Cette commission a été formée par Kigali il y a environ six mois. Présidée par un ancien ministre de la Justice, Jean de Dieu Mucyo, la commission comprend des experts juridiques, des historiens et un ancien commandant de l'armée. Elle a pour mission « de rassembler les preuves de l'implication de la France dans le génocide ».Selon son président, Jean de Dieu Mucyo, « le rapport déterminera s'il faut ou non engager une procédure judiciaire devant la Cour internationale de justice (CIJ) ».
Plusieurs témoins ont été entendus la semaine dernière, dont Jacques Bihozagara, l’un des fondateurs de la rébellion FPR (Front patriotique rwandais) et ancien ambassadeur du Rwanda en France, qui déclare que « Les Français ont envoyé des soldats, des armes, formé des tueurs et érigé des barrages pour rendre plus facile aux meurtriers leur mission d'extermination des Tutsis ». De nombreux témoignages continus d’être recueillis, notamment de la part de gens qui vivaient dans la zone de l'opération militaro-humanitaire « Turquoise », déclenchée en 1994 par Paris trois mois après le début du génocide. « Je n'ai rien à dire d'agréable sur les Français » déclare Joseph Harelimana commerçant trentenaire qui a perdu dix membres de sa famille. « Ce sont les Français qui détenaient la clé de notre survie. S'ils avaient voulu nous sauver, alors il n'y aurait pas eu toutes ces morts innocentes » ajoute il.
« Nous allons convoquer notamment d'anciens miliciens auxquels les Français ont appris à tuer et ont ordonné de le faire, ainsi que des rescapées qui accusent des soldats français de viol », a déclaré Jean-Paul Kimonyo, un membre de la commission. « Nous souhaitons aussi inviter des étrangers, et notamment des ressortissants français, à témoigner devant la commission. » Rajoute t il.
La commission gouvernementale rwandaise, composée de sept membres nommés en avril, doit entendre au total les dépositions de 20 témoins. Ces témoignages pourraient être cités comme preuves dans le cadre d'éventuelles poursuites judiciaires contre la France.
Plusieurs témoins ont été entendus la semaine dernière, dont Jacques Bihozagara, l’un des fondateurs de la rébellion FPR (Front patriotique rwandais) et ancien ambassadeur du Rwanda en France, qui déclare que « Les Français ont envoyé des soldats, des armes, formé des tueurs et érigé des barrages pour rendre plus facile aux meurtriers leur mission d'extermination des Tutsis ». De nombreux témoignages continus d’être recueillis, notamment de la part de gens qui vivaient dans la zone de l'opération militaro-humanitaire « Turquoise », déclenchée en 1994 par Paris trois mois après le début du génocide. « Je n'ai rien à dire d'agréable sur les Français » déclare Joseph Harelimana commerçant trentenaire qui a perdu dix membres de sa famille. « Ce sont les Français qui détenaient la clé de notre survie. S'ils avaient voulu nous sauver, alors il n'y aurait pas eu toutes ces morts innocentes » ajoute il.
« Nous allons convoquer notamment d'anciens miliciens auxquels les Français ont appris à tuer et ont ordonné de le faire, ainsi que des rescapées qui accusent des soldats français de viol », a déclaré Jean-Paul Kimonyo, un membre de la commission. « Nous souhaitons aussi inviter des étrangers, et notamment des ressortissants français, à témoigner devant la commission. » Rajoute t il.
La commission gouvernementale rwandaise, composée de sept membres nommés en avril, doit entendre au total les dépositions de 20 témoins. Ces témoignages pourraient être cités comme preuves dans le cadre d'éventuelles poursuites judiciaires contre la France.
Soldats français en accusation
Les soldats français sont notamment accusés d'avoir facilité le massacre d'environ 50.000 Tutsis à Bisesoro, un village situé sur une colline dans l'ouest du pays, en les incitant à sortir de leurs cachettes. Selon des rescapés, les Tutsis ont ensuite été abandonnés et exposés aux attaques des miliciens hutus. « Les Français nous ont abandonnés quelques heures après l'arrivée des miliciens hutus qui nous encerclaient. Ce jour-là, les gens ont été massacrés sans pitié », raconte Valence Habiyambere. Six rescapés du génocide ont déposé plainte l'an dernier à Paris, accusant les soldats français de complicité dans des crimes contre l'humanité.
Bihozagara, ancien membre du Front patriotique rwandais (FPR), qui s'est rebellé au début des années 1990 contre les autorités hutues, a déclaré que des responsables français avaient, à l'époque, demandé au groupe de renoncer à son combat. « Quand vous atteindrez Kigali, vous trouverez tous vos proches morts », ont-ils dit, selon lui. « Je me demande si ces responsables français étaient des prophètes ou s'ils étaient impliqués dans la planification. »
Bihozagara, ancien membre du Front patriotique rwandais (FPR), qui s'est rebellé au début des années 1990 contre les autorités hutues, a déclaré que des responsables français avaient, à l'époque, demandé au groupe de renoncer à son combat. « Quand vous atteindrez Kigali, vous trouverez tous vos proches morts », ont-ils dit, selon lui. « Je me demande si ces responsables français étaient des prophètes ou s'ils étaient impliqués dans la planification. »
Interventions humanitaires ou militaires ?
La France dément non seulement toute implication dans les massacres mais affirme que son intervention militaire a permis d'aider le peuple rwandais. La France a succédé à la Belgique comme principal appui occidental du Rwanda. Quand l'armée rebelle de Kagamé a pris les armes contre les autorités hutues, au début des années 1990, la France avait envoyé des soldats à Kigali.
Entre octobre 1990 et décembre 1993, les français ont mené l'opération « Noroit », que beaucoup de Rwandais ont interprétée comme un appui sans réserve au gouvernement du président hutu, Juvénal Habyarimana, face aux rebelles du FPR de Kagamé. « Cette opération a permis aux Français d'organiser et d'entraîner les soldats rwandais, qui ont formé à leur tour les milices Interahamwe » responsables des massacres, affirme le professeur Anastase Shyaka, un politologue de l'Université nationale du Rwanda Shyaka.
Quand les rebelles tutsis anglophones sont entrés au Rwanda en 1990, les Français ont présenté cette guerre en termes linguistiques, explique le professeur Shyaka. « La propagande voulait qu'un peuple anglophone ait envahi un peuple francophone, et c'est l'une des excuses que les Français ont saisies pour soutenir ouvertement le régime. » Selon un officier belge de la force des Nations unies à Kigali, le colonel Luc Marchal, un avion français était arrivé à Kigali avec à son bord cinq tonnes de munitions destinées aux forces gouvernementales, ce que Paris dément.
Une mission d'information du Parlement français a conclu en 1998 que la France avait sous-estimé la nature criminelle du régime rwandais mais qu'elle n'avait eu aucun rôle dans le génocide. Les autorités françaises soulignent que la France a été, avec l'opération Turquoise, le seul pays à agir pendant le drame, alors que l'Onu et les autres membres du Conseil de sécurité ordonnaient le retrait du contingent de casques bleus présents sur place avant 1994. Le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères rappel que la France « a accompli un travail de mémoire » et qu'une commission d'enquête parlementaire avait mené des enquêtes « objectives et impartiales », que de plus, la France « coopère étroitement » avec le Tribunal pénal international des Nations unies pour le Rwanda (TPIR).
Entre octobre 1990 et décembre 1993, les français ont mené l'opération « Noroit », que beaucoup de Rwandais ont interprétée comme un appui sans réserve au gouvernement du président hutu, Juvénal Habyarimana, face aux rebelles du FPR de Kagamé. « Cette opération a permis aux Français d'organiser et d'entraîner les soldats rwandais, qui ont formé à leur tour les milices Interahamwe » responsables des massacres, affirme le professeur Anastase Shyaka, un politologue de l'Université nationale du Rwanda Shyaka.
Quand les rebelles tutsis anglophones sont entrés au Rwanda en 1990, les Français ont présenté cette guerre en termes linguistiques, explique le professeur Shyaka. « La propagande voulait qu'un peuple anglophone ait envahi un peuple francophone, et c'est l'une des excuses que les Français ont saisies pour soutenir ouvertement le régime. » Selon un officier belge de la force des Nations unies à Kigali, le colonel Luc Marchal, un avion français était arrivé à Kigali avec à son bord cinq tonnes de munitions destinées aux forces gouvernementales, ce que Paris dément.
Une mission d'information du Parlement français a conclu en 1998 que la France avait sous-estimé la nature criminelle du régime rwandais mais qu'elle n'avait eu aucun rôle dans le génocide. Les autorités françaises soulignent que la France a été, avec l'opération Turquoise, le seul pays à agir pendant le drame, alors que l'Onu et les autres membres du Conseil de sécurité ordonnaient le retrait du contingent de casques bleus présents sur place avant 1994. Le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères rappel que la France « a accompli un travail de mémoire » et qu'une commission d'enquête parlementaire avait mené des enquêtes « objectives et impartiales », que de plus, la France « coopère étroitement » avec le Tribunal pénal international des Nations unies pour le Rwanda (TPIR).
TPIR
De nombreux acteurs du génocide sont aujourd'hui encore, jugés par le TPIR, qui siège en Tanzanie, et par des tribunaux siégeant dans les villages, les gacaca. Le TPIR a inculpé plus de 80 personnes de crimes liés au génocide depuis sa création, en 1994.
Le 16 octobre 2006, le chef des poursuites au bureau du procureur du TPIR a annoncé que la France, la Belgique et les Pays-Bas avaient accepté de juger des personnes soupçonnées par le tribunal de participation au génocide de 1994 et résidant sur leur territoire, précisant que les juridictions de ces pays étaient compétentes. Mais le représentant du gouvernement rwandais auprès du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) a estimé vendredi que la France, accusée par Kigali d'implication dans le génocide de 1994, ne pouvait pas juger des suspects de ce tribunal.
« C'est étonnant : comment la France, contre laquelle pèsent de graves accusations d'implication dans le génocide, peut-elle juger des génocidaires? », a déclaré vendredi Aloys Mutabingwa, représentant de Kigali auprès du TPIR. « Le cas de la France est vraiment unique, la France abrite un grand nombre de suspects, pourquoi ne les a-t-elle pas arrêtés et transférés au TPIR? (…) Tout cela se fait à notre insu, nous ne sommes pas consultés alors qu'il s'agit de rendre justice pour le Rwanda », a-t-il poursuivi.
Le 16 octobre 2006, le chef des poursuites au bureau du procureur du TPIR a annoncé que la France, la Belgique et les Pays-Bas avaient accepté de juger des personnes soupçonnées par le tribunal de participation au génocide de 1994 et résidant sur leur territoire, précisant que les juridictions de ces pays étaient compétentes. Mais le représentant du gouvernement rwandais auprès du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) a estimé vendredi que la France, accusée par Kigali d'implication dans le génocide de 1994, ne pouvait pas juger des suspects de ce tribunal.
« C'est étonnant : comment la France, contre laquelle pèsent de graves accusations d'implication dans le génocide, peut-elle juger des génocidaires? », a déclaré vendredi Aloys Mutabingwa, représentant de Kigali auprès du TPIR. « Le cas de la France est vraiment unique, la France abrite un grand nombre de suspects, pourquoi ne les a-t-elle pas arrêtés et transférés au TPIR? (…) Tout cela se fait à notre insu, nous ne sommes pas consultés alors qu'il s'agit de rendre justice pour le Rwanda », a-t-il poursuivi.