ne peut libérer son ressentiment sans contredire l’exemple qui fut celui de son Prophète.
Celles et ceux qui renoncent au mode de vie convenu pour mener une vie de spiritualité dans un monastère ou un couvent font un choix bien radical mais leur choix ne me fait pas peur. Il suscite mon admiration, même s’il n’est pas mon idéal.
L’ascèse et le renoncement sont recommandés en islam. Mais la vie monastique n’est pas une tradition musulmane. Et lorsqu’une musulmane choisit de vivre dans une burqa pour rester dans notre monde sans être de notre monde, elle ne m’effraie pas plus, elle ne me fait pas peur même si j'admets que sa tenue est étrange dans les rues de Paris.
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