Sur le vif
En période électorale, on tente de prouver aux électeurs que l’islam est une menace pour notre identité culturelle… L’idée n’est pas nouvelle comme l’expose Le rejet français de l’islam – une souffrance républicaine. Écrit par un Belge, Henri Goldman, qui étudie la scène française avec attention mais sans esprit partisan, ce livre retrace l’histoire mouvementée de l’installation d’une nouvelle religion dans une France qui découvre que sa laïcité n’est pas aussi neutre qu’elle l’avait pensé.
Cette approche nous permet de découvrir les ressorts cachés de notre choix entre un pluralisme que l’on accepte et un autre que l’on rejette. Si douloureuse que puisse être cette découverte, elle nous permet de chercher avec plus de lucidité les solutions qu’exige notre attachement à la laïcité.
Cette approche nous permet de découvrir les ressorts cachés de notre choix entre un pluralisme que l’on accepte et un autre que l’on rejette. Si douloureuse que puisse être cette découverte, elle nous permet de chercher avec plus de lucidité les solutions qu’exige notre attachement à la laïcité.
Ouvrir des voies de rencontres
Nous ne quittons pas vraiment le sujet avec le livre de Christian Delorme, L’islam que j’aime, l’islam qui m’inquiète. On ne présente plus l’auteur, prêtre du diocèse de Lyon, en contact avec les banlieues lyonnaises où il noue des amitiés avec les jeunes issus de l’immigration et prend part, en 1983, à la Marche pour l’égalité des droits et contre le racisme. Le journaliste Antoine d’Abbundo qui l’interroge le conduit à parler de l’islam comme religion, sa doctrine, ses lois, ses divisions.
Cependant, la personnalité de Christian Delorme est telle qu’il n’oublie jamais qu’il a « rencontré les musulmans avant de rencontrer l’islam ». Les réponses qu’il donne, tant sur l’islam que sur les possibilités de dialogue avec les chrétiens, restent donc prégnantes de ces amitiés nouées concrètement avec des personnes. Il reste lucide sur les aspects positifs et sur les dérives inquiétantes de certains. Mais son objectif reste celui de nous ouvrir des voies de rencontres. Difficile ? « Nous y arriverons ! », conclut-il.
Cependant, la personnalité de Christian Delorme est telle qu’il n’oublie jamais qu’il a « rencontré les musulmans avant de rencontrer l’islam ». Les réponses qu’il donne, tant sur l’islam que sur les possibilités de dialogue avec les chrétiens, restent donc prégnantes de ces amitiés nouées concrètement avec des personnes. Il reste lucide sur les aspects positifs et sur les dérives inquiétantes de certains. Mais son objectif reste celui de nous ouvrir des voies de rencontres. Difficile ? « Nous y arriverons ! », conclut-il.
La construction humaine de l'islam
C’est une tout autre perspective que nous ouvre le livre de Mohammed Arkoun, La Construction humaine de l’islam, ouvrage d'entretiens avec Rachid Benzine et Jean-Louis Schlegel. Disparu en 2010, Mohammed Arkoun, titulaire de la chaire d’histoire de la pensée islamique à la Sorbonne, a été l’un des grands penseurs de l’islam dans une perspective moderniste.
L’ouvrage commence sur son enfance de petit Kabyle, qui poursuit ses études jusqu’à devenir un des professeurs les plus éminents de l’université. L’auteur parle familièrement, puis adopte un langage de plus en plus technique pour nous expliquer son thème favori : il veut faire comprendre aux musulmans et surtout à leurs maîtres à penser qu’il est capital de voir comment une prédication orale – acceptée comme parole divine – subit un changement de statut quand elle est colligée par une commission humaine et publiée sous forme de livre sur l’ordre du pouvoir politique.
Ensuite commence la structuration de cet enseignement en doctrine officielle et en lois humaines, où les savants de l’époque interposent le filtre de leurs pensées personnelles… Mohammed Arkoun préconise donc un travail de déconstruction pour distinguer le message permanent des filtres successifs qui ne doivent pas prétendre à une validité éternelle. Au terme de cet ouvrage, l’auteur nous confie qu’il quitte cette vie sur une impression d’échec.
L’ouvrage commence sur son enfance de petit Kabyle, qui poursuit ses études jusqu’à devenir un des professeurs les plus éminents de l’université. L’auteur parle familièrement, puis adopte un langage de plus en plus technique pour nous expliquer son thème favori : il veut faire comprendre aux musulmans et surtout à leurs maîtres à penser qu’il est capital de voir comment une prédication orale – acceptée comme parole divine – subit un changement de statut quand elle est colligée par une commission humaine et publiée sous forme de livre sur l’ordre du pouvoir politique.
Ensuite commence la structuration de cet enseignement en doctrine officielle et en lois humaines, où les savants de l’époque interposent le filtre de leurs pensées personnelles… Mohammed Arkoun préconise donc un travail de déconstruction pour distinguer le message permanent des filtres successifs qui ne doivent pas prétendre à une validité éternelle. Au terme de cet ouvrage, l’auteur nous confie qu’il quitte cette vie sur une impression d’échec.
Relire le Coran
Après ces pages parfois difficiles, on ne sera pas trop désarmé pour aborder ce petit opuscule de Jacques Berque, Relire le Coran. Sa réédition en poche pourrait faire croire à un livre facile. En fait, il s’agit de quatre conférences données par l’éminent professeur après la fin de sa carrière et peu avant sa mort. Ces leçons ont été données à l’Institut du monde arabe à un public choisi, familier du sujet qu’il traite.
En un langage concis et dense, l’auteur présente le style, l’organisation et le contenu du Coran. Au travers de ces pages, il nous fait clairement sentir sa sympathie pour ce texte dont il nous a offert une traduction inoubliable. Cependant, on ne lit pas ce livre sans peine, si l’on n’est pas rompu au langage académique.
Le rejet français de l'islam – une souffrance républicaine, d'Henri Goldman, Puf, 200 p., 14 €
L'islam que j'aime, l'islam qui m'inquiète, de Christian Delorme, Bayard, 245 p., 17,50 €
La Construction humaine de l'islam, de Mohammed Arkoun, Albin Michel, 222 p., 18 €
Relire le Coran, de Jacques Berque, Albin Michel, 1993, rééd. 2012, 140 p., 6,50 €
En un langage concis et dense, l’auteur présente le style, l’organisation et le contenu du Coran. Au travers de ces pages, il nous fait clairement sentir sa sympathie pour ce texte dont il nous a offert une traduction inoubliable. Cependant, on ne lit pas ce livre sans peine, si l’on n’est pas rompu au langage académique.
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