Ils forment le tiercé gagnant de ce premier tour. Deux d'entre eux se sont qualifiés pour le second tour. Le troisième s'est imposé premier arbitre du second tour. Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal et François Bayrou. Leur succès ? Le résultat d'un travail de fourmi, fruit de militants locaux pleinement engagés pour la victoire de leur champion. Rencontre avec trois d'entre eux.
Sarko et Ségo
Fayçal Ménia est le responsable de la section UMP à Aubervilliers. Fayçal est ravi car son candidat est arrivé en tête du premier tour. Un résultat qu'il doit un petit peu, quelque part, à son travail, à Aubervilliers. Nicolas Sarkozy arrive second dans une commune de Seine-Saint-Denis, historiquement de gauche. "Nous avons fait 24 % à Aubervilliers. C'est un score historique. N'oublions pas que nous sommes dans un bastion communiste, la ville de Marie Georges Buffet, où la droite ne fait jamais de gros score. Nous arrivons deuxième, devant Bayrou."
Comment Fayçal a-t-il contribué à ce succès ? "Nous avons mené une campagne de tractage importante, dans les marchés et avons organisé de nombreuses réunions-débats dans les cafés. En tant que militant, je suis satisfait de la campagne telle qu'elle se déroule."
Et Ségo alors ? Là encore, c'est un Fayçal qui est à l'œuvre dans la campagne de la candidate socialiste. Fayçal Douhane, membre du conseil national du PS, qui partage l'enthousiasme de son homonyme, cette fois-ci sur le score de sa candidate.
"Son score est un excellent score qui lui a permis d'être au second tour. Elle a bénéficié du vote utile qui a asséché électoralement les autres candidats de gauche. C'est l'effet d'une participation importante du vote populaire. Ce vote s'était largement abstenu en 2002. Hors, cette année, le différentiel de participation entre les quartiers privilégiés et les quartiers populaires, n'a jamais été aussi tenu. Il est équivalent. Le score de Royal tient en grande partie à ce vote populaire."
Quant on interroge Fayçal Douhane sur son action politique et sur ses exigences de militant, il se montre plus critique.
"J'ai participé à l'organisation de meetings comme celui de Villepinte. Nous avons réalisé des campagnes de tractages et de collages d'affiches. Nous avons aussi organisé des réunions publiques, comme à Bondy et Bobigny, sur cette présidentielle mais aussi sur les législatives.
Mes exigences concernent la lutte contre les discriminations. Les français issus de l'immigration sont victimes, chaque jour de discriminations, en raison de la couleur de leur peau, de leur origine, ou de la consonance de leur nom. Je souhaite des mesures concrètes de lutte contre les discriminations, au niveau politique. La nomination de haut fonctionnaire, issus de l'immigration, par exemple. Il faut renforcer l'arsenal juridique pour les discriminations économiques qui sont dues, non pas à l'absence de compétences, mais à un nom ou une couleur de peau.
C'est un vrai combat politique qu'il faut mener."
Qu'en dit la direction du PS ? Que propose t'elle ?
"Il y aura la présentation de candidats issus de l'immigration, aux législatives, dans vingt circonscriptions. Il y aura quatre ou cinq députés socialistes issus de l'immigration pour le prochain mandat. C'est peu, mais on part de zéro. C'est la première fois au PS, grâce au combat interne que nous menons. Il y a une lutte très forte au sein du Parti Socialiste, sur cette question. Je fais parti de ceux qui considère que ce qui est fait est insuffisant. Ce n'est pas assez."
Un nouveau discours
Il n'est pas qualifié mais son score est, en soi, une victoire. C'est tout au moins ce que pense les fidèles de Bayrou. A l'image de Houari Guarmat, qui s'occupe de la section UDF de Saint-Denis. Le score de Bayrou à Saint-Denis, il s'en félicite, même s'il regrette la défaite.
"Je trouve le score de Bayrou exceptionnel. En nombre de voix, on a explosé les quotas et en nombre de pourcentage, on est devenu une force incontournable. Malheureusement, nous n'avons pas gagné.
Je pense que le vote Bayrou est majoritairement un vote d'adhésion. Les gens ont voté pour ses idées, contrairement au vote Royal où ils ont voté utile.
C'est un nouveau discours qui a beaucoup plu. La fin du clivage gauche droite. Autre chose, en 2002, on a fait 6 % lorsque l'on était les supplétifs de la droite. Maintenant que l'on revient au centre, avec ce nouveau discours, on fait 18 %. Il y a cinq ans, on était le centre mou, la droite aussi. Quant la droite avait besoin de nous, on votait pour elle, quant nous avions besoin d'elle, elle votait pour nous. Aujourd'hui, l'UDF a pris son indépendance.
A Saint-Denis, nous avons fait 15,5 %. C'est un peu moins qu'au niveau national. On a tout de même quintuplé notre nombre de voix. Nous avons fait les marchés, beaucoup de tractage, de réunions cafés, ce qui est beaucoup plus percutant, car dans les meetings on invite surtout ceux qui sont convaincus."
D'après Houari Guarmat, les militants de l'UDF sont de plus en plus jeune.
"Notre réseau s'appuie sur des militants et des sympathisants. Nous n'avons que des jeunes de moins de trente-cinq ans. Nous sommes une quarantaine de militants, avec des profils différents (chômeurs, cadres, comptables…)."
La raison de son engagement en faveur de Bayrou ?
"Je me suis engagé pour Bayrou, suite au 21 avril 2002. Ce qui me plait chez François Bayrou est son engagement inconditionnel en faveur de l'Union européenne. Mais aussi sa conception et son sens du social, sans assistanat."
Une possible alliance Bayrou/Royal ? Houari s'y refuse. Elle serait, à ses yeux, une trahison.
"Je ne suis pas favorable à une alliance avec l'UMP ou le PS, car une telle alliance, c'est revenir au bipartisme, c'est-à-dire tout le contraire de notre démarche."