Santa Clara (Californie) - Le rapport intitulé Les musulmans du monde entier: religion, politique et société publié le mois dernier par le Pew Research Center a suscité de nombreuses réactions dans les médias indonésiens en concluant que 72 % des Indonésiens musulmans, femmes comprises, préféraient la charia. L'enquête a été réalisée auprès de 1 880 Indonésiens dans 19 provinces.
Qu'indique cette enquête ?
Le fait qu'un pourcentage élevé d'Indonésiens se réjouit de l'application de la charia ne devrait pas susciter d'inquiétudes compte tenu des différences sémantiques quant à l'utilisation du terme « charia » par les Indonésiens. Les conclusions de l'enquête ne devraient donc pas être interprétées comme un signe d'approbation de la part de la société indonésienne de ce qui est souvent considéré comme un système juridique imposant de sévères châtiments corporels, un code vestimentaire strict et la classification publique des non-musulmans.
L'islam en tant que religion, système juridique, culture et mode de vie revêt beaucoup d'aspects aux yeux de nombreuses personnes. La définition de la charia diffère d'une personne à l'autre, même parmi les érudits et les chefs religieux.
Le terme « charia » est souvent associé à l'égalité et à la justice sociale, comme l'indique Amaney Jamal, conseiller spécial auprès du Pew Research de l'université de Princeton. Les mots n'ont pas le même sens pour tout le monde. En arabe, charia signifie « chemin » ou « manière ». Cependant, l'utilisation contemporaine du terme est liée à la loi islamique, à la permission (halal) et à l'interdiction (haram). Un autre sens de charia est associé à la justice sociale et à l'équité aux yeux de ceux qui ont perdu confiance dans leurs gouvernement et institutions.
En résumé, le rapport du Pew Research doit être lu à la lumière de ces éléments.
Qu'indique cette enquête ?
Le fait qu'un pourcentage élevé d'Indonésiens se réjouit de l'application de la charia ne devrait pas susciter d'inquiétudes compte tenu des différences sémantiques quant à l'utilisation du terme « charia » par les Indonésiens. Les conclusions de l'enquête ne devraient donc pas être interprétées comme un signe d'approbation de la part de la société indonésienne de ce qui est souvent considéré comme un système juridique imposant de sévères châtiments corporels, un code vestimentaire strict et la classification publique des non-musulmans.
L'islam en tant que religion, système juridique, culture et mode de vie revêt beaucoup d'aspects aux yeux de nombreuses personnes. La définition de la charia diffère d'une personne à l'autre, même parmi les érudits et les chefs religieux.
Le terme « charia » est souvent associé à l'égalité et à la justice sociale, comme l'indique Amaney Jamal, conseiller spécial auprès du Pew Research de l'université de Princeton. Les mots n'ont pas le même sens pour tout le monde. En arabe, charia signifie « chemin » ou « manière ». Cependant, l'utilisation contemporaine du terme est liée à la loi islamique, à la permission (halal) et à l'interdiction (haram). Un autre sens de charia est associé à la justice sociale et à l'équité aux yeux de ceux qui ont perdu confiance dans leurs gouvernement et institutions.
En résumé, le rapport du Pew Research doit être lu à la lumière de ces éléments.
En Indonésie, la charia est vue à travers un prisme particulier. Par exemple, si l'on s'en tient à une interprétation stricte des principes juridiques de l'islam, les non-musulmans sont considérés comme des citoyens de deuxième ordre. Pourtant, de telles classifications ne sont pas présentes en Indonésie et, qui plus est, violent les principes de la Déclaration des droits de l'homme des Nations unies que l'Indonésie a signée.
Certains désigneront Aceh, territoire spécial d'Indonésie, pour montrer ce que les Indonésiens entendent par « charia », car les principes juridiques de l'islam exigeant le port du voile pour la femme, l'interdiction de l'alcool et du jeu et l'application du zakat (une exigence de l'islam de donner 2,5 % de ses revenus aux personnes dans le besoin) y ont été adoptés. Si les non-musulmans d'Aceh ne sont pas soumis aux principes juridiques de l'islam, certains pensent qu'ils font l'objet de pressions afin qu'ils y adhérent. Toutefois, les pratiques très particulières d'Aceh ne correspondent pas à celles qui ont cours dans le reste du pays qui est plus syncrétique et qui a choisi de ne pas suivre le modèle d'Aceh.
Selon Asghar Ali Engineer, érudit indien de l'islam, certaines classifications sont contextuelles et ne sont donc plus valables dans un contexte moderne. Dans un article de 2010, il a parlé expressément de l'esclavage finalement proscrit dans le Coran, notant en outre que les concepts de démocratie et de citoyenneté n'ont, de nos jours, aucun équivalent dans le Coran. Par extension, il suggère que certains concepts compris comme faisant partie de la charia ont eu leur temps et leur place et ne sont plus pertinents dans le contexte actuel. Nombreux sont les érudits musulmans et chefs religieux à travers le monde qui partagent ce point de vue.
Robert Hefner, professeur à l'université de Boston, a déclaré dans Sharia Politics: Islamic Law and Society in the Modern World (Indiana University Press) publié en 2011 que les Indonésiens musulmans soutenaient fortement à la fois la charia et la démocratie. Le sondage réalisé par le Pew Research Center a également révélé que 61 % des musulmans indonésiens préféraient la démocratie à l'autoritarisme. Il est donc peu probable que la charia prise dans le sens de la loi islamique draconienne imposée sous un régime autoritaire voie le jour. Il est plus logique que charia signifie « société juste et équitable » au sein d'une démocratie.
Il serait impensable que l'Indonésie, pays souverain ayant adopté la Déclaration des droits de l'homme des Nations unies et actuellement considéré comme une étoile montante du G20, se transforme en théocratie autoritaire.
Plus de gens devraient être encouragés à étudier le caractère compassionnel de l'islam. La paix et la compassion sont nécessaires pour créer une société juste et équitable. Ces deux facteurs ont probablement influencé la plupart des musulmans indonésiens en faveur de la charia dans ce sondage.
* Jennie S. Bev est journaliste et chroniqueuse. Elle écrit dans la rubrique “The Global Viewpoint” du magazine Forbes Indonesia et dans la rubrique éditoriaux du quotidien The Jakarta Post.
Certains désigneront Aceh, territoire spécial d'Indonésie, pour montrer ce que les Indonésiens entendent par « charia », car les principes juridiques de l'islam exigeant le port du voile pour la femme, l'interdiction de l'alcool et du jeu et l'application du zakat (une exigence de l'islam de donner 2,5 % de ses revenus aux personnes dans le besoin) y ont été adoptés. Si les non-musulmans d'Aceh ne sont pas soumis aux principes juridiques de l'islam, certains pensent qu'ils font l'objet de pressions afin qu'ils y adhérent. Toutefois, les pratiques très particulières d'Aceh ne correspondent pas à celles qui ont cours dans le reste du pays qui est plus syncrétique et qui a choisi de ne pas suivre le modèle d'Aceh.
Selon Asghar Ali Engineer, érudit indien de l'islam, certaines classifications sont contextuelles et ne sont donc plus valables dans un contexte moderne. Dans un article de 2010, il a parlé expressément de l'esclavage finalement proscrit dans le Coran, notant en outre que les concepts de démocratie et de citoyenneté n'ont, de nos jours, aucun équivalent dans le Coran. Par extension, il suggère que certains concepts compris comme faisant partie de la charia ont eu leur temps et leur place et ne sont plus pertinents dans le contexte actuel. Nombreux sont les érudits musulmans et chefs religieux à travers le monde qui partagent ce point de vue.
Robert Hefner, professeur à l'université de Boston, a déclaré dans Sharia Politics: Islamic Law and Society in the Modern World (Indiana University Press) publié en 2011 que les Indonésiens musulmans soutenaient fortement à la fois la charia et la démocratie. Le sondage réalisé par le Pew Research Center a également révélé que 61 % des musulmans indonésiens préféraient la démocratie à l'autoritarisme. Il est donc peu probable que la charia prise dans le sens de la loi islamique draconienne imposée sous un régime autoritaire voie le jour. Il est plus logique que charia signifie « société juste et équitable » au sein d'une démocratie.
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