Je suis contente de pouvoir me confier à vous, merci de préserver mon anonymat. Je me suis mariée avec Mostafa, il y a quinze ans. Nous nous sommes rencontrés au travail : moi, secrétaire d’une petite entreprise privée, et lui, chef de magasin. J’avais l’impression à l’époque que les choses m’arrivaient sans que je m’en rende compte. Comme si j’étais bloquée dans un rêve, quelque part et que je ne décidais rien par moi-même.
Un jour, moi d’origine périgourdine, je me suis retrouvée mère de deux enfants, Ryan, 6 ans, et Maëlle, 13 ans, musulmane et femme au foyer, alors que je suis d’origine catholique et licenciée en lettres.
Mostafa est un père formidable, je n’ai pas grand-chose à lui reprocher, à part ses colères. Il lui arrive d’exploser sans que j’ai le temps de voir l’orage arriver. Mais cela, je m’y suis habituée. J’aime ma vie, même si je me sens un peu seule car je ne peux pas partager mon expérience avec les femmes de ma ville où je parais "bizarre".
Une chose m’inquiète, une contradiction que je ne comprends pas. Je suis devenue musulmane par conviction, en lisant et en discutant avec ma belle-famille tunisienne. Mon mari ne pratique pas vraiment, sauf le jeûne du Ramadan que nous allons faire en Tunisie, chez ses parents. Moi, je me sens très attirée par l’islam, pas l’islam sévère qui donne des ordres aux croyants, mais l’islam de l’amour et du respect des autres. Celui qui me permet de mieux me connaître et de corriger mes mauvais penchants.
Le paradoxe, c’est que mon mari, pourtant pas très respectueux de la religion, refuse à mes enfants de fêter Noël. Je trouve que son refus n’est pas justifié : oui, nous sommes tous musulmans, mais nous vivons en France. Noël fait partie de mes traditions. Je trouve bien que mes enfants le fêtent, parce tous leurs amis leur parlent de Noël et des cadeaux. Parce que nous sommes un couple mixte, il faut faire un pas vers l’autre, je ne peux pas renier une partie de ma culture, et je trouve que l’attitude de mon mari est trop rigide sur ce point.
Je connais des tas de familles musulmanes qui fêtent Noël, même des familles juives. Cela ne les empêche pas de respecter l’Aïd ou le Mouloud ou Achoura… Quel est votre avis sur ces questions ?
Un jour, moi d’origine périgourdine, je me suis retrouvée mère de deux enfants, Ryan, 6 ans, et Maëlle, 13 ans, musulmane et femme au foyer, alors que je suis d’origine catholique et licenciée en lettres.
Mostafa est un père formidable, je n’ai pas grand-chose à lui reprocher, à part ses colères. Il lui arrive d’exploser sans que j’ai le temps de voir l’orage arriver. Mais cela, je m’y suis habituée. J’aime ma vie, même si je me sens un peu seule car je ne peux pas partager mon expérience avec les femmes de ma ville où je parais "bizarre".
Une chose m’inquiète, une contradiction que je ne comprends pas. Je suis devenue musulmane par conviction, en lisant et en discutant avec ma belle-famille tunisienne. Mon mari ne pratique pas vraiment, sauf le jeûne du Ramadan que nous allons faire en Tunisie, chez ses parents. Moi, je me sens très attirée par l’islam, pas l’islam sévère qui donne des ordres aux croyants, mais l’islam de l’amour et du respect des autres. Celui qui me permet de mieux me connaître et de corriger mes mauvais penchants.
Le paradoxe, c’est que mon mari, pourtant pas très respectueux de la religion, refuse à mes enfants de fêter Noël. Je trouve que son refus n’est pas justifié : oui, nous sommes tous musulmans, mais nous vivons en France. Noël fait partie de mes traditions. Je trouve bien que mes enfants le fêtent, parce tous leurs amis leur parlent de Noël et des cadeaux. Parce que nous sommes un couple mixte, il faut faire un pas vers l’autre, je ne peux pas renier une partie de ma culture, et je trouve que l’attitude de mon mari est trop rigide sur ce point.
Je connais des tas de familles musulmanes qui fêtent Noël, même des familles juives. Cela ne les empêche pas de respecter l’Aïd ou le Mouloud ou Achoura… Quel est votre avis sur ces questions ?
Lalla Chams en Nour, psychanalyste
Chère Isabelle,
Pour préserver votre anonymat, nous vous appelons donc Isabelle. Votre question surgit souvent dans les familles pluriculturelles. Quelle culture ou quelle tradition respecter quand les deux parents viennent d’horizons différents ?
Selon moi, dans le respect de chacun, il serait juste de marquer toutes les fêtes importantes, en en expliquant le sens profond à vos enfants.
Vous semblez dire que vous n’étiez pas très consciente de vous-même au moment de votre mariage, mais très consciente de votre choix d'entrer en islam. Voulez-vous dire que vous ne vous rendiez pas compte des conséquences que votre choix allait avoir ? Ou que vous avez du mal à reconnaître que votre destin, soit votre secret désir, s’accomplissait à votre insu ? C’est là une vraie question spirituelle.
Votre question relève d’ailleurs, à mon avis, plus d’une problématique spirituelle que psychologique. Mais elle a aussi son aspect psychologique. Votre mari devrait connaître suffisamment sa religion d’origine pour savoir à quel point Sidna Issa (Jésus fils de Marie) fait partie de plein droit de la lignée des prophètes.
Et si votre époux Mostafa trouve la fête de Noël à la française trop éloignée de ses coutumes, il fait abstraction de la dimension spirituelle de la naissance d'Issa, un événement relaté notamment dans la sourate 19 du Coran (intitulé « Marie »).
Pourquoi des musulmans ne pourraient-ils pas partager, à cette occasion, la fête symbolique de la naissance d’un prophète ?
Sur le plan psychologique, interrogez-vous sur les raisons qui font bloquer Mostafa sur cette question. Quels arguments utilise-t-il pour justifier ses choix ? Il a accepté d’épouser une Française d’origine catholique, à qui, d’ailleurs, il n’a pas demandé de se convertir : vous dites qu’il s’agit d’une démarche personnelle. Voilà donc une contradiction qu’il serait intéressant d’éclairer.
Pourquoi n’accepte-t-il pas les conséquences de son choix inhabituel , mais néanmoins parfaitement accepté par le Coran ? A-t-il peur de perdre quelque chose ? C’est là un beau sujet d’échanges entre vous.
Je partage votre point de vue sur la richesse que représente cette double culture pour vos enfants. Elle fait partie de leur identité, ce serait dommage de les « amputer » en les privant d’une fête marquée par la joie et l’amour des enfants. Ce sera à eux de choisir, le moment venu, la route qui leur semblera le mieux correspondre à leur cœur. En toute connaissance de cause. J’espère avoir un peu contribué à éclairer votre réflexion.
Pour préserver votre anonymat, nous vous appelons donc Isabelle. Votre question surgit souvent dans les familles pluriculturelles. Quelle culture ou quelle tradition respecter quand les deux parents viennent d’horizons différents ?
Selon moi, dans le respect de chacun, il serait juste de marquer toutes les fêtes importantes, en en expliquant le sens profond à vos enfants.
Vous semblez dire que vous n’étiez pas très consciente de vous-même au moment de votre mariage, mais très consciente de votre choix d'entrer en islam. Voulez-vous dire que vous ne vous rendiez pas compte des conséquences que votre choix allait avoir ? Ou que vous avez du mal à reconnaître que votre destin, soit votre secret désir, s’accomplissait à votre insu ? C’est là une vraie question spirituelle.
Votre question relève d’ailleurs, à mon avis, plus d’une problématique spirituelle que psychologique. Mais elle a aussi son aspect psychologique. Votre mari devrait connaître suffisamment sa religion d’origine pour savoir à quel point Sidna Issa (Jésus fils de Marie) fait partie de plein droit de la lignée des prophètes.
Et si votre époux Mostafa trouve la fête de Noël à la française trop éloignée de ses coutumes, il fait abstraction de la dimension spirituelle de la naissance d'Issa, un événement relaté notamment dans la sourate 19 du Coran (intitulé « Marie »).
Pourquoi des musulmans ne pourraient-ils pas partager, à cette occasion, la fête symbolique de la naissance d’un prophète ?
Sur le plan psychologique, interrogez-vous sur les raisons qui font bloquer Mostafa sur cette question. Quels arguments utilise-t-il pour justifier ses choix ? Il a accepté d’épouser une Française d’origine catholique, à qui, d’ailleurs, il n’a pas demandé de se convertir : vous dites qu’il s’agit d’une démarche personnelle. Voilà donc une contradiction qu’il serait intéressant d’éclairer.
Pourquoi n’accepte-t-il pas les conséquences de son choix inhabituel , mais néanmoins parfaitement accepté par le Coran ? A-t-il peur de perdre quelque chose ? C’est là un beau sujet d’échanges entre vous.
Je partage votre point de vue sur la richesse que représente cette double culture pour vos enfants. Elle fait partie de leur identité, ce serait dommage de les « amputer » en les privant d’une fête marquée par la joie et l’amour des enfants. Ce sera à eux de choisir, le moment venu, la route qui leur semblera le mieux correspondre à leur cœur. En toute connaissance de cause. J’espère avoir un peu contribué à éclairer votre réflexion.
La rubrique « Psycho », qu’est-ce que c’est ?
Des psychologues et psychanalystes répondent à vos questions. Musulman(e)s du Maghreb ou de France, professionnel(le)s actif(ve)s exerçant en cabinet, ils réfléchissent à votre problématique et tentent de vous éclairer à travers leur expérience professionnelle et leur pratique spirituelle. Ils peuvent vous aider à y voir plus clair en vous-même ou à mieux décrypter le comportement des personnes de votre entourage.
Ils ne sont pas médecins, même si on les désigne parfois comme des « médecins de l’âme » , mais leur rôle est de vous aider à trouver en vous-même la meilleure réponse à vos interrogations sur vos relations aux autres, votre conjoint ou conjointe, vos parents, vos frères et sœurs, vos amis, vos collègues de travail, vos voisins...
Alors, n’hésitez pas, interrogez-les, ils tenteront de vous répondre en s’éclairant des plus belles pensées de l’islam.
Contactez-les (anonymat préservé) : psycho@saphirnews.com
Des psychologues et psychanalystes répondent à vos questions. Musulman(e)s du Maghreb ou de France, professionnel(le)s actif(ve)s exerçant en cabinet, ils réfléchissent à votre problématique et tentent de vous éclairer à travers leur expérience professionnelle et leur pratique spirituelle. Ils peuvent vous aider à y voir plus clair en vous-même ou à mieux décrypter le comportement des personnes de votre entourage.
Ils ne sont pas médecins, même si on les désigne parfois comme des « médecins de l’âme » , mais leur rôle est de vous aider à trouver en vous-même la meilleure réponse à vos interrogations sur vos relations aux autres, votre conjoint ou conjointe, vos parents, vos frères et sœurs, vos amis, vos collègues de travail, vos voisins...
Alors, n’hésitez pas, interrogez-les, ils tenteront de vous répondre en s’éclairant des plus belles pensées de l’islam.
Contactez-les (anonymat préservé) : psycho@saphirnews.com