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Economie

Halal : la table ronde du Bourget plaide pour des consommateurs responsables

Rédigé par Pauline Compan | Dimanche 24 Avril 2011 à 10:45

           

Les consommateurs musulmans peuvent-ils être arbitres sur le marché du halal ? Lors de la table ronde « Alimentation halal : enjeux et défis », organisée lors de la 28e Rencontre annuelle des musulmans de France, la responsabilité et le pouvoir des consommateurs étaient au centre du débat. Saphirnews a assisté à la rencontre.



Les représentants des organismes présents lors de la table ronde, de gauche à droite : AVS, ASIDCOM, le modérateur de L'UOIF, la fédération des entrepreneurs mususlmans, Halal Services
Les représentants des organismes présents lors de la table ronde, de gauche à droite : AVS, ASIDCOM, le modérateur de L'UOIF, la fédération des entrepreneurs mususlmans, Halal Services
L'association de défense des consommateurs musulmans ASIDCOM, les organismes de certifications AVS et Halal Services ainsi que la fédération des entrepreneurs musulmans étaient réunis sur l'estrade de la salle des congrès du Bourget. Un débat sur les enjeux du marché du halal qui visait surtout à faire prendre conscience aux consommateurs présents dans la salle du poids qu'ils peuvent représenter pour lutter contre les tromperies du marché.

Une forte pression économique

M. Bouaki, de la Fédération des entrepreneurs musulmans, met dès le début de la rencontre l'accent sur le poids économique du secteur du halal. « C'est le seul secteur avec une évolution annuelle à deux chiffres », explique-t-il. Ces chiffres sont d'ailleurs une source de conflit : combien représente exactement ce marché qui aiguise tous les appétits ? «Entre 3 et 5 milliards d'euros, ce sont des chiffres crédibles pour le marché », continue l'entrepreneur. Des recettes équivalentes au marché du chocolat en France.

Bien entendu, les intervenants relèvent tous que ces chiffres ont attiré les convoitises et que les industriels sont de plus en plus nombreux. ASIDCOM et les organismes de certification vont revenir sur les problèmes posés par cette industrialisation massive. Tout d'abord, les cadences de rentabilité des industriels et les exigences du rite ne sont pas compatibles.

Ainsi, les participants ont dénoncé les pratiques de certains organismes de certification pratiquant une permissivité sur les techniques d'abattage de manière à permettre à des industries très mécanisées d'obtenir une certification halal. Ce sont évidemment les volailles qui posent le plus de problèmes : l'assommage préalable est très souvent pratiqué sur ces animaux. Si des questions de bien-être animal sous-tendent ces choix, ils trouvent surtout une justification auprès des industriels qui gagnent du temps et de l'argent en pratiquant de la sorte.

Il est vrai qu'il n'existe pas de définition claire du halal. Mais ASIDCOM et les autres intervenants reviennent toujours à une même conclusion : ce sont les consommateurs qui ont le pouvoir de faire le succès ou l'échec de produits halal en s'assurant que ceux-ci sont conformes à leurs attentes.

Les consommateurs comme arbitres

ASIDCOM rappelle qu'elle tient à disposition des consommateurs des études sur les organismes de certification gratuitement sur son site Internet. L'association met également en garde contre les organismes de certification émanant directement de l'industriel : un mécanisme d’autocertification assez courant et qui n'offrirait pas assez de garanties.

Les consommateurs ont un rôle à jouer et doivent se saisir des questions relatives au halal par l'information et le boycott. ASIDCOM n'a pas exclu être en mesure de se porter partie civile lors d'un procès pour tromperie du consommateur. Mais l'association veut s'appuyer sur des preuves solides et une forte volonté des consommateurs concernés. Pour AVS, ces consommateurs sont bien les arbitres de cette rencontre entre le pouvoir économique et le rite religieux. La mise en place d'un référentiel commun resterait, d'après ces intervenants, difficile à obtenir au vu des intérêts divergents des différents acteurs en présence.

La meilleure réponse des professionnels, lors de cette table ronde, est d'inciter les consommateurs à interroger les organismes de certification sur leurs pratiques, à interpeller les pouvoirs publics et à ne pas hésiter, en cas de doute, à utiliser leur poids économique pour boycotter certains produits.






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