Christian Delorme est prêtre, Rachid Benzine est un universitaire. Un musulman qui taquine les données traditionnelles avec son appel persistant à « historiciser » le Coran pour en comprendre le message.
Entre lui et le père Delorme, une amitié complice qui, il y a vingt ans, a donné Chrétiens, musulmans, nous avons tant de choses à nous dire (Albin Michel, 1997). À l’époque, ils avaient fait de leurs différences une richesse. Ce principe n’a pas pris une ride.
Entre lui et le père Delorme, une amitié complice qui, il y a vingt ans, a donné Chrétiens, musulmans, nous avons tant de choses à nous dire (Albin Michel, 1997). À l’époque, ils avaient fait de leurs différences une richesse. Ce principe n’a pas pris une ride.
Un bilan d’étape pour comprendre d’où nous venons
Dans La République, l’Église et l’islam, les deux amis font preuve d’un équilibre rare sur un sujet qui se prête au parti pris. Sans complaisance ni faux semblant, ils naviguent entre le passé et l’actualité, convoquant l’un pour donner du sens à l’autre. Les faits marquants de notre Histoire sont passés au crible : bref rappel d’un évènement, un commentaire, une analyse, puis voilà qu’un aspect implicite s’impose comme évidence. Ces évidences informulées fleurissent régulièrement tout au long des 190 pages de ce livre.
Au fil des évènements, la convocation du passé pour le confronter au présent dresse au lecteur une courbe d’évolution des interactions entre la République et ses croyants, musulmans, juifs et chrétiens, etc. La France, première puissance démographique musulmane d’Europe est aussi la première puissance démographique juive d’Europe. Cette France révolutionnaire n’est-elle pas aussi la « fille aînée de l’Église » ? Ces données éparses, sans rapport apparent, ont chacune une histoire que les remous de l’actualité ont tendance à nous faire oublier. La République, l’Église et l’islam dresse comme un bilan d’étape pour comprendre d’où nous venons.
Au fil des évènements, la convocation du passé pour le confronter au présent dresse au lecteur une courbe d’évolution des interactions entre la République et ses croyants, musulmans, juifs et chrétiens, etc. La France, première puissance démographique musulmane d’Europe est aussi la première puissance démographique juive d’Europe. Cette France révolutionnaire n’est-elle pas aussi la « fille aînée de l’Église » ? Ces données éparses, sans rapport apparent, ont chacune une histoire que les remous de l’actualité ont tendance à nous faire oublier. La République, l’Église et l’islam dresse comme un bilan d’étape pour comprendre d’où nous venons.
Non, l’Église de France n’a pas toujours été partenaire de la République ! Non, la République n’a pas toujours été anticléricale. Le juif n’a pas toujours été protégé par la République. Le musulman n’a pas toujours été perçu en ennemi de la République. Et la sacro-sainte liberté de conscience et son pendant d’égalité citoyenne ne sont pas tombés naturellement dans le credo de la République. Ils y ont été gravés à coup de combats, des luttes souvent sanglantes tout comme la fraternité républicaine si souvent décriée.
D’une trêve à l’autre, d’une guerre à l’autre, la République, l’Église et l’islam ont tissé des rapports qui n’ont cessé d’évoluer selon une cohérence propre à la France, ses peuples, ses ambitions et son Histoire. La place de la foi dans ce pays, sa marche vers la laïcité, son passé de puissance coloniale, etc. : les astreintes du présent ne sauraient affranchir du poids d’un passé aussi chargé et pas facile à assumer.
D’une trêve à l’autre, d’une guerre à l’autre, la République, l’Église et l’islam ont tissé des rapports qui n’ont cessé d’évoluer selon une cohérence propre à la France, ses peuples, ses ambitions et son Histoire. La place de la foi dans ce pays, sa marche vers la laïcité, son passé de puissance coloniale, etc. : les astreintes du présent ne sauraient affranchir du poids d’un passé aussi chargé et pas facile à assumer.
Une France appelée à avancer
Pour autant, l’avenir des générations actuelles ne peut être assujetti au passé de leurs grands-parents. Pour les auteurs, « le souvenir des violences de masse qui ont fait partie de l’Histoire de France est important si nous avons le souci de comprendre par quels mécanismes celles-ci ont pu se produire, afin de prévenir leur répétition ». Ce souci, exprimé en page 142, est pris en compte dans leur approche. Il donne au livre un charme qui habille les informations de sagesse et enveloppe les analyses de leçons.
Le P. Christian Delorme et Rachid Benzine, le chrétien et le musulman, nous invitent à regarder la France sous un angle plus arrondi. Une République dont l’identité est « autant son histoire monarchique que son histoire révolutionnaire, son histoire coloniale que celle des mouvements anticolonialistes, son histoire chrétienne que celle de ses courants anticléricaux... ».
Les auteurs montrent combien ce pays a « su concilier catholiques et protestants qui se déchiraient dans des “guerres de religion” ou, plus tard, “royalistes” et “républicains” ». Aujourd’hui, cette France est appelée à avancer avec des « descendants des colonisés et descendants des colonisateurs, descendants des esclaves et descendants des profiteurs de l’esclavage, juifs et musulmans, chrétiens et francs-maçons », etc.
La tâche n’est donc pas facile mais « impossible n’est pas français ». Christian Delorme et Rachid Benzine en sont convaincus. Ils le montrent dans l’épilogue de leur livre sous le titre : « Nous ne réussirons qu’ensemble. »
Le P. Christian Delorme et Rachid Benzine, le chrétien et le musulman, nous invitent à regarder la France sous un angle plus arrondi. Une République dont l’identité est « autant son histoire monarchique que son histoire révolutionnaire, son histoire coloniale que celle des mouvements anticolonialistes, son histoire chrétienne que celle de ses courants anticléricaux... ».
Les auteurs montrent combien ce pays a « su concilier catholiques et protestants qui se déchiraient dans des “guerres de religion” ou, plus tard, “royalistes” et “républicains” ». Aujourd’hui, cette France est appelée à avancer avec des « descendants des colonisés et descendants des colonisateurs, descendants des esclaves et descendants des profiteurs de l’esclavage, juifs et musulmans, chrétiens et francs-maçons », etc.
La tâche n’est donc pas facile mais « impossible n’est pas français ». Christian Delorme et Rachid Benzine en sont convaincus. Ils le montrent dans l’épilogue de leur livre sous le titre : « Nous ne réussirons qu’ensemble. »
Rachid Benzine et Christian Delorme, La République, l’Église et l’islam. Une révolution française, Bayard, mars 2016, 192 p., 16,90 €.
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