« Dieu est brésilien », dit un dicton populaire local. Ce qui est certain, c’est que les habitants de la 7e puissance économique mondiale sont profondément ancrés dans la foi, malgré l’image de pays très libéré qu’il affiche. S’il reste le premier pays catholique au monde, le nombre de ses adeptes décline inexorablement depuis les années 1980, au profit d’autres branches du christianisme. Le pluralisme religieux a droit de cité et les affiliations fluctuent au gré des périodes. C'est dans ce cadre que l’islam s'ancre doucement dans le paysage local.
Cette religion affiche une belle progression d'adeptes depuis les années 2000, sans pour autant connaître l’explosion annoncée par les médias au tournant des années 2010. De quelle population parle-t-on exactement ? Difficile à dire. Selon le recensement officiel brésilien de 2010, il y aurait 35 167 musulmans dans le pays mais les organisations musulmanes brésiliennes déclarent la présence de 1,5, voire 2 ou même 3 millions de fidèles. S'il est probable que les chiffres du recensement soient sous-estimés, les gens hésitant parfois à révéler leur conversion, ceux des instances musulmanes, basés sur des estimations, sont aussi à prendre avec précaution.
La communauté fait l’objet de peu d’études mais des spécialistes des religions au Brésil estiment le nombre de musulmans autour de 200 000 à 300 000 au regard notamment des quelque 120 mosquées et salles de prière recensées. Leur nombre représente en effet le meilleur indicateur de la progression de l’islam au Brésil. On en comptait une trentaine en l’an 2000 : leur nombre aurait donc été multiplié par 4 ces dernières années.
Cette religion affiche une belle progression d'adeptes depuis les années 2000, sans pour autant connaître l’explosion annoncée par les médias au tournant des années 2010. De quelle population parle-t-on exactement ? Difficile à dire. Selon le recensement officiel brésilien de 2010, il y aurait 35 167 musulmans dans le pays mais les organisations musulmanes brésiliennes déclarent la présence de 1,5, voire 2 ou même 3 millions de fidèles. S'il est probable que les chiffres du recensement soient sous-estimés, les gens hésitant parfois à révéler leur conversion, ceux des instances musulmanes, basés sur des estimations, sont aussi à prendre avec précaution.
La communauté fait l’objet de peu d’études mais des spécialistes des religions au Brésil estiment le nombre de musulmans autour de 200 000 à 300 000 au regard notamment des quelque 120 mosquées et salles de prière recensées. Leur nombre représente en effet le meilleur indicateur de la progression de l’islam au Brésil. On en comptait une trentaine en l’an 2000 : leur nombre aurait donc été multiplié par 4 ces dernières années.
Hip-hop, favelas et telenovela
Quel que soit le chiffre retenu, la proportion des musulmans reste bien modeste au regard d'une population forte de 201 millions d’habitants. Si elle est difficilement chiffrable, la part des convertis augmente depuis les années 2000. La médiatisation de l’islam après le 11-Septembre a attiré des Brésiliens dont le sentiment de marginalité est important. Pour certains, l’islam est une religion anticonformiste et originale.
C’est majoritairement le fait de jeunes Afro-Brésiliens. Ils ne se sont jamais vraiment reconnus dans le catholicisme, avec un Jésus toujours représenté en Blanc, et le mutisme de l’Eglise à l’époque de l’esclavage africain. Les églises évangéliques, qui se sont multipliées à partir des années 1980, n’avaient rien non plus d’attrayant pour de jeunes Noirs en quête de repères.
Pour les convertis, l’islam, par le changement des comportements, est perçu comme une solution aux problèmes des favelas et des banlieues, et le Coran comme une réponse à leurs difficultés quotidiennes (mauvais traitements de la police, violences liées à la drogue, difficultés d’accès à la santé et à l’éducation), objets de manifestations à répétition avant la Coupe du monde. Le mouvement hip-hop semble avoir aussi eu une influence. Des rappeurs convertis ont à leur tour contribué à faire connaître l’islam, en le mêlant aux revendications des Afro-Brésiliens.
C’est majoritairement le fait de jeunes Afro-Brésiliens. Ils ne se sont jamais vraiment reconnus dans le catholicisme, avec un Jésus toujours représenté en Blanc, et le mutisme de l’Eglise à l’époque de l’esclavage africain. Les églises évangéliques, qui se sont multipliées à partir des années 1980, n’avaient rien non plus d’attrayant pour de jeunes Noirs en quête de repères.
Pour les convertis, l’islam, par le changement des comportements, est perçu comme une solution aux problèmes des favelas et des banlieues, et le Coran comme une réponse à leurs difficultés quotidiennes (mauvais traitements de la police, violences liées à la drogue, difficultés d’accès à la santé et à l’éducation), objets de manifestations à répétition avant la Coupe du monde. Le mouvement hip-hop semble avoir aussi eu une influence. Des rappeurs convertis ont à leur tour contribué à faire connaître l’islam, en le mêlant aux revendications des Afro-Brésiliens.
La mosquée de Foz do Iguacu.
Une réponse à leurs difficultés
Un anthropologue brésilien, Paulo Gabriel Hilu da Rocha Pinto, a aussi souligné en 2011 l’influence d’une telenovela à succès, O Clone, dans la popularisation de l’islam. Initialement programmée en 2001 et en 2002, elle a « introduit dans l’imaginaire culturel brésilien des images très positives des musulmans ». Caricatural à souhait, le feuilleton a éveillé la curiosité pour cette religion exotique.
Le rôle des associations musulmanes est à souligner. Elles sont financièrement très solides : ce sont elles qui gèrent la certification halal. Le Brésil est par ailleurs le premier exportateur mondial de poulets halal. Ces dernières années, des associations ont entrepris le même travail de fond que les églises évangéliques ont mené à la fin du XXe siècle. Elles apportent de l’aide financière et matérielle aux familles pauvres, offrent des services en matière d’éducation ou de santé, et fidélisent les populations par ce biais.
Le rôle des associations musulmanes est à souligner. Elles sont financièrement très solides : ce sont elles qui gèrent la certification halal. Le Brésil est par ailleurs le premier exportateur mondial de poulets halal. Ces dernières années, des associations ont entrepris le même travail de fond que les églises évangéliques ont mené à la fin du XXe siècle. Elles apportent de l’aide financière et matérielle aux familles pauvres, offrent des services en matière d’éducation ou de santé, et fidélisent les populations par ce biais.
Une présence multiséculaire
Les conversions changent le visage d’une religion auparavant identifiée avec les descendants d’Arabes, appartenant souvent à une classe sociale élevée. Il y a encore une dizaine d’années, la majorité des musulmans était d’origine proche-orientale mais ces derniers se sont très souvent complètement intégrés à la culture brésilienne.
A Sao Paulo, on trouve une des plus importantes et des plus anciennes communautés musulmanes. De nombreux Syriens et Libanais se sont installés dans la capitale économique à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle. Ils étaient alors baptisés « Turcos » par les Brésiliens en raison de leurs passeports de l’Empire ottoman. D’autres migrants du Moyen-Orient se sont installés après la Seconde Guerre mondiale.
A Sao Paulo, on trouve une des plus importantes et des plus anciennes communautés musulmanes. De nombreux Syriens et Libanais se sont installés dans la capitale économique à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle. Ils étaient alors baptisés « Turcos » par les Brésiliens en raison de leurs passeports de l’Empire ottoman. D’autres migrants du Moyen-Orient se sont installés après la Seconde Guerre mondiale.
Aux origines de l'islam au Brésil
Mais les tout premiers pratiquants de l’islam étaient d'abord des esclaves importés d’Afrique de l’Ouest à partir du milieu du XVIe siècle. On les appelait les Malés et les Muçulmis. Les spécialistes estiment que 15 % des esclaves arrivés au Brésil étaient originaires de pays majoritairement musulmans, une proportion vraisemblablement plus importante que dans d'autres pays du continent américain.
Au début du XIXe siècle, ils se rebellèrent à plusieurs reprises. La révolte des Malés, la plus importante révolte d’esclaves au Brésil, a éclaté pendant le mois de Ramadan dans la nuit du 24 janvier 1835, à Salvador de Bahia. La répression a été sanglante. Après la révolte, les autorités ont surveillé de près les Malés et ont déployé d’intenses efforts pour les amener à se convertir au catholicisme et ainsi effacer l’islam des mémoires collectives. En vain. Près de 200 ans plus tard, l’islam est toujours présent et plus fort sans les chaînes de l'esclavage d'antan.
Au début du XIXe siècle, ils se rebellèrent à plusieurs reprises. La révolte des Malés, la plus importante révolte d’esclaves au Brésil, a éclaté pendant le mois de Ramadan dans la nuit du 24 janvier 1835, à Salvador de Bahia. La répression a été sanglante. Après la révolte, les autorités ont surveillé de près les Malés et ont déployé d’intenses efforts pour les amener à se convertir au catholicisme et ainsi effacer l’islam des mémoires collectives. En vain. Près de 200 ans plus tard, l’islam est toujours présent et plus fort sans les chaînes de l'esclavage d'antan.
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