Qui l’eut cru ? Adepte de la cuisine familiale, aux bons produits du terroir bien de chez nous, de préférence bio, mijotés amoureusement avec de fines épices, comment pouvais-je savoir qu’en ce vendredi 10 septembre 2010/1431, jour de l’Aïd el-Fitr, jour de prière matinale et de congratulations fraternelles, j’allais mettre les pieds dans l’un des temples de la restauration rapide, symbole de l’américanisation des modes de vie et de l’uniformisation des goûts ?
Eh bien, oui, Dieu a guidé mes pas à Rosny-sous-Bois.
Rosny-sous-Bois, ville de plus de 41 000 habitants, à l’est de Paris, abrite en son sein Rosny-2, le plus grand centre commercial du 9-3, un multiplexe de salles de ciné qui avait accueilli triomphalement John Travolta et Silvester Stallone, la maison de Bison Futé, des églises, une mosquée et maintenant… un Quick « halal ».
Le fast-food de Rosny, l’un des 14 restaurants Quick à servir désormais des burgers halal depuis le 1er septembre, ne désemplit pas. 22 heures. L’heure du maghreb est largement passée. Quartier des Marnaudes, à deux pas de la mosquée, dépassez le magasin Ed, la Poste, tournez à droite, puis à gauche. La nuit est noire, quelques passants, continuez un peu sur votre route, et là, impossible de rater votre destination : des voitures garées sur le trottoir, clignotant à droite, un parking, celui de Quick, archiplein, on fait le tour une fois, deux fois, aïe, ça bouchonne, c’est la file d’attente pour les Quick drive, une vingtaine de voitures pare-choc contre pare-choc, ça déborde sur l’avenue, le vigile fait la circulation.
Allez, hop, j’y vais vaillamment, remisant au placard mon anti-américanisme primaire et mon esprit anti-malbouffe de mauvais aloi. En terrasse, le temps est doux, un espace jeu-toboggan, cris et rires d’enfants qui courent entre les tables toutes occupées. Beaucoup de familles, des poussettes, des jeunes filles, des couples. Lamia, 25 ans, habite Lagny : « Je passais sur Rosny, alors je suis venue tout naturellement ici, explique cette habituée du Quick « halal », venue ce soir avec une amie. Je vais très souvent au Quick : deux fois par semaine, à Chelles ! »
Sabeur, 30 ans, et son épouse Zeineb, 26 ans, eux, viennent pour la première fois. Ils sont là depuis déjà 19 h 30. 2 Giant, 2 menus enfants. Habitant Neuilly-sur-Marne, ils sont venus avec leurs trois enfants, 4 ans, 3 ans et bébé dans sa poussette. « On a pris le bus pour venir. Non, Quick n’est pas trop loin de chez nous : 20 minutes » « Oui, c’est la première fois que nous venons. » Pour l’Aïd ? Non, pour manger halal !
Mo-ti-vés. Ils le sont, les clients du Quick « halal », prêts à attendre une trentaine de minutes pour être servis. Dans le restaurant, quatre files d’attente bondées vont de la porte d’entrée jusqu’aux caisses, pas un millimètre d’espace vital n’est perdu. Des jeunes venus entre potes, des mamans avec leurs enfants, des acteurs associatifs, des travailleurs, un imam. Une diversité de profils, une ambiance de fête, une patience d’ange. « Attendre ? On n’a pas le choix ! », Walid et Amine, tous deux Parisiens de 25 ans, viennent de leur journée de boulot, situé l’un à Nanterre et l’autre à Rungis. Ils n’ont pas posé de jour de congé et viennent à Rosny, prêts à débourser à eux deux 45 euros pour dîner en ce soir de l’Aïd parce qu’on « sait qu’on va manger halal ».
Mais des habitants de Rosny, y en a-t-il ? « Si, si ! Je suis déjà venu aujourd’hui après la prière de 14 heures avec ma femme et mes enfants. Je reviens ce soir avec mes amis ! », raconte ce père de famille rosnéen. « C’est trop peuplé », « il y a trop d’attente », regrettent pourtant Areski, 42 ans, et Sandrine, 37 ans, accompagnés de leurs enfants. Rosnéens, ils étaient déjà venus à ce restaurant, mais « pour manger du poisson ! ». « Ah, les fishs, j’ai horreur de ça. Moi, je n’étais jamais venu à ce restaurant avant qu’il ne devienne halal », explique Omar, 16 ans. « Mais le 1er septembre j’étais là avec tous mes copains. » Pourquoi ? « Ben, un Quick halal, c’est un événement !, avoue le lycéen. Je mange enfin des burgers. »
La folie des burgers halal ne discontinuera pas jusque 1 à 2 heures du matin : « C’est comme ça depuis le 1er septembre, alors qu’avant on fermait vers 22 heures », souffle un des vigiles.
Tous ces burgers, toutes ces frites, ça rapporte combien en espèces sonnantes et trébuchantes, Monsieur, s’il vous plaît ? « Nous avons consigne de ne plus communiquer », déclare fermement le directeur du restaurant. Même si Saphirnews a déjà interviewé votre PDG ? « Demandez une autorisation au service communication. » Soit.
Dehors, devant le guichet Quick Drive, deux jeunes filles en voiture passent enfin leur commande : « Deux Tentations ! » Des menus bien nommés…
Allez, on se faufile pour sortir du parking ; pour manger halal, il faut aussi être un as du volant. Tiens, Walid et Amine eux aussi sont dans leur voiture. Vitres baissées : « Vous avez déjà mangé ? » « Non, ya trop de monde ! », s’exclament un peu déçus les deux Parisiens, sur le point de prendre l’autoroute. « On reviendra, insha Allah ! »
Eh bien, oui, Dieu a guidé mes pas à Rosny-sous-Bois.
Rosny-sous-Bois, ville de plus de 41 000 habitants, à l’est de Paris, abrite en son sein Rosny-2, le plus grand centre commercial du 9-3, un multiplexe de salles de ciné qui avait accueilli triomphalement John Travolta et Silvester Stallone, la maison de Bison Futé, des églises, une mosquée et maintenant… un Quick « halal ».
Le fast-food de Rosny, l’un des 14 restaurants Quick à servir désormais des burgers halal depuis le 1er septembre, ne désemplit pas. 22 heures. L’heure du maghreb est largement passée. Quartier des Marnaudes, à deux pas de la mosquée, dépassez le magasin Ed, la Poste, tournez à droite, puis à gauche. La nuit est noire, quelques passants, continuez un peu sur votre route, et là, impossible de rater votre destination : des voitures garées sur le trottoir, clignotant à droite, un parking, celui de Quick, archiplein, on fait le tour une fois, deux fois, aïe, ça bouchonne, c’est la file d’attente pour les Quick drive, une vingtaine de voitures pare-choc contre pare-choc, ça déborde sur l’avenue, le vigile fait la circulation.
Allez, hop, j’y vais vaillamment, remisant au placard mon anti-américanisme primaire et mon esprit anti-malbouffe de mauvais aloi. En terrasse, le temps est doux, un espace jeu-toboggan, cris et rires d’enfants qui courent entre les tables toutes occupées. Beaucoup de familles, des poussettes, des jeunes filles, des couples. Lamia, 25 ans, habite Lagny : « Je passais sur Rosny, alors je suis venue tout naturellement ici, explique cette habituée du Quick « halal », venue ce soir avec une amie. Je vais très souvent au Quick : deux fois par semaine, à Chelles ! »
Sabeur, 30 ans, et son épouse Zeineb, 26 ans, eux, viennent pour la première fois. Ils sont là depuis déjà 19 h 30. 2 Giant, 2 menus enfants. Habitant Neuilly-sur-Marne, ils sont venus avec leurs trois enfants, 4 ans, 3 ans et bébé dans sa poussette. « On a pris le bus pour venir. Non, Quick n’est pas trop loin de chez nous : 20 minutes » « Oui, c’est la première fois que nous venons. » Pour l’Aïd ? Non, pour manger halal !
Mo-ti-vés. Ils le sont, les clients du Quick « halal », prêts à attendre une trentaine de minutes pour être servis. Dans le restaurant, quatre files d’attente bondées vont de la porte d’entrée jusqu’aux caisses, pas un millimètre d’espace vital n’est perdu. Des jeunes venus entre potes, des mamans avec leurs enfants, des acteurs associatifs, des travailleurs, un imam. Une diversité de profils, une ambiance de fête, une patience d’ange. « Attendre ? On n’a pas le choix ! », Walid et Amine, tous deux Parisiens de 25 ans, viennent de leur journée de boulot, situé l’un à Nanterre et l’autre à Rungis. Ils n’ont pas posé de jour de congé et viennent à Rosny, prêts à débourser à eux deux 45 euros pour dîner en ce soir de l’Aïd parce qu’on « sait qu’on va manger halal ».
Mais des habitants de Rosny, y en a-t-il ? « Si, si ! Je suis déjà venu aujourd’hui après la prière de 14 heures avec ma femme et mes enfants. Je reviens ce soir avec mes amis ! », raconte ce père de famille rosnéen. « C’est trop peuplé », « il y a trop d’attente », regrettent pourtant Areski, 42 ans, et Sandrine, 37 ans, accompagnés de leurs enfants. Rosnéens, ils étaient déjà venus à ce restaurant, mais « pour manger du poisson ! ». « Ah, les fishs, j’ai horreur de ça. Moi, je n’étais jamais venu à ce restaurant avant qu’il ne devienne halal », explique Omar, 16 ans. « Mais le 1er septembre j’étais là avec tous mes copains. » Pourquoi ? « Ben, un Quick halal, c’est un événement !, avoue le lycéen. Je mange enfin des burgers. »
La folie des burgers halal ne discontinuera pas jusque 1 à 2 heures du matin : « C’est comme ça depuis le 1er septembre, alors qu’avant on fermait vers 22 heures », souffle un des vigiles.
Tous ces burgers, toutes ces frites, ça rapporte combien en espèces sonnantes et trébuchantes, Monsieur, s’il vous plaît ? « Nous avons consigne de ne plus communiquer », déclare fermement le directeur du restaurant. Même si Saphirnews a déjà interviewé votre PDG ? « Demandez une autorisation au service communication. » Soit.
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