Fustigeant la fixation de certains individus et des journalistes en particulier sur des « dérapages très isolés » qui ont pu apparaître lors du débat, Éric Besson affirme qu' « ils n'ont pas réussi à faire sortir le débat de son cadre républicain » ; et de poursuivre : « Le débat n'a pas dérapé ; la caricature de défouloir raciste n'a pas fonctionné ». Peu convaincant...
Plus encore, « le débat n'est pas focalisé sur l'immigration et sur l'islam », tient-il à préciser, analyse TNS-SOFFRES à l'appui.
Plus encore, « le débat n'est pas focalisé sur l'immigration et sur l'islam », tient-il à préciser, analyse TNS-SOFFRES à l'appui.
TNS-SOFFRES se prend au jeu du ministre
Sauf que, sur les 26 000 contributions du site Internet consacré au débat recueillies début décembre, celles qui portent sur l'immigration ou l'islam regroupent 27 % des contributions totales, et, admet Brice Teinturier de l'institut de sondage, l'analyse ne comprend pas les contributions censurées par les modérateurs, car « hors sujet », « racistes ou xénophobes » : et celles-ci représentent bien... 15 % du total. Un chiffre sapé par le ministre, balbutié par l'institut de sondage.
Réactions
Éric Besson « nous baratine », a estimé la porte-parole des Verts, Djamila Sonzogni, dans une déclaration à l'AFP. « Je ne peux pas croire le bilan que M. Besson nous donne », a t-elle ajouté. « Ce n'est pas ce que j'ai vu de mes propres yeux et ce qui ressort des témoignages que j'ai réunis », a-t-elle dit, en affirmant que les réunions rassemblaient « beaucoup de personnes âgées et des militants de l'UMP, très peu de militants de gauche ou de militants associatifs, ou de jeunes ».
« Contrairement à ce qu'a dit M. Besson, ces réunions sont axées essentiellement sur les questions de la burqa et de la religion musulmane », a dénoncé la porte-parole du parti écolo.
« Je dis à M. Besson : arrêtez les palabres pour endormir les gens », a ajouté Mme Sonzogni. « Qu'est devenu le plan anti-glandouille de la secrétaire d'État à la Ville Fadela Amara ? Aujourd'hui, il faut que le gouvernement change sa politique. Nous sommes prêts à lui dire ce qu'il faut faire », a-t-elle conclu.
Intervenant sur France Info, François Bayrou a qualifié ce débat sur l'identité nationale de « débat microcosmien ». « Ce n'est sûrement pas une préoccupation des Français », estime le président du Mouvement démocrate (MoDem).
Bariza Khiari en a, elle aussi, par-dessus la tête de ces débats à visée électoraliste. « Les discours sur la burqa, les minarets, l’identité nationale… ça suffit ! La question de la religion est seconde par rapport aux questions majeures que sont le logement, le travail, l’éducation », a déclaré la sénatrice PS et juge à la Haute Cour de justice, le 17 décembre, au Nouvelobs.
Invité à s'exprimer sur le sujet par l'association Trait-d'Union93, Ghaleb Bencheikh a lâché sa colère devant un parterre d'auditeurs. « Nous ne devons plus, nous ne pouvons plus accepter d'avoir des tuteurs qui parlent en notre nom », a déclaré le présentateur de l'émission « Islam » sur France 2. D'ailleurs, « l'élément islamique n'est pas aussi étranger au paysage national qu'on veuille nous le faire croire », revendique Ghaleb Bencheikh, évoquant les apports islamiques au paysage national et passant au crible dans une longue tirade l'impact, notamment, de la langue arabe sur le parler français d'aujourd'hui.
« Dans cette identité nationale, j'exige, je revendique que cette langue vivante, que cette langue de travail à l'ONU, soit enseignée partout dans tous les départements de la République ; il n'est pas normal qu'un dixième de la population et l'ensemble des citoyens puisse être amputé (d'une partie de son histoire, ndlr). » « L'identité nationale est à construire avec nous tous, avec le citoyen in abstracto de ses appartenances confessionnelles, orientations métaphysiques ou que sais-je encore », a-t-il ajouté.
« Ce débat va profiter au Front national », estime pour sa part Azouz Begag, ancien ministre délégué à la Promotion de l'égalité des chances. Il n'a pas cru si bien dire : pour les régionales, le FN a lancé début décembre une campagne offensive explicitement anti-islam.
Même consternation chez le commissaire à la Diversité et à l'Égalité des chances, Yazid Sabeg, sur les ondes de BFM : « On ne peut pas construire l'identité de ce pays contre ses minorités, on ne peut pas construire l'identité de ce pays contre l'islam. On le fera avec ou on n'y arrivera pas », a-t-il réaffirmé.
« Je dis à M. Besson : arrêtez les palabres pour endormir les gens », a ajouté Mme Sonzogni. « Qu'est devenu le plan anti-glandouille de la secrétaire d'État à la Ville Fadela Amara ? Aujourd'hui, il faut que le gouvernement change sa politique. Nous sommes prêts à lui dire ce qu'il faut faire », a-t-elle conclu.
Intervenant sur France Info, François Bayrou a qualifié ce débat sur l'identité nationale de « débat microcosmien ». « Ce n'est sûrement pas une préoccupation des Français », estime le président du Mouvement démocrate (MoDem).
Bariza Khiari en a, elle aussi, par-dessus la tête de ces débats à visée électoraliste. « Les discours sur la burqa, les minarets, l’identité nationale… ça suffit ! La question de la religion est seconde par rapport aux questions majeures que sont le logement, le travail, l’éducation », a déclaré la sénatrice PS et juge à la Haute Cour de justice, le 17 décembre, au Nouvelobs.
Invité à s'exprimer sur le sujet par l'association Trait-d'Union93, Ghaleb Bencheikh a lâché sa colère devant un parterre d'auditeurs. « Nous ne devons plus, nous ne pouvons plus accepter d'avoir des tuteurs qui parlent en notre nom », a déclaré le présentateur de l'émission « Islam » sur France 2. D'ailleurs, « l'élément islamique n'est pas aussi étranger au paysage national qu'on veuille nous le faire croire », revendique Ghaleb Bencheikh, évoquant les apports islamiques au paysage national et passant au crible dans une longue tirade l'impact, notamment, de la langue arabe sur le parler français d'aujourd'hui.
« Dans cette identité nationale, j'exige, je revendique que cette langue vivante, que cette langue de travail à l'ONU, soit enseignée partout dans tous les départements de la République ; il n'est pas normal qu'un dixième de la population et l'ensemble des citoyens puisse être amputé (d'une partie de son histoire, ndlr). » « L'identité nationale est à construire avec nous tous, avec le citoyen in abstracto de ses appartenances confessionnelles, orientations métaphysiques ou que sais-je encore », a-t-il ajouté.
« Ce débat va profiter au Front national », estime pour sa part Azouz Begag, ancien ministre délégué à la Promotion de l'égalité des chances. Il n'a pas cru si bien dire : pour les régionales, le FN a lancé début décembre une campagne offensive explicitement anti-islam.
Même consternation chez le commissaire à la Diversité et à l'Égalité des chances, Yazid Sabeg, sur les ondes de BFM : « On ne peut pas construire l'identité de ce pays contre ses minorités, on ne peut pas construire l'identité de ce pays contre l'islam. On le fera avec ou on n'y arrivera pas », a-t-il réaffirmé.
C'est pas fini
Consternations ou pas, Besson poursuit son chemin. « 80 % des internautes ont tendance à considérer que l'identité nationale s'affaiblit », se justifie-t-il. « J'ai réalisé (à travers ce débat, ndlr) à quel point la France reste fidèle à l'espoir des Républicains », conclut le ministre de l'Immigration. Mais encore ? « Les orientations et propositions issues du grand débat seront soumises avant la fin du mois à l'arbitrage du président de la République et du Premier ministre », a déclaré M. Besson.
Des exemples ? Faire prêter un serment citoyen pour les Français à l'âge de la majorité, et lors de l'accession à la nationalité pour les étrangers, ou encore chanter La Marseillaise dans les écoles avant le début des cours. Interrogé sur la possibilité ou non d'éventuelles lois, Éric Besson répond qu'« il est possible que certaines d'entre elles (les propositions) aient une traduction législative ou réglementaire, par exemple un amendement ».
Surprise générale à La Courneuve, mardi. « Monsieur identité nationale » s'est rendu dans l'après-midi à la cité des 4 000 à La Courneuve (Seine-Saint-Denis), dans le quartier « karcherisé » de Sarkozy, pour un débat sur l'identité nationale, réunissant une quinzaine d'associations et des acteurs politiques. Le vice-président socialiste du conseil général de Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel, s'est montré mécontent. Dans un communiqué, il juge que « dans un pseudo-débat, Éric Besson a voulu "se refaire une santé" sur le dos de notre ville et de ses habitants ». Et de dénoncer une réunion avec « essentiellement des militants ou sympathisants UMP », sans « invitation préalable des habitants ou élus ».
Alors même que le débat devait s'achever ce mois-ci le ministre de l'Immigration a émis le souhait mardi de le voir se prolonger plusieurs mois encore. Il faut dire que Besson a décidément bien empêtré le gouvernement. La sortie de crise sera sans doute longue... et improbable.
Lire aussi :
Identité nationale : 50 % des Français pour un arrêt du débat
Le débat sur l'identité nationale tourne au vinaigre
L’islam miné par l’identité nationale
Yazid Sabeg : « Le débat sur la burqa est un piège »
S’ils pouvaient se la fermer sur l’islam…
Des exemples ? Faire prêter un serment citoyen pour les Français à l'âge de la majorité, et lors de l'accession à la nationalité pour les étrangers, ou encore chanter La Marseillaise dans les écoles avant le début des cours. Interrogé sur la possibilité ou non d'éventuelles lois, Éric Besson répond qu'« il est possible que certaines d'entre elles (les propositions) aient une traduction législative ou réglementaire, par exemple un amendement ».
Surprise générale à La Courneuve, mardi. « Monsieur identité nationale » s'est rendu dans l'après-midi à la cité des 4 000 à La Courneuve (Seine-Saint-Denis), dans le quartier « karcherisé » de Sarkozy, pour un débat sur l'identité nationale, réunissant une quinzaine d'associations et des acteurs politiques. Le vice-président socialiste du conseil général de Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel, s'est montré mécontent. Dans un communiqué, il juge que « dans un pseudo-débat, Éric Besson a voulu "se refaire une santé" sur le dos de notre ville et de ses habitants ». Et de dénoncer une réunion avec « essentiellement des militants ou sympathisants UMP », sans « invitation préalable des habitants ou élus ».
Alors même que le débat devait s'achever ce mois-ci le ministre de l'Immigration a émis le souhait mardi de le voir se prolonger plusieurs mois encore. Il faut dire que Besson a décidément bien empêtré le gouvernement. La sortie de crise sera sans doute longue... et improbable.
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