Les discriminations : un thème ô combien important mais relégué au fond d’un placard pendant les débats sur l’identité nationale. Les statistiques ethniques peuvent-elles y remédier ? Oui, tant que leur utilisation est contrôlée. Mais nul besoin d’un package législatif pour mettre en place ce système de comptage ni de « faire un recensement sur des bases ethno-raciales en France ».
Après plusieurs mois de travaux, telle est la principale conclusion du Comité pour la mesure de la diversité et l’évaluation des discriminations (COMEDD), présidé par François Héran, ex-directeur de l’Institut national des études démographique (INED), qui a rendu ses conclusions, vendredi 5 février.
Après plusieurs mois de travaux, telle est la principale conclusion du Comité pour la mesure de la diversité et l’évaluation des discriminations (COMEDD), présidé par François Héran, ex-directeur de l’Institut national des études démographique (INED), qui a rendu ses conclusions, vendredi 5 février.
Recenser les données d’état civil sur deux générations
Les statistiques sont « utiles » pour le COMEDD. En ce sens, il suggère d’inclure une question, entre autres, sur la nationalité et le pays de naissance des parents lors de tout recensement annuel de la population « car les discriminations frappent au premier chef les descendants d’immigrés et des Français d’outre-mer ».
Il suggère aussi la création d’un « observatoire des discriminations au sein de la HALDE », capable de « rendre un rapport annuel sur l’état des lieux des discriminations en France » et de « piloter un dispositif de veille statistique applicable dans un premier temps au domaine de l’emploi », secteur le plus touché par les discriminations.
Selon le dernier rapport de la HALDE et de l’Organisation international du Travail (OIT), 36 % des salariés du privé disent avoir subi une discrimination et 32 % affirment avoir subi une discrimination liée à leur origine ethnique.
« Mesurant pleinement les enjeux sociopolitiques de la controverse française sur les statistiques ethniques, le comité (…) ne prétend pas trancher le débat mais le nourrir », affirme le rapport. Peine perdue. Le consensus a vite cédé sa place à la polémique.
Il suggère aussi la création d’un « observatoire des discriminations au sein de la HALDE », capable de « rendre un rapport annuel sur l’état des lieux des discriminations en France » et de « piloter un dispositif de veille statistique applicable dans un premier temps au domaine de l’emploi », secteur le plus touché par les discriminations.
Selon le dernier rapport de la HALDE et de l’Organisation international du Travail (OIT), 36 % des salariés du privé disent avoir subi une discrimination et 32 % affirment avoir subi une discrimination liée à leur origine ethnique.
« Mesurant pleinement les enjeux sociopolitiques de la controverse française sur les statistiques ethniques, le comité (…) ne prétend pas trancher le débat mais le nourrir », affirme le rapport. Peine perdue. Le consensus a vite cédé sa place à la polémique.
Les anti-statistiques ethniques se lâchent
« Trier les Français "purs" de ceux à ascendance étrangère », selon l’expression de la Ligue des droits de l’homme (LDH), n’emballe pas les associations de lutte contre le racisme, même de façon anonyme, autodéclarative, volontaire et contrôlée.
Par crainte des dérives, elles ne sont pas enclines à accepter les propositions du comité Héran, à commencer par SOS Racisme, qui estime qu’« une telle réforme conduirait à établir un référentiel ethno-racial pour classer et compter les Français selon leurs origines », comme cela est pratiqué aux États-Unis.
Jugeant les conclusions du rapport insuffisantes, le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP) s’est élevé « contre les dangers de l'usage des statistiques ethniques et réaffirme la nécessité d'une recherche approfondie sur les processus de discriminations ».
Seul le Conseil représentatif des associations noires de France (CRAN) a salué le rapport. Son appel pour une loi sur les statistiques ethniques s’est octroyé le soutien de nombreuses personnalités politiques, de droite et de gauche.
Après un houleux débat sur l'identité nationale, fusillé de part et d'autre, le gouvernement se penche à présent sur la question avec prudence.
Par crainte des dérives, elles ne sont pas enclines à accepter les propositions du comité Héran, à commencer par SOS Racisme, qui estime qu’« une telle réforme conduirait à établir un référentiel ethno-racial pour classer et compter les Français selon leurs origines », comme cela est pratiqué aux États-Unis.
Jugeant les conclusions du rapport insuffisantes, le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP) s’est élevé « contre les dangers de l'usage des statistiques ethniques et réaffirme la nécessité d'une recherche approfondie sur les processus de discriminations ».
Seul le Conseil représentatif des associations noires de France (CRAN) a salué le rapport. Son appel pour une loi sur les statistiques ethniques s’est octroyé le soutien de nombreuses personnalités politiques, de droite et de gauche.
Après un houleux débat sur l'identité nationale, fusillé de part et d'autre, le gouvernement se penche à présent sur la question avec prudence.