Rappelons avant tout que la polémique des caricatures est bien née au Danemark. N'oublions pas qu'elle a fini par nous rattraper parce qu'elle a été délibérément importée en France. Aspirés ou surpris par cette tornade soudaine, nombre d'intellectuels, de journalistes et d'acteurs de la société civile ont vite fait de poser ce débat comme une confrontation entre la liberté d'expression et la dignité d'être musulman. Non content de réduire ainsi une question aux approches diverses, d'aucun ont cédé à la tentation de le territorialiser. La liberté d'expression est ainsi devenue une prérogative occidentale, et la religion musulmane, encore une fois niée dans son universalité, est posée là petitement, comme un attribut de la culture orientale.
Nous refusons de souscrire à cette approche. Car la liberté d'expression est une valeur que nous réclamons et à laquelle nous sommes fortement attachés. Elle constitue le socle de nos sociétés démocratiques et pluralistes tant qu'elle rend possible le dialogue et tant qu'elle permet les confrontations nécessaires entre les différentes sensibilités d'une même société. Nous tenons fermement à la liberté d'expression car nous la jugeons indispensable à l'équilibre de la société multiculturelle qui est la nôtre. Et justement parce qu'elle est essentielle dans le dispositif qui crée l'équilibre de notre société, la liberté d'expression ne va pas sans responsabilité.
Au sein d'une équipe de rédaction, un caricaturiste n'est pas qu'un dessinateur, il est un journaliste à part entière. A ce titre, il engage sa responsabilité au même titre qu'un reporter engage sa responsabilité en rendant compte d'un événement. Il est ainsi aujourd'hui convenu que l'on ne peut ni publier ni tenir des propos antisémites et révisionnistes. Par respect pour notre mémoire commune, par crainte de réveiller les vieux démons qui ont rendus possible le massacre de millions d'individus, au seul motif qu'ils étaient juifs. La loi Gayssot veille. Et c'est tant mieux. Car elle nous met à l'abri de passions susceptibles de mettre en péril le pacte social et capables de produire du ressentiment, véritable acide pour le vivre ensemble.
Les intégristes de la liberté d'expression, ceux-là même qui prônent une liberté d'expression totale et sans condition aucune doivent donc comprendre que dans une telle configuration l'usage irresponsable de la liberté d'expression serait, de par son propre fait, mise en danger. Cela nous mènerait vers une société de chaos. Et chacun comprend dès lors combien il est nécessaire de limiter la liberté d'expression, fusse-t-il par une loi, dans le souci de maintenir la cohésion sociale.
Dans le cas présent, en nourrissant des amalgames entre islam et terrorisme, les caricaturistes du Jyllens-Posten montrent qu'ils sont des journalistes qui connaissent mal leur sujet. Leurs messages sur le Prophète sont non seulement des faux, mais ils sont des faux dangereux. Les publications françaises qui ont cru assumer leur liberté d'expression en reproduisant ces faux, contraires à leur propre déontologie, ont réussi leurs opérations commerciales, mais elles ont réduit leur seuil de responsabilité. C'est pourquoi nous pensons que leur choix est une goutte de trop dans le vase des actes islamophobes ou facilitateurs d'islamophobie en France.
La désapprobation exprimée par les musulmans de France n'est pas un acte de bigoterie. Mais elle traduit leur sentiment face à un danger qui les menace. Car, dans notre pays, il s'est installé un discours culturaliste à l'endroit des citoyens musulmans. Un discours parfois innocent, voire naïf, mais qui n'en fait pas moins un discours où vogue l'islamophobie.
Il y a peu, ce discours se déployait par des allusions et des non-dits. Aujourd'hui, le discours islamophobe peut s'entendre librement et sans ambiguïté. L'importation en France, de la polémique des caricatures, née au Danemark, nous montre donc qu'un cran nouveau a été franchi. Comme à la veille de la seconde guerre mondiale, certains pensent trouver la solution à leurs problèmes en trouvant un bouc émissaire. Il y a à croire que le bouc émissaire est tout désigné. Prenons garde pendant qu'il est encore temps. Prenons garde à ce que l'histoire ne se répète, une fois de plus, sous le prétexte de la liberté d'expression.
Nous refusons de souscrire à cette approche. Car la liberté d'expression est une valeur que nous réclamons et à laquelle nous sommes fortement attachés. Elle constitue le socle de nos sociétés démocratiques et pluralistes tant qu'elle rend possible le dialogue et tant qu'elle permet les confrontations nécessaires entre les différentes sensibilités d'une même société. Nous tenons fermement à la liberté d'expression car nous la jugeons indispensable à l'équilibre de la société multiculturelle qui est la nôtre. Et justement parce qu'elle est essentielle dans le dispositif qui crée l'équilibre de notre société, la liberté d'expression ne va pas sans responsabilité.
Au sein d'une équipe de rédaction, un caricaturiste n'est pas qu'un dessinateur, il est un journaliste à part entière. A ce titre, il engage sa responsabilité au même titre qu'un reporter engage sa responsabilité en rendant compte d'un événement. Il est ainsi aujourd'hui convenu que l'on ne peut ni publier ni tenir des propos antisémites et révisionnistes. Par respect pour notre mémoire commune, par crainte de réveiller les vieux démons qui ont rendus possible le massacre de millions d'individus, au seul motif qu'ils étaient juifs. La loi Gayssot veille. Et c'est tant mieux. Car elle nous met à l'abri de passions susceptibles de mettre en péril le pacte social et capables de produire du ressentiment, véritable acide pour le vivre ensemble.
Les intégristes de la liberté d'expression, ceux-là même qui prônent une liberté d'expression totale et sans condition aucune doivent donc comprendre que dans une telle configuration l'usage irresponsable de la liberté d'expression serait, de par son propre fait, mise en danger. Cela nous mènerait vers une société de chaos. Et chacun comprend dès lors combien il est nécessaire de limiter la liberté d'expression, fusse-t-il par une loi, dans le souci de maintenir la cohésion sociale.
Dans le cas présent, en nourrissant des amalgames entre islam et terrorisme, les caricaturistes du Jyllens-Posten montrent qu'ils sont des journalistes qui connaissent mal leur sujet. Leurs messages sur le Prophète sont non seulement des faux, mais ils sont des faux dangereux. Les publications françaises qui ont cru assumer leur liberté d'expression en reproduisant ces faux, contraires à leur propre déontologie, ont réussi leurs opérations commerciales, mais elles ont réduit leur seuil de responsabilité. C'est pourquoi nous pensons que leur choix est une goutte de trop dans le vase des actes islamophobes ou facilitateurs d'islamophobie en France.
La désapprobation exprimée par les musulmans de France n'est pas un acte de bigoterie. Mais elle traduit leur sentiment face à un danger qui les menace. Car, dans notre pays, il s'est installé un discours culturaliste à l'endroit des citoyens musulmans. Un discours parfois innocent, voire naïf, mais qui n'en fait pas moins un discours où vogue l'islamophobie.
Il y a peu, ce discours se déployait par des allusions et des non-dits. Aujourd'hui, le discours islamophobe peut s'entendre librement et sans ambiguïté. L'importation en France, de la polémique des caricatures, née au Danemark, nous montre donc qu'un cran nouveau a été franchi. Comme à la veille de la seconde guerre mondiale, certains pensent trouver la solution à leurs problèmes en trouvant un bouc émissaire. Il y a à croire que le bouc émissaire est tout désigné. Prenons garde pendant qu'il est encore temps. Prenons garde à ce que l'histoire ne se répète, une fois de plus, sous le prétexte de la liberté d'expression.