Le nettoyage ethnique des musulmans de Birmanie.
L’extermination des Rohingyas de Birmanie est-elle proche ? Ceux de l’Etat d’Arakan, dans l’ouest du pays, sont bien en danger de mort imminente. Les persécutions dont sont victimes les Rohingyas depuis des décennies ont repris de plus belle depuis juin 2012 et s’étend désormais à d'autres ethnies musulmanes et chrétiennes reconnues en Birmanie.
Une tragédie à huis clos dont le monde ne se préoccupe guère. L’Assemblée générale de l’ONU a certes voté, lundi 24 décembre, une résolution pour condamner les violences mais elle n’a aucune valeur contraignante pour la Birmanie, qui nie les exactions contre les musulmans. A sa modeste échelle, Mouna Derouich, 27 ans, a la ferme intention de sensibiliser les citoyens français à cette cause oubliée, aux côtés du collectif Halte au massacre en Birmanie, à l’initiative de rassemblements de solidarité en France.
Une tragédie à huis clos dont le monde ne se préoccupe guère. L’Assemblée générale de l’ONU a certes voté, lundi 24 décembre, une résolution pour condamner les violences mais elle n’a aucune valeur contraignante pour la Birmanie, qui nie les exactions contre les musulmans. A sa modeste échelle, Mouna Derouich, 27 ans, a la ferme intention de sensibiliser les citoyens français à cette cause oubliée, aux côtés du collectif Halte au massacre en Birmanie, à l’initiative de rassemblements de solidarité en France.
Etre musulman en Birmanie, un fardeau
L’ex-comptable de confession musulmane a tout plaqué en 2011 pour se lancer dans l’humanitaire. Baroudeuse dans l’âme, elle se lance à la découverte de l’Asie du Sud-Est après un voyage de neuf mois en Australie. De passage en Inde en juin 2012, elle s’implique dans la Fondation Mère Térésa qui œuvre contre la pauvreté et pour la promotion de l’éducation.
C’est dans ce contexte que la jeune femme est informée du terrible sort des Rohingyas, sujets de nouvelles violences venant de la population majoritairement bouddhiste, avec la complicité directe de l’Etat qui les a déchus de leur citoyenneté en 1982, les rendant apatrides sur leur propre terre. « Il était beaucoup trop dangereux de s’y rendre en juin, j’ai attendu quelques mois avant d’y aller », nous raconte Mouna.
C’est toutefois en « touriste » qu’elle entre en Birmanie le 20 novembre. Tout signe de son soutien aux Rohingyas ou même de son appartenance à l’islam a été gommé, de peur qu’elle ne se voie refuser le visa mais également pour protéger ses arrières. « J’ai pris le risque d’y aller seule, sans contact et sans aucune aide, dans un pays où les musulmans sont mal vus et ne se sentent pas du tout en sécurité », explique-t-elle.
Peu après son arrivée de Bangkok à Rangoon, elle se lance dans un périple de plusieurs jours pour rejoindre Sittwe, capitale de l’Arakan, en prenant toujours le soin de ne jamais dire à quiconque ses objectifs, quitte à se faire passer pour une « naïve ».
« Pour justifier mon voyage, je disais que j’allais à Mrauk U, un site archéologique très réputé » dans le nord de l’Arakan mais « les autorités font tout pour décourager les touristes à y passer ». Les galères – volontaires – de transport n’en sont qu’une illustration : un train ou un bateau par jour, a compté Mouna, pour qu’elle se rende à Pyey, à Taungkok puis à Sittwe.
C’est dans ce contexte que la jeune femme est informée du terrible sort des Rohingyas, sujets de nouvelles violences venant de la population majoritairement bouddhiste, avec la complicité directe de l’Etat qui les a déchus de leur citoyenneté en 1982, les rendant apatrides sur leur propre terre. « Il était beaucoup trop dangereux de s’y rendre en juin, j’ai attendu quelques mois avant d’y aller », nous raconte Mouna.
C’est toutefois en « touriste » qu’elle entre en Birmanie le 20 novembre. Tout signe de son soutien aux Rohingyas ou même de son appartenance à l’islam a été gommé, de peur qu’elle ne se voie refuser le visa mais également pour protéger ses arrières. « J’ai pris le risque d’y aller seule, sans contact et sans aucune aide, dans un pays où les musulmans sont mal vus et ne se sentent pas du tout en sécurité », explique-t-elle.
Peu après son arrivée de Bangkok à Rangoon, elle se lance dans un périple de plusieurs jours pour rejoindre Sittwe, capitale de l’Arakan, en prenant toujours le soin de ne jamais dire à quiconque ses objectifs, quitte à se faire passer pour une « naïve ».
« Pour justifier mon voyage, je disais que j’allais à Mrauk U, un site archéologique très réputé » dans le nord de l’Arakan mais « les autorités font tout pour décourager les touristes à y passer ». Les galères – volontaires – de transport n’en sont qu’une illustration : un train ou un bateau par jour, a compté Mouna, pour qu’elle se rende à Pyey, à Taungkok puis à Sittwe.
Camps de réfugiés musulmans près de Sittwe
Sittwe, une prison à ciel ouvert pour les musulmans
Impossible pour elle d’oublier les images de Sittwe, où elle y est restée quatre jours. « J’étais la seule touriste de Sittwe. Les seuls étrangers travaillent pour les rares ONG et sont très discrets », indique Mouna, qui confirme les conditions de vie catastrophiques des musulmans. « Le ghetto à l’intérieur de la ville est encerclé par l’armée, on les y a parqués comme du bétail, sans droit d’en sortir. S’ils tentent de s’échapper, la police a le droit de les tuer. Mais les Rakhines peuvent y entrer et commettre des violences. »
Plus loin, dans le village musulman – aussi fermé – et les camps de réfugiés aux alentours, la situation est encore plus précaire. « Les jeunes n’ont plus accès à l’éducation. L’aide alimentaire est insuffisante. Faute de soins médicaux, des enfants meurent régulièrement. L’aide humanitaire n’est pas efficace car les ONG n’ont pas le droit de distribuer les denrées par elles-mêmes, elles n’arrivent pas à destination », raconte-t-elle.
A chaque zone de non-droit pour les musulmans, son check-point. « L’armée m’a laissée entrer dans le ghetto et le village, mais n’explique rien aux touristes de la situation. Mais après leur passage, les soldats vont voir les personnes qui ont reçu de la visite pour les interroger sur le pourquoi de ma venue. (…) Les gens ont peur de parler », poursuit-elle. Son identité, elle finit par la dévoiler auprès des quelques Rohingyas rencontrés afin qu’elle puisse recueillir leurs témoignages et leur assurer de son soutien.
« Ils se sentent exister, ça leur redonne espoir de voir que des gens s’intéressent à leur vie », assure Mouna, qui appelle ses concitoyens à se rendre en Birmanie pour se rendre compte de la situation et devenir à leur tour un ambassadeur de la cause. Elle n’oubliera jamais ces mots d’un Rohingya rencontré à Sittwe : « Tu peux oublier mon visage, celui des personnes que tu as rencontrés mais n’oublie pas les Rohingyas. On veut vivre comme tout le monde, que nos droits soient reconnus. »
Plus loin, dans le village musulman – aussi fermé – et les camps de réfugiés aux alentours, la situation est encore plus précaire. « Les jeunes n’ont plus accès à l’éducation. L’aide alimentaire est insuffisante. Faute de soins médicaux, des enfants meurent régulièrement. L’aide humanitaire n’est pas efficace car les ONG n’ont pas le droit de distribuer les denrées par elles-mêmes, elles n’arrivent pas à destination », raconte-t-elle.
A chaque zone de non-droit pour les musulmans, son check-point. « L’armée m’a laissée entrer dans le ghetto et le village, mais n’explique rien aux touristes de la situation. Mais après leur passage, les soldats vont voir les personnes qui ont reçu de la visite pour les interroger sur le pourquoi de ma venue. (…) Les gens ont peur de parler », poursuit-elle. Son identité, elle finit par la dévoiler auprès des quelques Rohingyas rencontrés afin qu’elle puisse recueillir leurs témoignages et leur assurer de son soutien.
« Ils se sentent exister, ça leur redonne espoir de voir que des gens s’intéressent à leur vie », assure Mouna, qui appelle ses concitoyens à se rendre en Birmanie pour se rendre compte de la situation et devenir à leur tour un ambassadeur de la cause. Elle n’oubliera jamais ces mots d’un Rohingya rencontré à Sittwe : « Tu peux oublier mon visage, celui des personnes que tu as rencontrés mais n’oublie pas les Rohingyas. On veut vivre comme tout le monde, que nos droits soient reconnus. »
Habitations rohingyas brûlées
« Le problème n’est pas rohingya, il est musulman »
De son séjour, Mouna retiendra « la haine profonde des bouddhistes birmans » envers les musulmans. En discutant avec les Rakhines, tous les clichés à leur égard y passent : ce sont des « terroristes d’Al-Qaïda », « ils violent nos femmes », « ce sont des Bengalis, pas des Birmans », « des Kalars » (une insulte signifiant « Bougnoules »)… le tout pour justifier leur xénophobie.
Sa rencontre avec un soldat birman dans un train en partance vers Sittwe l’a glacée d’effroi : il lui a raconté, sans sourciller, avoir perdu son bras en ayant posé une bombe contre les musulmans. « No like Muslims », n’arrêtait-il pas de répéter. Des habitations brûlées, elle en a d'ailleurs vu par dizaines mais, dès lors qu'elle souhaitait les photographier, des voisins sont venus à elle pour lui ordonner d'arrêter. « Ils ne supportent pas que des gens puissent vouloir aider les musulmans. »
« Le problème n’est pas rohingya, il est musulman. Les gens avec qui j’ai discuté ne me parlait que des musulmans », martèle Mouna. L’enfer auquel sont confrontés les Rohingyas se propage en effet aux autres ethnies musulmanes du pays, pourtant reconnues par l’Etat. Depuis octobre, les Kamans de l’Arakan sont aussi victimes de la répression, qui a fait depuis juin plusieurs centaines de morts selon des bilans officieux. Des dizaines de milliers de personnes ont fui les violences, mais les conditions de vie des Rohingyas dans les pays voisins, à commencer par le Bengladesh, sont déplorables.
« Ce n’est qu’une question de temps pour que tous les musulmans du pays soient concernés. Si on n’agit pas maintenant, il sera trop tard », insiste Mouna. Un nettoyage ethnique est en cours. Face à la détresse des peuples opprimés, il est temps pour la communauté internationale mais également la communauté musulmane de se soulever contre l'injustice et le silence médiatique.
Sa rencontre avec un soldat birman dans un train en partance vers Sittwe l’a glacée d’effroi : il lui a raconté, sans sourciller, avoir perdu son bras en ayant posé une bombe contre les musulmans. « No like Muslims », n’arrêtait-il pas de répéter. Des habitations brûlées, elle en a d'ailleurs vu par dizaines mais, dès lors qu'elle souhaitait les photographier, des voisins sont venus à elle pour lui ordonner d'arrêter. « Ils ne supportent pas que des gens puissent vouloir aider les musulmans. »
« Le problème n’est pas rohingya, il est musulman. Les gens avec qui j’ai discuté ne me parlait que des musulmans », martèle Mouna. L’enfer auquel sont confrontés les Rohingyas se propage en effet aux autres ethnies musulmanes du pays, pourtant reconnues par l’Etat. Depuis octobre, les Kamans de l’Arakan sont aussi victimes de la répression, qui a fait depuis juin plusieurs centaines de morts selon des bilans officieux. Des dizaines de milliers de personnes ont fui les violences, mais les conditions de vie des Rohingyas dans les pays voisins, à commencer par le Bengladesh, sont déplorables.
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