Walid Charara et Frédéric Domont sont respectivement journaliste et chercheur en relations internationales, et chef du bureau régional de Radio France Internationale au Liban. La rencontre des deux, et surtout « l’idée de ce livre », ont eu lieu « au soir des attentats du 11 septembre ». Ce soir-là les deux auteurs, qui se retrouvent chez un ami commun, vont être stupéfaits de voir qu’ « une armée de prétendus spécialistes, nourrie à un orientalisme de « supermarché », va occuper jusqu’à saturation l’espace médiatique international relayés par une littérature foisonnante, pour expliquer la confrontation qui vient ». C’est de cette constatation que découlera pour eux la « nécessité d’aller au-delà des discours simplistes et globalisants » pour se pencher sur ce « cas d’école » qu’est le Hezbollah.
Vision dominante
D’ailleurs c’est tout à fait clairement que les auteurs présentent la vision médiatique et politique qui est faite du Hezbollah en Occident : « Une vision toujours dominante dans l’espace médiatico-politique occidental, relayée par le complexe militaro-informationnel de nombreux centres de recherche et de prétendus spécialistes du Proche-Orient, présente le Hezbollah comme une simple officine des services iraniens et syriens ». « Imputer son existence au jeu des services de renseignement et à leur stratégie de manipulation révèle une approche qui ignore délibérément les dynamiques locales et l’alchimie des facteurs – internes et externes, politiques, socio-économiques et culturels – qui ont conduit à son émergence » précisent MM. Charara et Domont.
Résistance
La création du Hezbollah découle de deux faits majeurs : l’invasion du Liban par Israël en 1982 et l’occupation qui s’en est suivie. Mais avant d’en arriver à cette entité, à ce parti organisé autour d’un chef, d’un sayyed, c’est-à-dire un héritier du Prophète et des imams, la résistance à l’occupation israélienne était multiple et divisée. Et le Hezbollah se retrouvera être la synthèse de trois des principaux groupes islamiques : le rassemblement des Oulemas de la Bekaa, le mouvement islamique Amal et le parti Dawaa. « S’agissant de son identité […] le Hezbollah fait parti de l’Oumma islamique en butte aux agressions de l’Occident et du bloc de l’est qui vise à contrôler ses ressources et ses destinées ». Quant à ses relations avec l’Iran, les auteurs appuient sur le fait que « l’Iran et le Hezbollah d’aujourd’hui ne sont pas ceux des années 80 ». Et « Nasrallah a su progressivement se dégager d’un certain nombre de sujétions, développer une forme réelle d’autonomie politique nationale et aspire à juste titre à un destin politique officiel respectable ».
Bref, loin d’être un mouvement exclusivement chiite ou se revendiquant comme tel, le Hezbollah se veut avant tout un mouvement « islamo-nationaliste » intégrant toutes les composantes de la société libanaise et s’intégrant lui-même au sein du système politique national. Mais pour se faire une idée précise de ce mouvement, de son histoire et des réalités régionales, l’ouvrage de Walid Charara et Frédéric Domont s’impose comme étant une référence essentielle.
Bref, loin d’être un mouvement exclusivement chiite ou se revendiquant comme tel, le Hezbollah se veut avant tout un mouvement « islamo-nationaliste » intégrant toutes les composantes de la société libanaise et s’intégrant lui-même au sein du système politique national. Mais pour se faire une idée précise de ce mouvement, de son histoire et des réalités régionales, l’ouvrage de Walid Charara et Frédéric Domont s’impose comme étant une référence essentielle.
Titre : Le Hezbollah, un mouvement islamo-nationaliste
Auteurs : Walid Charara et Frédéric Domont
Editions : Fayard
Nombre de pages : 298
Auteurs : Walid Charara et Frédéric Domont
Editions : Fayard
Nombre de pages : 298