Le rap avait fait quelque peu son entrée à l’Institut du monde arabe avec la projection du documentaire « Don’t panik » suivie du concert de Médine en 2011. Mais c’est avec l’arrivée du nouveau président de l’IMA que les cultures urbaines ont été accueillies à bras ouverts, avec les rappeurs La Fouine en 2013 et Tunisiano en 2014, inaugurant un cycle de rencontres sur les musiques actuelles et permettant ainsi de drainer un public plus jeune et plus cosmopolite. A cette occasion, certains venaient pour la première fois à l’IMA…
Entretien avec son président Jack Lang, pour qui « le hip-hop, l’électro et d’autres musiques actuelles » sont à faire connaître par l’IMA « tant elles sont transformées par les jeunesses des pays arabes ».
Entretien avec son président Jack Lang, pour qui « le hip-hop, l’électro et d’autres musiques actuelles » sont à faire connaître par l’IMA « tant elles sont transformées par les jeunesses des pays arabes ».
Saphirnews : Votre présidence à la tête de l’IMA a redynamisé l’image de l’Institut. Lorsque vous étiez ministre de la Culture, vous aviez à cœur de rendre la culture gratuite et populaire, notamment à travers la Fête de la musique ou Les Journées du patrimoine. Pourquoi est-il si important pour vous de rajeunir le public de l’IMA ?
Jack Lang : Je suis tourné vers l’avenir. À travers toutes les actions que j’ai pu mener comme ministre ou homme de culture, j’ai toujours eu le souci que les jeunes générations y soient associées. Il faut préparer la relève, l’avenir. J’aimerais que de plus en plus de jeunes trouvent le chemin de l’IMA. Et nous irons aussi à leur rencontre dans différentes villes, pour assurer l’enseignement de l’arabe, pour animer des activités culturelles… C’est très important que la jeunesse se sente impliquée par l’Institut du monde arabe.
La programmation régulière d’avant-premières cinématographiques va également dans la continuité de ce que vous faisiez auparavant comme ministre… dans le sens de la gratuité et de l’ouverture vers de plus larges publics…
Jack Lang : On ne change pas beaucoup : je reste fidèle à moi-même ! [large sourire]
Vous dites que, grâce à la présence de l’IMA en régions, il est important d’irriguer la langue et la culture arabe en France. En quoi, selon vous, cela peut-il contribuer à lever les aprioris sur les personnes d’origine maghrébine compte tenu du contexte politique actuel ?
Jack Lang : Il faut que la langue arabe soit reconnue dans toute son universalité, sa force et sa dignité. Enseigner l’arabe, hors des cercles religieux, est une bonne chose pour les jeunes, d’origine arabe ou pas ! C’est d’abord une source d’enrichissement intellectuel. C’est aussi, pour certains, l’occasion de retrouver ses racines. C’est surtout une manière de se projeter vers le futur : beaucoup de métiers, en France ou hors de France, exigent aujourd’hui la connaissance de la langue arabe.
Pour 2014, vous parlez de nouvelles programmations : rap, jazz, etc. Je ne vous ai pas entendu évoquer le théâtre contemporain ni le slam.
Jack Lang : Parce qu’on ne peut pas tout faire ! Il faut d’abord enclencher une volonté et une dynamique. Mais si j’enclenche tout d’un seul coup, ce sera mal fait.
S’agissant de l’exposition sur le Hajj, qui se tient du 23 avril au 10 août 2014, outre les dimensions historique, religieuse, pédagogique et artistique qu’elle revêt, vous insistez là encore sur la participation des visiteurs à témoigner de leurs propres expériences du pèlerinage.
Jack Lang : C’est effectivement moi-même qui l’ai demandé. Par un site qui va être créé, on va s’adresser à tous les citoyens, à ceux qui ont accompli leur grand pèlerinage ou rêvent de l’accomplir, en leur demandant, par un témoignage, un poème, un dessin, de dire ce qu’a été leur aventure spirituelle ou de dire, selon eux, le hajj tel qu’ils le rêvent. L’idée est de faire que des citoyens soient actifs et co-auteurs de l’événement.
Peut-on dire que vous mettez de la culture populaire dans une grande institution qu’est l’IMA, culture populaire qui était bien moins présente auparavant ?
Jack Lang : Il y a un aller-retour permanent entre la culture savante et la culture populaire. En même temps, le hajj n’existe que parce qu’il y a des millions de gens qui viennent de différents peuples et de divers horizons qui le font vivre et se perpétuer.
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