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Hijab and the City

L'Iran des Chats persans

Rédigé par Khadija Tighanimine | Lundi 18 Janvier 2010 à 23:49

           


L'Iran des Chats persans
L’Iran fait trop souvent l’objet d’une extraordinaire polémique. Tellement extraordinaire que ça en devient suspect. Ne m’y étant jamais rendue, je ne peux vraiment m’avancer sur cette question et j’ai pour principe de ne juger que ce que je vois !

Et justement j’ai vu et j’ai pu en juger par moi-même. Il est vrai qu’il ne s’agit que d’un film, mais qui, semble t-il, reflète une des réalités iraniennes, celle qui est que l’on n’est pas libre de jouer la musique que l’on veut.

Le film dont il est question ici s’intitule Les Chats persans. Les protagonistes sont deux jeunes Iraniens fraîchement sortis de prison qui tentent de monter un groupe en vue de quitter le pays et de se lancer dans une tournée internationale. Pourquoi ? Parce qu’en Iran on ne joue pas n’importe quelle musique : les groupes occidentalisés du genre heavy metal, Indie Rock ou encore rap se retrouvent à jouer de manière clandestine, on appelle cela de l’underground. Cela correspond à la volonté d’aller à contre-courant de l’ordre politique et social établi, que l’on exprime souvent à travers l’art, que ce soit dans la littérature, le cinéma, la musique ou encore la peinture. L’underground est subversif puisque politiquement incorrect.

Dans Les Chats persans, les jeunes musiciens se terrent dans des caves, jouent sur des terrasses à l’abri de l’œil du voisin délateur, pourvu qu’ils jouent et chantent leurs textes, bien souvent dénonciateurs de la société et de son système.

Le fait de braver l’interdit et de risquer d’être embarqués par la police nous donne l’impression que c’est ce qui rend leur musique encore plus originale et intense, de qualité tant au niveau des textes que de la mélodie. La censure qui est dénoncée ici n’est pas si éloignée de nous finalement. En France également, des textes ont été censurés il n’y a pas si longtemps que cela, je veux parler de ceux de Georges Brassens, de Boris Vian ou encore de La Rumeur.

L’Iran se présente souvent comme un pays autoritaire, rigide où le mot « liberté » n’est qu’une chimère, mais on reste bien perplexe face à la réalité qui, elle, est beaucoup plus complexe. En effet, entre le voile imposé et l’engouement des jeunes femmes pour la chirurgie esthétique, on se demande alors quel épisode on a raté.

Pour ma part, ce film m’a permis de me faire une petite idée, en attendant de m’y rendre, qui est celle d’un Iran jeune, doué et révolté. Ce n’est donc qu’une frange de la société qui est représentée ici, avec des préoccupations et des codes particuliers, qui ne sont pas propres à toute la jeunesse iranienne. Ainsi, comme pour la presse, il ne s’agit que d’un son de cloche.

En tout cas, de l’Indie rock au rap, en passant par le heavy metal, le son n’est pas mal, et l’humour permet de nous faire penser que finalement l’Iran, c’est un pays comme un autre qui connaît les crises et les révoltes de sa population, qui, comme partout, vit difficilement la globalisation et les effets de la pensée unique. Une société qui, par définition, a mué, se mue, et se muera au gré du temps, des tendances mais surtout du contexte économique.




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