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Points de vue

François Hollande, pro-israélien ou politicien démagogue ?

Par Sofiane Meziani*

Rédigé par Sofiane Meziani | Mardi 7 Février 2012 à 00:00

           


Le changement, c’est maintenant ! Il s’agit là des dernières notes jouées par les flûtistes du Parti socialiste avant d’être rejoint par l’équipe du CRIF pour accorder leurs violons. En somme, une véritable cacophonie politique. En effet, François Hollande, accompagné de Manuel Valls et de Pierre Moscovici, a reçu le 25 janvier 2012 une forte délégation du CRIF.

Le leader du PS, « dans une ambiance chaleureuse et conviviale » – il nous apparaît nécessaire de souligner ce contexte qui révèle une espèce de connivence –, aurait alors assuré cette députation de « son engagement de fermeté contre l’antisémitisme et l’antisionisme ».

Confusion dans les termes et la terminologie. L’antisémitisme comme toutes les formes de racisme est inacceptable. Cela va sans dire. Mais l’antisionisme ? Quel est le rapport ? A quoi joue François Hollande ? On n’y voit rien d’autre qu’une façon abjecte de courtiser le lobby pro-israélien à des fins purement électoralistes. La condamnation de la politique criminelle israélienne, alimentée par l’idéologie sioniste, ne relève pas de la xénophobie et encore moins du délit. Bien au contraire, il n’y a rien de plus juste que de dénoncer et de combattre l’injustice. Et, comme l’a fait remarquer à juste titre Dominique Vidal, assimiler l’antisionisme à l’antisémitisme relève du contre-sens historique.

En outre, parmi les 60 propositions de François Hollande, l’articulation de la 30e énonciation – bien qu’elle entende condamner toutes les formes de discrimination – pose question. Le candidat socialiste à la présidentielle s’engage en effet à travers cette proposition à combattre le racisme et – tient-il à préciser – l’antisémitisme. Quant à l’islamophobie qui ne cesse de croître de jour en jour ? Silence radio… Ou peut-être, nous dira-t-on, pour contourner subtilement la question, que la lutte contre le racisme comprend l’islamophobie ? Soit. Pourquoi donc avoir spécifié, voire isolé, l’antisémitisme ? Comme s’il s’agissait d’une prérogative ou d’un clin d’œil intéressé à l’égard de la communauté juive.

Ce détail, à notre sens, en dit long sur l’éventuelle alliance de François Hollande avec le CRIF en particulier et, de surcroît, sur la politique étrangère qui sera menée au Proche-Orient sous le leadership du PS, s’il arrive au pouvoir. D’ailleurs François Hollande, selon le compte rendu du CRIF, aurait souligné que « si Israël est l’objet de tant de critiques, c’est qu’il constitue une grande démocratie ».

Par ailleurs, faut-il aussi noter que l’ex-rival de Martine Aubry durant les primaires socialistes a la curieuse volonté, selon sa 46e proposition, d’inscrire les principes fondamentaux de la loi de 1905 dans la Constitution française ! Les choses ne semblent pas aller bon train, et le post-sarkozysme s’annonce périlleux.

La scène politique s’est transformée en un véritable opéra, où la majorité des partis, orchestrée par la Banque – et le CRIF –, fait preuve d’une dextérité indéniable dans la comédie musicale. Nous avons affaire non plus à des politiques en phase avec les idéaux et les principes républicains, mais à d’insatiables démagogues assoiffés de pouvoir prêts à toutes sortes d’idioties pour se faire plébisciter.

Le PS, en effet, à travers sa singulière créativité, n’a pas hésité à invoquer le burlesque, en inventant un geste farfelu accompagné du slogan « Le changement, c’est maintenant ! » pour investir l’Elysée ! Pour vous dire à quel point la République est malade… Ce n’est pas avec des gestes extravagants que l’on changera la France ! Ce qu’il faut – et qui fait défaut –, c’est de la cohérence et de l’action. Le temps est venu d’abolir cette « oligarchie des incapables » et surtout des insatiables !

Le Parti socialiste, cela étant dit, n’a retenu du socialisme que le nom et semble avoir mis à la marge de son engagement les principes – utopiques (Leroux) et scientifiques (Marx) – fondateurs de ce courant pensé et façonné au XIXe siècle. A l’heure de la personnification des partis, où l’on exhibe les personnages plutôt que les idées et les valeurs, où la communication prime sur l’action, il nous incombe d’inviter solennellement les politiciens à se réconcilier avec la politique, à renouer avec les principes de la démocratie et à incarner les valeurs de la République.

« Liberté, Egalité, Fraternité » ne doit ainsi plus être un simple slogan inscrit sur le fronton de nos institutions mais il doit être une encre vivante gravée dans l’engagement de chaque citoyen et, surtout, dans nos relations humaines et sociales. L’Hexagone français doit pouvoir s’imprégner des couleurs de son propre drapeau…


* Sofiane Meziani est écrivain, auteur de cinq ouvrages, dont Le Chemin de la Liberté aux éditions Beaurepaire, travailleur social à Lille et membre du Collectif des musulmans de France (CMF).






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