Philadelphie – Qui va à Philadelphie aujourd’hui peut voir de petits magasins chics et des couturières qui s’adressent aux jeunes musulmanes branchées qui ponctuent les quartiers multiculturels de la ville. Il y trouvera aussi des défilés de mode montrant abayas (grandes robes flottantes) et niqabs (voiles recouvrant le visage), qui ont la préférence d’un petit nombre de musulmanes américaines. Le spectacle de la mode musulmane de Philadelphie est en plein essor. Cela montre que ne sont pas les crimes perpétrés à Philadelphie et dans ses environs, et dont les auteurs portaient une abaya, un niqab ou une burqa (grande robe flottante recouvrant le corps, le visage et les yeux), qui vont exclure les musulmans locaux de la communauté, ni stigmatiser leurs vêtements.
Une série de hold-up commis depuis deux ans, par des braqueurs enveloppés dans des burqas et, plus récemment, l’enlèvement dans une école de Philadelphie d’une fillette de cinq ans par une femme portant abaya et niqab avaient, au début, provoqué une discrimination à l’encontre des musulmanes, dans une ville où l’islam et les musulmans font désormais partie intégrante du paysage culturel.
Sahirah Taylor, une musulmane de Philadelphie qui porte le niqab, a raconté au Philadelphia City Paper le sentiment qu’elle a eu d’être marginalisée en entendant une mère réprimander ses enfants pour l’avoir approchée : « Tu sais, ces musulmanes enlèvent des enfants. »
Cependant, les musulmanes de Philadelphie, qui bénéficient depuis des années d’une culture florissante autour d’une mode pudique, s’en servent pour revendiquer les significations attachées à leur tenue. Chaque week-end, ou presque, on voit en ville des vendeurs ambulants proposer la dernière mode, allant des abayas et tuniques tendance tissées main aux voiles aux couleurs éclatantes d’importation récente. Le défilé de mode annuel du South Philadelphia United Muslim Masjid (une mosquée locale) entame cette année sa quinzième saison, témoignant ainsi de la longévité de la mode musulmane à Philadelphie.
Autre exemple de cette culture vibrante, la présentation de mode Show Me How 2 Cover qui s’est tenue le 2 mars dernier. Des centaines de musulmanes ont envahi le bâtiment pour regarder les dernières propositions de mode des boutiques et des couturières, tant locales qu’étrangères. Les “hijabinistas” locales qui ont participé à l’événement peuvent surprendre ceux qui ne savaient pas que haute couture et islam peuvent aller de pair. On a pu voir des femmes revêtues de toutes sortes d’abayas et de burqas mariées à des niqabs, à des sacs Vuitton, à des hijabs de chez Target, des vêtements de H&M et des talons aiguilles.
Dans un hadith (parole attribuée au Prophète), le prophète Muhammad (que la paix soit sur lui), répondant à une question — « et si l’on aime bien que ses vêtements et ses chaussures soient beaux ?» — dit : « Dieu aime à voir les effets de Sa grâce sur la personne de Son serviteur » (Tirmidhi 2819).
Alors que depuis des années la communauté musulmane de la mode est en plein essor à Philadelphie, l’attention récente des médias dominants l’a placée au premier plan. Dans son numéro du 13 mars dernier, le Philadelphia City Paper a fait ce qu’aucun autre grand journal de Philadelphie n’avait fait : mettre en première page un article constructif sur la religion et la mode, avec des photos de “hijabinistas” locales habillées à l’occidentale avec foulards et hijabs. Cela fait plaisir de voir que des musulmanes qui ont choisi de porter un foulard, voire celles qui, moins nombreuses, portent le hijab, sont acceptées, les unes et les autres, comme appartenant à la culture de Philadelphie.
En outre, des blogs comme Philly Hijabis Killing It, des couturières de Philadelphie comme M’Squared Fashunz¬ — qui a constamment produit des défilés de mode qui attirent beaucoup de monde, y compris bien au-delà de la communauté musulmane — et des stylistes comme Saniyyah Bilal, de CurioStyling Inc., être de plus en plus connus dans la ville.
Récemment, dans un événement de mode, Saniyyah Bilal plaçait le foulard sous les projecteurs, dans son segment intitulé “Hijabi Couture”. C’était une jolie juxtaposition que de voir des femmes habillées de pied en cap, selon la mode, défiler fièrement sur la piste, quelques minutes seulement après des modèles dans des vêtements qui laissent peu de place à l’imagination. À la page Instagram de Curiostyling, un non-musulman passionné de mode la félicitait pour son « boulot fabuleux » et un autre qualifiait son segment de « novateur ».
Malgré les crimes récents, la présence des musulmans à Philadelphie, en particulier des hijabinistas qui ont pris la mode fermement en main, contribue à combattre la tendance des stéréotypes négatifs à s’imposer dans cette ville. Les femmes musulmanes de Philadelphie font partie intégrante de la ville, et la couverture de ces manifestations par des organes d’information non musulmans, ainsi que les réactions favorables de citoyens non musulmans de Philadelphie, ne font que mettre en évidence ce phénomène.
* Keziah Ridgeway est professeur d’histoire, animatrice d’un blog sur la mode, auteur et conseillère de la Uptown section de Philadelphie.
Une série de hold-up commis depuis deux ans, par des braqueurs enveloppés dans des burqas et, plus récemment, l’enlèvement dans une école de Philadelphie d’une fillette de cinq ans par une femme portant abaya et niqab avaient, au début, provoqué une discrimination à l’encontre des musulmanes, dans une ville où l’islam et les musulmans font désormais partie intégrante du paysage culturel.
Sahirah Taylor, une musulmane de Philadelphie qui porte le niqab, a raconté au Philadelphia City Paper le sentiment qu’elle a eu d’être marginalisée en entendant une mère réprimander ses enfants pour l’avoir approchée : « Tu sais, ces musulmanes enlèvent des enfants. »
Cependant, les musulmanes de Philadelphie, qui bénéficient depuis des années d’une culture florissante autour d’une mode pudique, s’en servent pour revendiquer les significations attachées à leur tenue. Chaque week-end, ou presque, on voit en ville des vendeurs ambulants proposer la dernière mode, allant des abayas et tuniques tendance tissées main aux voiles aux couleurs éclatantes d’importation récente. Le défilé de mode annuel du South Philadelphia United Muslim Masjid (une mosquée locale) entame cette année sa quinzième saison, témoignant ainsi de la longévité de la mode musulmane à Philadelphie.
Autre exemple de cette culture vibrante, la présentation de mode Show Me How 2 Cover qui s’est tenue le 2 mars dernier. Des centaines de musulmanes ont envahi le bâtiment pour regarder les dernières propositions de mode des boutiques et des couturières, tant locales qu’étrangères. Les “hijabinistas” locales qui ont participé à l’événement peuvent surprendre ceux qui ne savaient pas que haute couture et islam peuvent aller de pair. On a pu voir des femmes revêtues de toutes sortes d’abayas et de burqas mariées à des niqabs, à des sacs Vuitton, à des hijabs de chez Target, des vêtements de H&M et des talons aiguilles.
Dans un hadith (parole attribuée au Prophète), le prophète Muhammad (que la paix soit sur lui), répondant à une question — « et si l’on aime bien que ses vêtements et ses chaussures soient beaux ?» — dit : « Dieu aime à voir les effets de Sa grâce sur la personne de Son serviteur » (Tirmidhi 2819).
Alors que depuis des années la communauté musulmane de la mode est en plein essor à Philadelphie, l’attention récente des médias dominants l’a placée au premier plan. Dans son numéro du 13 mars dernier, le Philadelphia City Paper a fait ce qu’aucun autre grand journal de Philadelphie n’avait fait : mettre en première page un article constructif sur la religion et la mode, avec des photos de “hijabinistas” locales habillées à l’occidentale avec foulards et hijabs. Cela fait plaisir de voir que des musulmanes qui ont choisi de porter un foulard, voire celles qui, moins nombreuses, portent le hijab, sont acceptées, les unes et les autres, comme appartenant à la culture de Philadelphie.
En outre, des blogs comme Philly Hijabis Killing It, des couturières de Philadelphie comme M’Squared Fashunz¬ — qui a constamment produit des défilés de mode qui attirent beaucoup de monde, y compris bien au-delà de la communauté musulmane — et des stylistes comme Saniyyah Bilal, de CurioStyling Inc., être de plus en plus connus dans la ville.
Récemment, dans un événement de mode, Saniyyah Bilal plaçait le foulard sous les projecteurs, dans son segment intitulé “Hijabi Couture”. C’était une jolie juxtaposition que de voir des femmes habillées de pied en cap, selon la mode, défiler fièrement sur la piste, quelques minutes seulement après des modèles dans des vêtements qui laissent peu de place à l’imagination. À la page Instagram de Curiostyling, un non-musulman passionné de mode la félicitait pour son « boulot fabuleux » et un autre qualifiait son segment de « novateur ».
Malgré les crimes récents, la présence des musulmans à Philadelphie, en particulier des hijabinistas qui ont pris la mode fermement en main, contribue à combattre la tendance des stéréotypes négatifs à s’imposer dans cette ville. Les femmes musulmanes de Philadelphie font partie intégrante de la ville, et la couverture de ces manifestations par des organes d’information non musulmans, ainsi que les réactions favorables de citoyens non musulmans de Philadelphie, ne font que mettre en évidence ce phénomène.
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