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Hôpitaux de France : quand l’inégalité devient institutionnelle

Rédigé par Guillermo Sapena | Vendredi 18 Août 2006 à 14:21

           

7 000 médecins exercent actuellement dans les hôpitaux français avec un diplôme étranger. A travail égal, ils ne bénéficient pourtant pas des même droits que leurs collègues sortis des universités européennes. Leurs conditions de travail sont précaires. Un statut qui s’explique d’autant plus difficilement aux vues du manque constant de personnels dans nos hôpitaux.



Hôpitaux de France : quand l’inégalité devient institutionnelle
La France compte environ 7000 praticiens à diplôme hors Union Européenne (Padhue). Un grand nombre d’entre eux sont de nationalité française. Selon nos confrères d’Afrik.com, 16% viennent du Maroc et de la Tunisie, 14,3% de l’Algérie et 12,7% d’Afrique noire. Ils exercent dans les hôpitaux de France. Mais, à responsabilité équivalente, ils sont trois fois moins rémunérés que les médecins possédant un diplôme européen.

Ces patriciens ne sont pas reconnus par l'Ordre des médecins. Ils n’ont aucune autorisation officielle d'exercer sans être épaulés. Ils interviennent pourtant seuls. Les postes qui leurs sont proposés figurent souvent parmi les spécialités délaissées. Telles la pédiatrie, la chirurgie, la gynécologie, la réanimation ou les urgences, disciplines réputées très difficiles. Tous ces services primordiaux ne seraient plus assurés sans eux.

Un statut bâtard

Ces médecins font marcher les hôpitaux et ne sont pas reconnus officiellement en tant que tels. Ils sont victimes d’une inégalité institutionnelle.

D’après certaines études, les départs à la retraite seront bientôt plus importants que les entrées en faculté de médecine. Les Padhue sont pourtant soumis à des contrats renouvelables tous les ans. Sur 7 000 d’entre eux, 72,2% ont moins de 40 ans et 22,7% sont âgés de 40 à 49 ans. Leur statut est bloqué, instable. Ils n’ont pas de possibilité de prêt aux banques, pas de reconnaissance salariale. Ils ne peuvent ni s’établir à leur compte, ni travailler dans un établissement privé, et voient leur évolution de carrière bloquée. Les hôpitaux font face à une carence importante en matière de personnels. Les Padhue représentent une main d’œuvre peu coûteuse et facilement utilisable.

Leur statut s’est considérablement détériorée avec la loi du 27 juillet 1999. Depuis, le recrutement ne se fait plus sur présentation d’un dossier complet avec curriculum vitae exhaustif. Le parcours, le nombre d’années en France, les gardes, les travaux, les publications de chaque postulants ne sont pas pris en compte

La Halde condamne le ministère

Face à cette situation, les Padhue et leur syndicat, le Inpadhue, se sont mobilisés depuis plus de deux ans. Ils souhaitent que les médecins aux diplômes étrangers dont les métiers sont à hautes responsabilités puissent enfin recevoir la reconnaissance des autorités françaises.

Ils ont effectué de nombreuses manifestations ces deux dernières années. Ces médecins diplômés hors d’Europe ont organisé deux grèves pendant le moi d’août 2006. Leur syndicat a demandé au ministre de la Santé de réexaminer leur situation.

Le ministre de la Santé, Xavier Bertrand, cherche une solution législative pour 2007. L’expérience des 2600 praticiens présents depuis plus de 5 ans en France et embauchés avant juin 2004 serait valorisée.

Talal Annani, président du SNPadhue (voir interview), dénonce le fait qu’un candidat ne serait autorisé qu’à présenter un seul diplôme à l’examen, même s'il en a dix. Il demande que tous les diplômes soient pris en compte ainsi que le parcours personnel.
Selon La Halde (Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité) : «c’est dans l’exploitation faite de leur absence de statut, alors même que leurs responsabilités concrètes sont identiques, que la discrimination à leur égard trouve sa source. Celle-ci s’opère en raison de l’origine, dans l’accès à l’emploi et dans l’emploi».






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