A l'occasion des 10 ans de la loi du 15 mars 2004, des manifestations ont été organisées en France pour dénoncer l'islamophobie, comme ici à Paris (Châtelet).
« A Paris, résistance ! L'islamophobie, ça suffit ! Abrogation des lois islamophobes ! » Sous un soleil radieux, quelque 70 personnes, essentiellement musulmanes, se sont retrouvées dans le quartier populaire de Couronnes, dans le 20e arrondissement, à l’appel de la Campagne Abrogation des Lois Islamophobes (ALI) qui, par son nom même, revendique la fin des mesures législatives anti-musulmanes, au premier rang desquelles se trouve la loi du 15 mars 2004.
Le collectif a été crée en septembre 2013 par une poignée de militants avides de refonder les bases de la lutte contre l’islamophobie que les musulmans se doivent de « prendre en charge », sans le paternalisme des uns et l’emprise d’un courant politique de l’autre, de droite comme de gauche, selon leurs propres mots.
Leur maître-mot : l’autonomie. « Il ne s’agit pas simplement de la décréter. L’autonomie, ça se construit », a lancé Youcef Brakni, porte-parole du Groupe des associations de Bagnolet (GAB), qui s’est joint à ALI avec la Coordination contre le racisme et l’islamophobie (CRI), réprésentée par Leila El Haddouchi. C’est ainsi que « Un nouvel espoir pour Bagnolet » a vu le jour en février, « une expérience unique » où toutes les associations musulmanes locales - mosquées comprises - font front commun dans le cadre des élections municipales pour être « une force incontournable car politique et unie » dans une ville où l’islamophobie est essentiellement portée par la gauche, indique-t-il. « C’est à partir de nos réalités de terrain que nous devons nous organiser politiquement et, avant tout, localement. »
Le collectif a été crée en septembre 2013 par une poignée de militants avides de refonder les bases de la lutte contre l’islamophobie que les musulmans se doivent de « prendre en charge », sans le paternalisme des uns et l’emprise d’un courant politique de l’autre, de droite comme de gauche, selon leurs propres mots.
Leur maître-mot : l’autonomie. « Il ne s’agit pas simplement de la décréter. L’autonomie, ça se construit », a lancé Youcef Brakni, porte-parole du Groupe des associations de Bagnolet (GAB), qui s’est joint à ALI avec la Coordination contre le racisme et l’islamophobie (CRI), réprésentée par Leila El Haddouchi. C’est ainsi que « Un nouvel espoir pour Bagnolet » a vu le jour en février, « une expérience unique » où toutes les associations musulmanes locales - mosquées comprises - font front commun dans le cadre des élections municipales pour être « une force incontournable car politique et unie » dans une ville où l’islamophobie est essentiellement portée par la gauche, indique-t-il. « C’est à partir de nos réalités de terrain que nous devons nous organiser politiquement et, avant tout, localement. »
« Assumer son identité musulmane »
Surtout, ALI revendique le « référentiel islamique » comme vecteur de leur engagement, non « pour courber l’échine ou bomber le torse mais pour se tenir fier et digne », lance Jamel El Hamri, fondateur d’un institut de sciences islamiques, assumant au passage la « dimension dawatique » de la démarche du collectif. « Fédérer les musulmans avant de fédérer les autres », c'est leur leitmotiv mais aussi leur argument phare destiné à ceux qui les accusent de communautarisme.
La lutte contre le sionisme est aussi au cœur de leurs revendications. C’est en ce sens qu’est intervenu Omar Alsoumi, du Mouvement des Jeunes Palestiniens (PYM), qui insiste sur le caractère « indissociable » de la cause palestinienne et de la lutte contre l’islamophobie, un racisme lui-même aussi porté par de nombreux fervents défenseurs d’Israël.
La lutte contre le sionisme est aussi au cœur de leurs revendications. C’est en ce sens qu’est intervenu Omar Alsoumi, du Mouvement des Jeunes Palestiniens (PYM), qui insiste sur le caractère « indissociable » de la cause palestinienne et de la lutte contre l’islamophobie, un racisme lui-même aussi porté par de nombreux fervents défenseurs d’Israël.
L’abrogation, la seule issue pour tous les militants
Autre ambiance, cette fois à Châtelet en présence d’un public très éclectique. Entre 150 à 200 personnes se sont en effet mobilisées à l’appel du Collectif féministe pour l’égalité (CFPE) et d’une trentaine d’organisations toutes différentes les unes des autres mais ensemble pour réclamer l’abrogation d'une loi « sexiste et raciste » que constitue à leurs yeux la loi de 2004 ainsi que toutes les dispositions légales qui ont suivies, dont la circulaire Chatel que refuse pour le moment d’abroger le ministre de l’Education, Vincent Peillon.
La loi contre le voile à l’école, « de façon insidieuse, a contribué à une fracture de la société » et suscité un « climat de défiance envers les musulmans et les musulmanes » et c’est « pour toutes ces raisons qu'il faut se tenir ensemble, Français ou pas, musulmans ou pas, voilées ou pas » pour réclamer son abrogation, a déclaré la sociologue Nacira Guénif. « Cette loi n’aurait jamais pas dû être envisagée, elle n'aurait jamais dû exister, elle n'aurait jamais dû être votée », lance-t-elle.
La loi contre le voile à l’école, « de façon insidieuse, a contribué à une fracture de la société » et suscité un « climat de défiance envers les musulmans et les musulmanes » et c’est « pour toutes ces raisons qu'il faut se tenir ensemble, Français ou pas, musulmans ou pas, voilées ou pas » pour réclamer son abrogation, a déclaré la sociologue Nacira Guénif. « Cette loi n’aurait jamais pas dû être envisagée, elle n'aurait jamais dû exister, elle n'aurait jamais dû être votée », lance-t-elle.
Une loi qui a encouragé l’islamophobie d’Etat
Cette loi a montré « sa totale inadéquation avec la déscolarisation de milliers de jeunes filles » et « a considérablement encouragé l’islamophobie » institutionnelle, lance Youssef Boussoumah, du Parti des indigènes de la République. « Aucun parti politique ne demande l’abrogation de la loi et c'est inacceptable. (…) Si nous n’agissons pas aujourd'hui, ils (les politiques) iront beaucoup plus loin. C'est pour ça qu'il faut demander fermement l’abrogation de toutes les lois racistes et islamophobes », ajoute-t-il.
Pour Ismahane Chouder, membre fondatrice de Mamans Toutes Egales (MTE) qui clôt le rassemblement, il est plus que nécessaire de « déconstruire cette mythologie » portée par la France « qui fait de la laïcité un vecteur d’émancipation » des femmes en particulier.
Pour Ismahane Chouder, membre fondatrice de Mamans Toutes Egales (MTE) qui clôt le rassemblement, il est plus que nécessaire de « déconstruire cette mythologie » portée par la France « qui fait de la laïcité un vecteur d’émancipation » des femmes en particulier.
Communautarisme des uns, paternalisme des autres
En coulisse, les mots ne manquent pas pour tirer à boulets rouges contre l’initiative « communautariste » du jour d’ALI, accusée d’entretenir une division sur une lutte où l’unité est « une obligation » face à « un ennemi fort » que représentent les institutions. Du côté d’ALI, les critiques ne manquent pas aussi contre ceux de leurs détracteurs qui auraient cédé à un « paternalisme militant » et à des alliances « contre-natures » qui se font notamment avec des associations « gauchistes » traversées en leur sein de courants islamophobes.
Chaque parti a ses arguments pour expliquer le pourquoi de sa manifestation qui, dans les deux cas, n’a pas amené foule. Sans surprise, aucune fédération membre du Conseil français du culte musulman (CFCM) ne milite pour l'abrogation de la loi de 2004. L'Union des organisations islamiques de France (UOIF), tout en dénonçant une « loi d’exclusion », n'a pas appelé à participer aux rassemblements. Le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), qui avait pourtant participé au forum contre l'islamophobie en décembre 2013 où une manif unitaire avait été annoncée, ne s'est pas non plus impliqué à Paris, de même que le Collectif des musulmans de France (CMF), présidé par Nabil Ennasri qui s'est largement engagé dans le débat sur la théorie du genre, non sans polémique pour les accointances formées avec l’extrême droite.
Des rassemblements du samedi à Paris, certains ne voudront retenir que la division. Retenons au premier chef les revendications communes des deux initiatives, couplées avec celles qui ont été entendues à Marseille, Belfort, Lille ou Lyon - où ils étaient un millier selon les organisateurs - que la France ne peut pas ignorer, même dix ans après la loi Stasi. L’islamophobie, ça suffit.
Chaque parti a ses arguments pour expliquer le pourquoi de sa manifestation qui, dans les deux cas, n’a pas amené foule. Sans surprise, aucune fédération membre du Conseil français du culte musulman (CFCM) ne milite pour l'abrogation de la loi de 2004. L'Union des organisations islamiques de France (UOIF), tout en dénonçant une « loi d’exclusion », n'a pas appelé à participer aux rassemblements. Le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), qui avait pourtant participé au forum contre l'islamophobie en décembre 2013 où une manif unitaire avait été annoncée, ne s'est pas non plus impliqué à Paris, de même que le Collectif des musulmans de France (CMF), présidé par Nabil Ennasri qui s'est largement engagé dans le débat sur la théorie du genre, non sans polémique pour les accointances formées avec l’extrême droite.
Des rassemblements du samedi à Paris, certains ne voudront retenir que la division. Retenons au premier chef les revendications communes des deux initiatives, couplées avec celles qui ont été entendues à Marseille, Belfort, Lille ou Lyon - où ils étaient un millier selon les organisateurs - que la France ne peut pas ignorer, même dix ans après la loi Stasi. L’islamophobie, ça suffit.
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