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Culture & Médias

L'humoriste Patson : « Le métissage est le seul moyen de désamorcer les conflits »

Rédigé par Pauline Compan | Vendredi 17 Février 2012 à 00:00

           

Un humour populaire et « pas prise de tête », selon la propre définition de Patson, auteur et comédien du spectacle « Yes, We Can Papa !!! », sorti en DVD le 14 février dernier. L’humoriste, révélé par le Jamel Comedy Club, propose un humour potache, inspiré des expériences de la vie quotidienne. Au-delà de la scène, l’artiste revendique une triple culture « française, africaine et américaine » pour un personnage engagé pour un métissage « bénéfique aux générations futures ».



L'humoriste Patson : « Le métissage est le seul moyen de désamorcer les conflits »
Dans « Yes, We Can Papa !!! », Patson surfe sur ses thèmes préférés : les rapports hommes-femmes, le multiculturalisme ou encore le football, pour un show déjà sur les routes de France. Ce Français d’origine ivoirienne revendique une culture métissée et anime, en plus de ses spectacles, une émission sur Radio Africa 1, intitulée « Yes, Papa C Kdo ».

Ayant passé sa jeunesse à Grigny (Essonne), il s’attache à proposer aux jeunes des banlieues de développer leur propre spectacle, avec l’initiative « Top Show ». En collaboration avec les mairies, il vient ainsi animer des ateliers pour « repérer des jeunes talents » et permettre aux artistes en herbe de produire un véritable show. Saphirnews a pu poser quelques questions à l’humoriste.

Saphirnews : Comment décririez-vous votre spectacle « Yes, We Can Papa !!! » ?

Patson : C’est un concentré culturel et métissé. Une envie qui vient de ma triple culture française, africaine et américaine (il a vécu au Canada pour prendre des cours de théâtre, ndlr). Cela reste proche de mes shows au Jamel Comedy Club : c’est populaire, au sens où cela permet aux gens de se retrouver, sans « prise de tête ».

Ce mot « métissage » est important pour vous…

P. : Nous vivons dans un monde métissé. Le métissage est partout, en cuisine ou dans la culture. Je souhaiterais que les futures générations aient conscience que le métissage est le seul moyen de désamorcer les conflits.

Cet état d’esprit viendrait-il de votre enfance vécue à Grigny (91) ?

P. : J’ai été adopté par une famille blanche et ma mère était professeure d’anglais dans ma ville. C’est une ville riche culturellement. J’avais des amis de tous horizons et c’était très enrichissant ; et cela se ressent dans mon spectacle. Le soutien que ces amis m’ont apporté est une vraie force. D’ailleurs, la France ne doit pas jouer la division si elle veut être forte.
Dans ma tête, j’ai toujours l’image du « Black-Blanc-Beur » de 1998, c’est de cet esprit que je tire ma force.

Pourquoi n’y a-t-il plus de « Top Show » prévu dans les villes de banlieue ?

P. : Avec ces shows, je voulais faire vivre les valeurs de respect et l’importance de l’éducation, des mots importants pour moi, en tant qu’ancien éducateur.
Aujourd’hui, beaucoup de jeunes sont en perte de repères et c’est là que des tensions apparaissent. En ce moment, avec l’approche des élections, il est plus compliqué de faire des partenariats avec des villes pour le « Top Show », alors j’en profite pour partir en tournée avec le spectacle.
Mais le « Top Show » va recommencer, je suis toujours présent dans les banlieues, souvent à l’appel d’associations, pour venir parler aux jeunes.

Le climat politique actuel est une vraie mine d’or pour certaines humoristes, mais vous avez choisi de ne pas trop parler de politique…

P. : Je les taquine un peu mais sans être méchant, car ce n’est pas dans ma nature. J’aborde plutôt d’autres problématiques comme les rapports hommes-femmes ou l’éducation.
D’autres artistes font de l’humour sur le monde politique mais moi, j’ai d’autres choses à dire. En tant que citoyen, je m’exprime par les urnes. De plus, je pense que le public est « soulé » par la politique. S’ils viennent à mon spectacle, c’est pour passer un bon moment.

On vous présente souvent comme l’humoriste préféré des footballeurs…

P. : J’ai beaucoup d’amis dans le milieu du football. C’est un sport qui me passionne : d’ailleurs, j’en parle souvent dans mon spectacle, je les « vanne », mais ça leur fait du bien.
Lorsque j’ai vanné le PSG, il était au plus bas dans le classement mais depuis ils se sont mieux classés. Si une équipe est en difficulté, appelez-moi, je les « vanne » et cela peut les aider [rires].

Quel souvenir gardez-vous de votre passage au Jamel Comedy Club ?

P. : J’ai arrêté pour pouvoir voler par moi-même, mais je garde de très bons contacts avec les humoristes et Jamel Debbouze. Il a été comme un parent, il a fait ce qu’il pouvait avec moi et aujourd’hui il faut que je lui montre que j’ai grandi. Je lui suis très reconnaissant pour la chance qu’il m’a donnée.






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