Kamel Kabtane, le recteur de la Grande Mosquée de Lyon.
Saphirnews : Pouvez-vous revenir sur la genèse de la Grande Mosquée de Lyon ?
Kamel Kabtane : Après une quinzaine d’années de difficultés, la mosquée a été inaugurée le 30 septembre 1994 par Charles Pasqua, alors ministre de l’Intérieur. Nous avons connu beaucoup de procès, de changement de lieu (au moins trois changements) pour revenir au terrain initial qui est le nôtre aujourd’hui. Il a fallu que Michel Noir (maire de Lyon, ndlr) prenne une décision politique en disant : « Moi, je signerai le permis de construire de la mosquée de Lyon. » Il a fallu plus de 15 ans... On a connu toutes les difficultés possibles et imaginables que les mosquées connaissent jusqu’à présent. L’argent nous a posé problème. « On a déjà nos petites mosquées de quartier. Pourquoi aller construire une autre ? », s’interrogeaient certains (musulmans). Ils étaient très dubitatifs sur la nécessité de construire une mosquée de cette nature.
A six mois de la fin du permis de construire, nous avons été amenés à forcer le destin en posant la première pierre et en décidant d’ouvrir le chantier. Au cours de la cérémonie de la pose de la première pierre, faite de façon hardie, il n’y avait aucun élu. Nous avons posé la première pierre et ouvert le chantier le 15 juillet 1992 et commencé les travaux début août. Le chantier a bien fonctionné. Les fonds nous sont parvenus, puisque l’Arabie Saoudite nous a accordé le financement qu’elle nous avait promis.
A six mois de la fin du permis de construire, nous avons été amenés à forcer le destin en posant la première pierre et en décidant d’ouvrir le chantier. Au cours de la cérémonie de la pose de la première pierre, faite de façon hardie, il n’y avait aucun élu. Nous avons posé la première pierre et ouvert le chantier le 15 juillet 1992 et commencé les travaux début août. Le chantier a bien fonctionné. Les fonds nous sont parvenus, puisque l’Arabie Saoudite nous a accordé le financement qu’elle nous avait promis.
Quel est le rôle de la Grande Mosquée de Lyon au sein de la ville ?
Kamel Kabtane : Il y avait un challenge avec la municipalité de Lyon pour montrer que la construction d’une mosquée était aussi une volonté d’inscrire l’islam dans le tissu urbain lyonnais. Montrer que la Grande Mosquée de Lyon pouvait jouer le rôle de rassembleur, de mosquée exemplaire. Elle joue son rôle dans les activités permanentes.
Pendant le mois de Ramadan, on reçoit 600 personnes par soir (pour le repas de rupture du jeûne, ndlr) et plus de 15 000 personnes viennent pendant les grandes fêtes. Nous sommes la mosquée qui a lancé la première formation des imams, il y a deux ans.
Nous nous battons aujourd’hui pour la construction d’un institut de civilisation musulmane. Tout cela fait que la Grande Mosquée de Lyon est devenue non pas un enjeu mais une réalité.
Pendant le mois de Ramadan, on reçoit 600 personnes par soir (pour le repas de rupture du jeûne, ndlr) et plus de 15 000 personnes viennent pendant les grandes fêtes. Nous sommes la mosquée qui a lancé la première formation des imams, il y a deux ans.
Nous nous battons aujourd’hui pour la construction d’un institut de civilisation musulmane. Tout cela fait que la Grande Mosquée de Lyon est devenue non pas un enjeu mais une réalité.
Son édification répondait à un besoin de lieu de culte pour les musulmans. Ce besoin est-il satisfait aujourd’hui dans la région lyonnaise ?
Kamel Kabtane : On ne peut pas dire que les besoins sont comblés. Chaque musulman voudrait avoir sa mosquée en bas de son immeuble ! A l’époque à laquelle la mosquée a été inaugurée, il n’y avait que des salles de prière dans des caves ou des arrière-cours. Depuis, il y a plus d’une quinzaine de mosquées dans l’agglomération lyonnaise qui ont été construites. Les besoins se satisfont en fonction de l’intérêt que les musulmans portent à la réalisation de leurs objectifs. Et en fonction des moyens dont ils disposent. C’est vrai que l’argent devient de plus en plus rare aujourd’hui et que les musulmans en ont de moins en moins.
C’est très difficile pour beaucoup. C’est pour cela que les projets de mosquées durent plus longtemps que pour celles qui ont été construites il y a 20 ans, où les Etats étrangers pouvaient aider.
C’est très difficile pour beaucoup. C’est pour cela que les projets de mosquées durent plus longtemps que pour celles qui ont été construites il y a 20 ans, où les Etats étrangers pouvaient aider.
Vous êtes présent depuis l’origine du projet de la Grande Mosquée ; à vos yeux, quels sont ses faits marquants ?
Kamel Kabtane : Nous avons été les premiers à inaugurer les prêches en arabe et en français. Nous avons été la première mosquée à dire « oui » à l’organisation de l’islam en France lorsque Jean-Pierre Chevènement a rencontré les uns et les autres. Nous avons été les premiers à souhaiter qu’il y ait une représentation de l’islam en France.
Nous avons pris quelquefois des positions qui dérangeaient dans la communauté musulmane parce que nous étions conscients qu’il faut savoir prendre ses responsabilités. C’est une des caractéristiques de la mosquée de Lyon.
Nous avons pris quelquefois des positions qui dérangeaient dans la communauté musulmane parce que nous étions conscients qu’il faut savoir prendre ses responsabilités. C’est une des caractéristiques de la mosquée de Lyon.
Quel est le défi majeur à venir de l’institution ?
Kamel Kabtane : Notre défi actuel est la création d’un institut de civilisation musulmane On a pu construire la Grande Mosquée de Lyon. Mais elle est orpheline. Il lui manque quelque chose d’important : la diffusion de la connaissance et du savoir.
Nous avons une belle mosquée, très appréciée pour sa qualité architecturale et son espace. Il nous faut aujourd’hui apporter la connaissance et le savoir, l’enseignement. Permettre aux musulmans de mieux connaître leur civilisation et aux non-musulmans de la connaître.
Il y a besoin que cette institution soit une passerelle entre les différentes institutions d’enseignement de la région pour montrer que les musulmans peuvent aussi apporter quelque chose. Ils sont non plus simplement en position de demandeurs, mais aussi en position d’apporteurs.
Nous avons une belle mosquée, très appréciée pour sa qualité architecturale et son espace. Il nous faut aujourd’hui apporter la connaissance et le savoir, l’enseignement. Permettre aux musulmans de mieux connaître leur civilisation et aux non-musulmans de la connaître.
Il y a besoin que cette institution soit une passerelle entre les différentes institutions d’enseignement de la région pour montrer que les musulmans peuvent aussi apporter quelque chose. Ils sont non plus simplement en position de demandeurs, mais aussi en position d’apporteurs.
Comment se composera ce lieu ?
Kamel Kabtane : Nous aurons une bibliothèque, un centre d’exposition, un département de langues, d’enseignement, de civilisation, des salles pour organiser des rencontres et un grand amphithéâtre pour les conférences. Nous avons la volonté de doter Lyon et son agglomération d’une institution de qualité.
Avez-vous obtenu le soutien des pouvoirs publics pour ce projet ?
Kamel Kabtane : Nos arguments ont fait mouche. Nous avons réussi à convaincre les décideurs, l’Etat notamment, à ne pas toujours dire « non » aux musulmans. Bien au contraire, aujourd’hui, lorsque les musulmans sont capables d’apporter des projets crédibles et innovants, les pouvoirs publics sont capables de les écouter et de les aider à les réaliser. Le projet architectural (de l'institut de civilisation, ndlr) est en train de se monter.
Le jardin andalou inauguré au cœur du parc de la Tête d’Or dans le cadre des 20 ans de la Grande Mosquée de Lyon.
Après l’inauguration d’un jardin andalou dans le cadre du 20e anniversaire de la mosquée, vous prévoyez une grande soirée le 30 septembre…
Kamel Kabtane : La cérémonie du souvenir des 20 ans. On va remettre à tous ceux qui nous ont aidés, il y a 20 ans, une médaille du souvenir : Michel Noir, Charles Pasqua, etc., tous ceux qui étaient présents et ont participé de près ou de loin à la réussite de cette mosquée. Un film retracera les 20 ans de la mosquée et il y aura un repas de la fraternité au Conseil général qui nous invite. Le Conseil général et la ville de Lyon ont permis que ce soit non pas simplement un événement des musulmans, mais celui de l’ensemble de la population de la région.
Après les difficultés du passé, on sent une communion autour de votre lieu de culte…
Kamel Kabtane : C’est le résultat du comportement, de l’efficacité et du sérieux dans l’action que nous avons menés jusqu’à présent. Nous n’avons pas été des aventuriers. Nous avons été des musulmans du juste milieu.
La Grande Mosquée de Lyon en fête
Outre l’ouverture du jardin andalou, on note parmi les festivités organisées à l'occasion des 20 ans de la Grande Mosquée de Lyon, la participation de la Bibliothèque municipale de Lyon (BML). Celle-ci met à l’honneur une collection de livres sacrés et met en place une « heure de la découverte » sur le thème du Coran. Un concours de poésie en ligne a également été lancé à l’occasion du 20e anniversaire. De plus, le 30 septembre, l’Auditorium de Lyon accueillera un concert de musiques sacrées organisé par la Grande Mosquée.
Plus d’informations ici
Outre l’ouverture du jardin andalou, on note parmi les festivités organisées à l'occasion des 20 ans de la Grande Mosquée de Lyon, la participation de la Bibliothèque municipale de Lyon (BML). Celle-ci met à l’honneur une collection de livres sacrés et met en place une « heure de la découverte » sur le thème du Coran. Un concours de poésie en ligne a également été lancé à l’occasion du 20e anniversaire. De plus, le 30 septembre, l’Auditorium de Lyon accueillera un concert de musiques sacrées organisé par la Grande Mosquée.
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