L’étude porte sur un échantillon représentatif de citoyens européens se définissant eux-mêmes comme musulmans. À 89 % ils affirment que la religion tient une place importante dans leur vie.
Cette étude, disponible en anglais sur le site du FRA, apporte une riche photographie statistique du ressenti des musulmans de l’UE dans leurs interactions avec leurs concitoyens et avec les institutions de leur pays. Conjugué avec le rapport annuel du CCIF (Collectif contre l’islamophobie en France), le rapport du FRA permet non seulement de mieux cerner l’islamophobie en Europe mais aussi de comparer l’ampleur et les modes d’expression de cette forme de discrimination dans les différents pays.
En France, les affaires du voile ont cristallisé notre attention depuis 1989. Mais au niveau de l’ensemble de l’Europe, il apparaît clairement que la tenue vestimentaire n’est pas désignée par les musulmans comme un facteur déterminant dans les attitudes islamophobes dont ils sont victimes.
En effet, 63 % des musulmans interrogés ne portent aucune « tenue traditionnelle » différente de la tenue de leurs concitoyens. Et parmi ceux qui portent une tenue différente de la tenue classique dans leur pays, 84 % sont des femmes. Il nous apparaît ainsi que l’obsession française sur l’apparence physique de certaines musulmanes est simplement une mauvaise « exception française ».
Dans l’ensemble, les musulmans d’Europe ne se sentent pas non plus discriminés par rapport à leurs convictions religieuses. Peu d’entre eux estiment que leur conviction religieuse est la seule raison des discriminations dont ils ont été victimes. Cependant, une large majorité évoque leurs origines ethniques de citoyens issues de l’immigration, combinées avec leur appartenance à l’islam.
L’on est donc face à ce que le sociologue Vincent Geisser nomme « la nouvelle islamophobie ». Dans un ouvrage de vulgarisation publié en 2003 aux éditions La Découverte, M. Geisser explique qu’il n’est plus convenu d’exprimer des propos racistes envers un étranger en raison de ses origines ethniques. Les juges ont évolué et n’hésitent plus à condamner de tels propos. Cependant, il reste acceptable d’exprimer sa haine de l’« étranger » en prenant prétexte de l’islam.
C’est pourquoi, en dehors des cas pathologiques comme Robert Redecker ou Oriana Fallaci, l’immense majorité des actes islamophobes s’exprime par des « glissements sémantiques » ou des « maladresses ». Là réside la difficulté à lutter contre la « nouvelle islamophobie ».
Le rapport du FRA montre que les musulmans d’Europe ne sont pas dupes. Car ils sont 10 % à se sentir discriminés en raison de leurs convictions religieuses. Cependant, 75 % d’entre eux trouvent que les attitudes discriminatoires à leur égard sont motivées par une combinaison de leurs origines ethniques et de leur appartenance à l’islam.
Cette étude, disponible en anglais sur le site du FRA, apporte une riche photographie statistique du ressenti des musulmans de l’UE dans leurs interactions avec leurs concitoyens et avec les institutions de leur pays. Conjugué avec le rapport annuel du CCIF (Collectif contre l’islamophobie en France), le rapport du FRA permet non seulement de mieux cerner l’islamophobie en Europe mais aussi de comparer l’ampleur et les modes d’expression de cette forme de discrimination dans les différents pays.
En France, les affaires du voile ont cristallisé notre attention depuis 1989. Mais au niveau de l’ensemble de l’Europe, il apparaît clairement que la tenue vestimentaire n’est pas désignée par les musulmans comme un facteur déterminant dans les attitudes islamophobes dont ils sont victimes.
En effet, 63 % des musulmans interrogés ne portent aucune « tenue traditionnelle » différente de la tenue de leurs concitoyens. Et parmi ceux qui portent une tenue différente de la tenue classique dans leur pays, 84 % sont des femmes. Il nous apparaît ainsi que l’obsession française sur l’apparence physique de certaines musulmanes est simplement une mauvaise « exception française ».
Dans l’ensemble, les musulmans d’Europe ne se sentent pas non plus discriminés par rapport à leurs convictions religieuses. Peu d’entre eux estiment que leur conviction religieuse est la seule raison des discriminations dont ils ont été victimes. Cependant, une large majorité évoque leurs origines ethniques de citoyens issues de l’immigration, combinées avec leur appartenance à l’islam.
L’on est donc face à ce que le sociologue Vincent Geisser nomme « la nouvelle islamophobie ». Dans un ouvrage de vulgarisation publié en 2003 aux éditions La Découverte, M. Geisser explique qu’il n’est plus convenu d’exprimer des propos racistes envers un étranger en raison de ses origines ethniques. Les juges ont évolué et n’hésitent plus à condamner de tels propos. Cependant, il reste acceptable d’exprimer sa haine de l’« étranger » en prenant prétexte de l’islam.
C’est pourquoi, en dehors des cas pathologiques comme Robert Redecker ou Oriana Fallaci, l’immense majorité des actes islamophobes s’exprime par des « glissements sémantiques » ou des « maladresses ». Là réside la difficulté à lutter contre la « nouvelle islamophobie ».
Le rapport du FRA montre que les musulmans d’Europe ne sont pas dupes. Car ils sont 10 % à se sentir discriminés en raison de leurs convictions religieuses. Cependant, 75 % d’entre eux trouvent que les attitudes discriminatoires à leur égard sont motivées par une combinaison de leurs origines ethniques et de leur appartenance à l’islam.
Le passé colonial n'explique pas tout
Cette étude montre aussi que l’islamophobie a de l’avenir en Europe. En effet, les jeunes musulmans européens sont les plus touchés par le sentiment d’islamophobie. Un jeune musulman sur trois, âgé de 16 à 24 ans, se sent discriminé. Cette donnée alarmante est légèrement atténuée par le critère de nationalité. Puisque, parmi ces jeunes, ceux qui possèdent une nationalité européenne sont touchés à 29 %, tandis que ceux qui sont de nationalité étrangère sont touchés à 48 %.
Au palmarès de la fréquence des contrôles de police subis par les musulmans, la palme revient à la France avec une longueur d’avance sur l’Espagne ! Selon les résultats de l’étude, comparée à ses pairs européens, la Police française apparaît dans sa tradition coloniale, où il fallait d’abord et avant tout contrôler les musulmans. Sauf que la France n’est plus une puissance coloniale et le musulman de France n’est pas un « indigène ». Il est soit un étranger, soit un Français. Ce qui lui donne des droits, dont certains sont aujourd’hui menacés par l’offensive du gouvernement contre la Cimade.
Mais le passé colonial de la France ne suffit pas à tout expliquer. Car, pour l’ensemble de l’Europe, les musulmans victimes de discriminations préfèrent garder le silence. En cas de discrimination, 79 % d’entre eux n’ont recours à aucune institution d’État, à aucune association, à aucune ONG de défense des droits des citoyens. Et la majorité d’entre eux (59 %) pense que « s’adresser à une organisation n’aurait rien changé à la discrimination subie » ; 11 % gardent le silence par peur de représailles.
Dans le détail, le rapport du FRA montre, par exemple, qu’en France 68 % des musulmans de référence maghrébine ne connaissent aucune organisation de lutte contre les discriminations, et 67 % des musulmans de France de référence subsaharienne sont dans le même cas.
Au final, il nous apparaît que l’islamophobie est un phénomène insidieux qui se manifeste de manière différente selon les pays de l’Union. Mais, dans l’ensemble, il avance toujours masqué. Parce que fortement ressenti par les jeunes musulmans d’Europe, ce type de discrimination est « un mal d’avenir ». Mais il s’inscrit aussi dans le temps, parce qu’il est ignoré ou sous-évalué par les institutions des États et par les défenseurs des droits des citoyens.
Car, manifestement, les musulmans européens eux-mêmes acceptent de subir ces crimes en silence. Mais jusqu’à quand ? Telle est la question qui reste posée par le rapport du FRA. Une question qui résonne comme un signal d’alarme que le FRA ne manque pas de tirer.
Lire aussi :
Discriminations : sombre rapport
Islamophobie : « les premiers acteurs, ce sont les agents de l’État »
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Mais le passé colonial de la France ne suffit pas à tout expliquer. Car, pour l’ensemble de l’Europe, les musulmans victimes de discriminations préfèrent garder le silence. En cas de discrimination, 79 % d’entre eux n’ont recours à aucune institution d’État, à aucune association, à aucune ONG de défense des droits des citoyens. Et la majorité d’entre eux (59 %) pense que « s’adresser à une organisation n’aurait rien changé à la discrimination subie » ; 11 % gardent le silence par peur de représailles.
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Au final, il nous apparaît que l’islamophobie est un phénomène insidieux qui se manifeste de manière différente selon les pays de l’Union. Mais, dans l’ensemble, il avance toujours masqué. Parce que fortement ressenti par les jeunes musulmans d’Europe, ce type de discrimination est « un mal d’avenir ». Mais il s’inscrit aussi dans le temps, parce qu’il est ignoré ou sous-évalué par les institutions des États et par les défenseurs des droits des citoyens.
Car, manifestement, les musulmans européens eux-mêmes acceptent de subir ces crimes en silence. Mais jusqu’à quand ? Telle est la question qui reste posée par le rapport du FRA. Une question qui résonne comme un signal d’alarme que le FRA ne manque pas de tirer.
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