Un médecin de l'Établissement français du sang (EFS) prélève le sang d'un des fidèles de la mosquée de l'UOIF, à La Courneuve, vendredri 23 octobre.
En islam, quiconque sauve la vie d'un seul homme est considéré comme ayant sauvé l'humanité. C’est en ce sens que les responsables de la mosquée de La Courneuve ont décidé d’aménager le lieu, vendredi 23 octobre, pour accueillir tout le matériel nécessaire aux prélèvements de sang de l’EFS. Cela après des années de réflexion et une pénurie sans cesse croissante de donateurs.
Hasard du calendrier, la mosquée d'Agen (Aquitaine) a lancé cette initiative le jour même. Les responsables de l'Association des musulmans de l'Agenais ont aussi choisi vendredi, jour d'affluence, pour sensibiliser les fidèles à faire des dons du sang. Ils espéraient convaincre une quarantaine de personnes sur les 400 attendues pour la prière. Du côté de l’UOIF, on espérait une cinquantaine. Au bout de cinq heures d’activité, l’objectif a été atteint avec 54 inscrits, dont 39 donateurs (responsables compris).
Hasard du calendrier, la mosquée d'Agen (Aquitaine) a lancé cette initiative le jour même. Les responsables de l'Association des musulmans de l'Agenais ont aussi choisi vendredi, jour d'affluence, pour sensibiliser les fidèles à faire des dons du sang. Ils espéraient convaincre une quarantaine de personnes sur les 400 attendues pour la prière. Du côté de l’UOIF, on espérait une cinquantaine. Au bout de cinq heures d’activité, l’objectif a été atteint avec 54 inscrits, dont 39 donateurs (responsables compris).
Les fidèles, entre confiance et peur
Fadila, 22 ans, fait partie de ceux qui ont sauté le pas. Elle, qui a donné son sang pour la première fois, estime que c’est « le manque d’information » sur les pratiques médicales qui l’« a empêchée de faire cet acte plus tôt. C’est un geste simple qui aide beaucoup ». En près de 45 minutes, elle s’est ainsi inscrite, entretenue confidentiellement avec un médecin, fait prélever puis reposée autour d’une collation offerte comme il est d’usage pour chaque donateur.
Pour Hafsa, 17 ans, et Nassila, 24 ans, habituées de la mosquée « depuis toujours », l’initiative lancée par le lieu de culte est « une très bonne chose car le besoin de sensibiliser est réel, surtout ceux qui ne savaient pas si le don du sang était possible en islam. C’est l’occasion d’un rappel ». « C’est un acte d’adoration en vue de se rapprocher de Dieu », ajoute Nassila. Un acte qu’elle aurait tant voulu faire si elle pesait plus de 50 kg, le poids minimal pour être apte à donner son sang. Quant à Hafsa, elle est mineure, ce qui l’empêche aussi de s’inscrire dans le registre des donneurs.
Comme d’autres, les deux jeunes filles se sont vues empêchées de passer à l'acte du fait des restrictions et des contre-indications. Les personnes ayant été transfusées à un moment de leur vie ou celles qui sont touchées par une maladie chronique ne peuvent prétendre devenir donateurs. Mais pour certains, les appréhensions, le manque de confiance ou encore la peur de l’aiguille restent plus forts que les explications des responsables religieux et médicaux, pourtant convaincantes. « J’ai peur de la mort », a-t-on même entendu à l’entrée de la salle de prière.
Pour Hafsa, 17 ans, et Nassila, 24 ans, habituées de la mosquée « depuis toujours », l’initiative lancée par le lieu de culte est « une très bonne chose car le besoin de sensibiliser est réel, surtout ceux qui ne savaient pas si le don du sang était possible en islam. C’est l’occasion d’un rappel ». « C’est un acte d’adoration en vue de se rapprocher de Dieu », ajoute Nassila. Un acte qu’elle aurait tant voulu faire si elle pesait plus de 50 kg, le poids minimal pour être apte à donner son sang. Quant à Hafsa, elle est mineure, ce qui l’empêche aussi de s’inscrire dans le registre des donneurs.
Comme d’autres, les deux jeunes filles se sont vues empêchées de passer à l'acte du fait des restrictions et des contre-indications. Les personnes ayant été transfusées à un moment de leur vie ou celles qui sont touchées par une maladie chronique ne peuvent prétendre devenir donateurs. Mais pour certains, les appréhensions, le manque de confiance ou encore la peur de l’aiguille restent plus forts que les explications des responsables religieux et médicaux, pourtant convaincantes. « J’ai peur de la mort », a-t-on même entendu à l’entrée de la salle de prière.
L’or rouge, un besoin vital mais rare
Le sang se renouvelant chaque jour, les risques de malaise sont infimes pour le donateur au vu des règles édictées par l'EFS. « En France, une transfusion est utilisée toutes les trois secondes et un malade sur quatre en a besoin dès qu’il franchit le seuil de l’hôpital. Nous souhaitons sensibiliser les musulmans sur cette question car, sur le plan de la religiosité, le fidèle doit donner comme il reçoit. C’est un don de générosité qui lui permet de participer sur le plan civique », explique Mahjoub Abdeddaïm, président de l’Association médicale Avicenne de France.
À Bordeaux, les musulmans captent de mieux en mieux le message. En l’espace de deux ans, la section sud-ouest de l’AMAF a ainsi organisé, avec la mosquée locale et l’EFS, cinq collectes de sang. Au total, 270 donateurs se sont faits connaître et plus de 70 se sont inscrits dans le registre français de dons de moelle osseuse.
À La Courneuve, les choses se lancent doucement. « 80 % des fidèles font spécialement une pause pour venir prier avant de reprendre leur travail juste après. Même si on sait qu’il n’y aura pas beaucoup de prélèvements, on veut provoquer le déclic pour que les fidèles se déplacent à l’EFS. C’est un acte citoyen qui suit la voie du bien et ce, peu importe qui en profite après », déclare Latifa Ait Taleb, membre du bureau exécutif de l’UOIF.
Ils ne sont pas rares à penser naturellement que les dons du sang ou d’organes, même s’ils sont charia-compatibles, sont exclusivement réservés à leurs frères et sœurs de religion.
M. Abu Yahia, le responsable de la mosquée de l’UOIF, tient à clarifier ce point aux fidèles. « Cela fait près d’une semaine que la mosquée sensibilise les fidèles à travers les prêches de l’imam sur le sujet. L’occasion d’enlever les idées fausses à propos desquelles on ne peut pas donner son sang à un étranger alors même que nous vivons en France. Il faut participer à sauver des vies, cela fait partie de la foi et de la citoyenneté. »
À La Courneuve, les choses se lancent doucement. « 80 % des fidèles font spécialement une pause pour venir prier avant de reprendre leur travail juste après. Même si on sait qu’il n’y aura pas beaucoup de prélèvements, on veut provoquer le déclic pour que les fidèles se déplacent à l’EFS. C’est un acte citoyen qui suit la voie du bien et ce, peu importe qui en profite après », déclare Latifa Ait Taleb, membre du bureau exécutif de l’UOIF.
Ils ne sont pas rares à penser naturellement que les dons du sang ou d’organes, même s’ils sont charia-compatibles, sont exclusivement réservés à leurs frères et sœurs de religion.
M. Abu Yahia, le responsable de la mosquée de l’UOIF, tient à clarifier ce point aux fidèles. « Cela fait près d’une semaine que la mosquée sensibilise les fidèles à travers les prêches de l’imam sur le sujet. L’occasion d’enlever les idées fausses à propos desquelles on ne peut pas donner son sang à un étranger alors même que nous vivons en France. Il faut participer à sauver des vies, cela fait partie de la foi et de la citoyenneté. »
Pour la moelle osseuse, des registres à enrichir
Outre le sang, l’AMAF a aussi pris le parti de sensibiliser les populations musulmanes au don de la moelle osseuse, un don du vivant vital pour les malades atteints de leucémies ou de maladies orphelines comme « la maladie de Griscelli », dont est atteint Nail, un enfant de 12 mois, dont la grand-mère a expliqué les épreuves que traverse sa famille lors de sa venue à la mosquée de l’UOIF.
Contrairement au don du sang, celui de la moelle obéit au système HLA (la carte d’identité génétique), qui doit conduire à une compatibilité la plus parfaite possible entre un donneur et un receveur. La probabilité que deux personnes soient compatibles sont extrêmement minces : une chance sur un million alors qu’un malade a une chance sur quatre de l’être avec un membre de sa fratrie, s’il en dispose.
Cependant, les chances augmentent pour les individus issus de la même ethnie : « Un sur 100 000 personnes », selon M. Abdeddaïm. Or « le registre français et mondial de moelle est pauvre concernant l’ethnie des Africains et des Maghrébins. Il est primordial de sensibiliser les musulmans de France, d’Europe et d’Afrique pour donner plus de chances de guérison aux malades de leurs ethnies et du monde », conclut le président.
Pour appuyer les initiatives des mosquées, l’opération de vendredi devrait être réitérée à la Rencontre annuelle des musulmans de France 2010, au Bourget , qui accueillera pas moins de 150 000 personnes. L’occasion à ne pas rater pour sensibiliser le public aux gestes qui sauvent.
Contrairement au don du sang, celui de la moelle obéit au système HLA (la carte d’identité génétique), qui doit conduire à une compatibilité la plus parfaite possible entre un donneur et un receveur. La probabilité que deux personnes soient compatibles sont extrêmement minces : une chance sur un million alors qu’un malade a une chance sur quatre de l’être avec un membre de sa fratrie, s’il en dispose.
Cependant, les chances augmentent pour les individus issus de la même ethnie : « Un sur 100 000 personnes », selon M. Abdeddaïm. Or « le registre français et mondial de moelle est pauvre concernant l’ethnie des Africains et des Maghrébins. Il est primordial de sensibiliser les musulmans de France, d’Europe et d’Afrique pour donner plus de chances de guérison aux malades de leurs ethnies et du monde », conclut le président.
Pour appuyer les initiatives des mosquées, l’opération de vendredi devrait être réitérée à la Rencontre annuelle des musulmans de France 2010, au Bourget , qui accueillera pas moins de 150 000 personnes. L’occasion à ne pas rater pour sensibiliser le public aux gestes qui sauvent.