Saphirnews : Comment êtes-vous devenus des superstars en Côte d’Ivoire ?
Gohou : J’exerce depuis 1986. J’ai commencé au théâtre et, à l’époque, ce n’était pas un métier à recommander à quelqu’un et encore moins à son fils. Pour tout parent, cela correspondait au chemin de la perdition totale. J’y suis venu dans le but de combattre ma timidité qui était à une vitesse galopante. Dans ce combat contre la timidité est né un véritable amour pour le théâtre. On s’est épris à cette époque et on ne s’est plus lâchés jusqu’à aujourd’hui.
Digbeu : J’ai commencé comme chroniqueur à la radio en 1992. Puis en 1994, j’ai été révélé au public ivoirien en participant à l’émission télévisée Dimanche Passion où je faisais des chroniques. J’ai ensuite été me former à l’Institut des arts parce que je suis à la base ingénieur du son. J’ai créé le personnage de Digbeu, quelqu’un qui dénonce toutes les tares de la société sans avoir peur des tabous ni de qui que ce soit. Dans la série « Ma famille » qui a cartonné en Côte d’Ivoire, Digbeu est propriétaire d’un petit centre d’appel. Il est au courant de tout ce qui se passe dans le quartier. Qui sort avec qui. Il vit dans une cour commune, comme pas mal de gens en Afrique. J’ai aussi tourné avec les Guignols d’Abidjan. Gohou m’a fait confiance pour un rôle dans « Les mariés du net ». J’ai joué dans beaucoup de téléfilms et sur scène dans des spectacles.
Lire aussi : Bienvenue au Gondwana avec Mamane : « La vedette du film, c’est l’Afrique »
Digbeu : J’ai commencé comme chroniqueur à la radio en 1992. Puis en 1994, j’ai été révélé au public ivoirien en participant à l’émission télévisée Dimanche Passion où je faisais des chroniques. J’ai ensuite été me former à l’Institut des arts parce que je suis à la base ingénieur du son. J’ai créé le personnage de Digbeu, quelqu’un qui dénonce toutes les tares de la société sans avoir peur des tabous ni de qui que ce soit. Dans la série « Ma famille » qui a cartonné en Côte d’Ivoire, Digbeu est propriétaire d’un petit centre d’appel. Il est au courant de tout ce qui se passe dans le quartier. Qui sort avec qui. Il vit dans une cour commune, comme pas mal de gens en Afrique. J’ai aussi tourné avec les Guignols d’Abidjan. Gohou m’a fait confiance pour un rôle dans « Les mariés du net ». J’ai joué dans beaucoup de téléfilms et sur scène dans des spectacles.
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Comment a démarré l’aventure des Guignols d’Abidjan ?
Gohou : En 1993, le producteur Daniel Cuxac a eu l’idée de réunir des comédiens ivoiriens pour débattre de certains sujets africains et diffuser un enseignement aux enfants de la diaspora, nés en France et qui ne connaissaient pas les réalités de leur pays d’origine, qui ne savaient pas ce qu’était l’Afrique. Beaucoup avaient en tête que l’Afrique était une jungle, une forêt dense où on dormait dans les arbres et dans les grottes. L’idée était d’apporter cet enseignement à nos frères d’Europe, aux enfants qui ont grandi là-bas et qui n’avaient plus aucun contact avec leur continent. A côté de cela est né un vrai engouement car on choisissait des sujets qui ont une portée universelle. Tout ce qui avait trait à l’injustice, l'hypocrisie, la méchanceté.
Quel rôle aviez-vous dans la troupe ?
Gohou : Rien de spécial mais chacun avait des objectifs particuliers. Nous étions six au départ. Il y en a qui sont venus pour séduire, d’autres pour se faire voir et d’autres qui considéraient ça comme un boulot à part entière. Certains voulaient trouver une femme ou un mari. Moi, je m’investissais corps et âme dans la bataille. Il n’y avait pas de petit rôle. On choisissait les sujets ensemble, on débattait ensemble et on sortait le scénario ensemble. On distribuait les rôles mais je ne choisissais jamais. J’attendais qu’on me l’attribue. Arrivé à la maison, je retravaillais le personnage à ma façon, je le possédais comme je le voulais et je le rendais à ma manière.
Ce personnage de Gohou que vous avez façonné et étrenné, vous l’avez habité mais j’imagine que vous n’êtes pas comme ça dans la réalité ?
Gohou : Non.
Digbeu : Si, bien sûr que si !
Mamane (qui intervient) : Il est même pire que ça.
Gohou : Non, tu es fou ou quoi, méfiez-vous, hein !
Digbeu : Ce que vous voyez là, c’est son comportement atténué.
Gohou : Quand vous êtes arrivés, j’ai dit que je suis venu dans ce métier pour combattre ma timidité. On dit qu’on a beau chasser le naturel, il revient toujours au galop. J’ai encore du beau reste. Vous avez senti quelqu’un de timide et réservé.
Digbeu : Moi, je ne peux pas accepter d’assister à des mensonges ! (Il se lève et fait mine de s’en aller)
Gohou : N’en déplaise aux jaloux, j’ai encore cette dose de timidité. J’essaye de gérer ma vie comme elle se doit. J’ai ma petite famille à Abidjan que je gère. Je donne une éducation adéquate à mes six enfants. Si j’étais celui que vous connaissez à travers la télévision, ce ne serait pas le cas.
Digbeu : Si, bien sûr que si !
Mamane (qui intervient) : Il est même pire que ça.
Gohou : Non, tu es fou ou quoi, méfiez-vous, hein !
Digbeu : Ce que vous voyez là, c’est son comportement atténué.
Gohou : Quand vous êtes arrivés, j’ai dit que je suis venu dans ce métier pour combattre ma timidité. On dit qu’on a beau chasser le naturel, il revient toujours au galop. J’ai encore du beau reste. Vous avez senti quelqu’un de timide et réservé.
Digbeu : Moi, je ne peux pas accepter d’assister à des mensonges ! (Il se lève et fait mine de s’en aller)
Gohou : N’en déplaise aux jaloux, j’ai encore cette dose de timidité. J’essaye de gérer ma vie comme elle se doit. J’ai ma petite famille à Abidjan que je gère. Je donne une éducation adéquate à mes six enfants. Si j’étais celui que vous connaissez à travers la télévision, ce ne serait pas le cas.
Savez-vous combien de téléfilms avez-vous joué ?
Gohou : Franchement, je ne saurais vous le dire. Après les Guignols d’Abidjan, il y a eu le Gohou Show, Cauphy Gombo et plein d’autres comme « Quand les éléphants se battent au Burkina Faso ». J’ai tourné au Bénin, au Tchad, au Togo...
Pourquoi la Côte d’Ivoire produit tant de téléfilms mais si peu de cinéma comparé à son voisin, le Burkina Faso?
Gohou : Au Burkina, ils ont l’art du cinéma. En Côte d’Ivoire, les salles de cinéma ont fermé pour faire place aux églises. Elles les ont pratiquement toutes rachetées pour faire leurs affaires. Même si tu veux réaliser un film, où vas-tu le produire et le distribuer ? Quand tu montes ton spectacle, il te faut une plateforme pour que les gens puissent venir le voir, contrairement au Burkina où les salles sont restées. La culture d’aller au cinéma leur est restée, si bien que les rares films qu’on fait en Côte d’Ivoire, on est obligés d’aller les distribuer au Burkina et dans d'autres pays. Aujourd’hui, il y a des salles qui ont été restaurées et qui s’ouvrent au public. Si on a quatre, cinq ou six salles qui s’ouvrent en Côte d’Ivoire, ce sera salutaire.
N’avez-vous pas essayé de faire carrière en Europe en participant à des productions françaises ?
Gohou : C’est ce qu’on a fait là (avec « Bienvenue au Gondwana », ndlr). Je ne peux pas venir dire aux producteurs ou réalisateurs français : « Mets-moi dans ton film ». J’ai fait tout ce qui était en mon pouvoir pour me faire voir avec toutes les séries que j’ai cité tout à l’heure. Je suis très connu auprès d’un certain public mais je n’ai jamais été sollicité jusqu’à ce que Mamane vienne. Il s’agit de mon premier film « français ».
Par la suite, Thomas N’Gijol a suivi, je serai à l’affiche de son film « La légende de Black Snake », en tournage actuellement en Afrique du Sud (qui raconte les aventures d'un super-héros africain, ndlr). Il n’est jamais trop tard pour bien faire. C’est le moment que Dieu a choisi. Ce n’était pas la volonté qui manquait, c’était le jour de mon jour qui n’était pas arrivé.
Par la suite, Thomas N’Gijol a suivi, je serai à l’affiche de son film « La légende de Black Snake », en tournage actuellement en Afrique du Sud (qui raconte les aventures d'un super-héros africain, ndlr). Il n’est jamais trop tard pour bien faire. C’est le moment que Dieu a choisi. Ce n’était pas la volonté qui manquait, c’était le jour de mon jour qui n’était pas arrivé.
Quel a été l’accueil en Côte d’Ivoire suite à la projection de « Bienvenue au Gondwana » ?
Digbeu : Très positif. En Afrique aujourd’hui, le message passe très bien à travers l’humour. On a profité de l’occasion pour toucher du doigt ce qui tue l’Afrique en ce moment (l'autoritarisme, les excès de pouvoir, la corruption ndlr). Les gens ont été épatés. Tous ceux qui sortaient de la salle avaient le sourire et disaient : « Enfin, on peut en parler. » C’est une satisfaction.
Gohou : Les gens étaient très contents de voir qu’il y a des Ivoiriens qui ont participé à cette aventure. En plus, le film a été tourné en Côte d’Ivoire donc la satisfaction était double. Ils sont sortis fier d’être Africains.
Gohou : Les gens étaient très contents de voir qu’il y a des Ivoiriens qui ont participé à cette aventure. En plus, le film a été tourné en Côte d’Ivoire donc la satisfaction était double. Ils sont sortis fier d’être Africains.
Aviez-pu traiter ce genre de sujet dans vos comédies ?
Gohou : Vous savez, il y a plusieurs sortes de théâtre. Il y a le théâtre engagé, le théâtre historique, le théâtre de la rue. J’ai pratiquement tout joué. Il fut un temps où, quand on montait ces pièces engagées en Côte d’Ivoire, elles étaient tout de suite censurées parce qu’on a touché à des sujets qui concerne le pouvoir en place. Dans d’autres pays, pour moins que ça, on seraient allés en prison.
Au temps des Guignols d’Abidjan, nous avions tourné un film qui s’appelait « Le Coup d’Etat » en 2000. Le général Robert Gueï venait d’accéder au pouvoir (avant Laurent Gbagbo, ndlr). J’ai été pris à partie. On m’a convoqué et on m’a demandé d’expliquer ce qui nous avait motivé à tourner un coup d’Etat à pareil moment. A quoi et à qui nous faisions allusion. J’ai donné des explications comme je pouvais. Ils m’ont laissé partir en me disant : « On reviendra ». Je ne sais pas si c’est Dieu ou la chance mais on ne m’a plus appelé.
Au temps des Guignols d’Abidjan, nous avions tourné un film qui s’appelait « Le Coup d’Etat » en 2000. Le général Robert Gueï venait d’accéder au pouvoir (avant Laurent Gbagbo, ndlr). J’ai été pris à partie. On m’a convoqué et on m’a demandé d’expliquer ce qui nous avait motivé à tourner un coup d’Etat à pareil moment. A quoi et à qui nous faisions allusion. J’ai donné des explications comme je pouvais. Ils m’ont laissé partir en me disant : « On reviendra ». Je ne sais pas si c’est Dieu ou la chance mais on ne m’a plus appelé.